Sharjah juste un peu flou
Chaque année depuis cinq ans, je parcours la ville de Sharjah aux Émirats Arabes Unis, en marge du festival des lumières, le « Sharjah Light Festival », que je couvres la nuit pour les besoins de la production.
Sharjah est un petit émirat voisin de celui du grand Dubaï, est celui dont j'essaie d'esquisser les bords. C'est l'un des cinq Emirats participant à la fondation des Emirats Arabes Unis en 1971. Il est aussi orienté vers la culture, l'histoire et le patrimoine islamique (quelques forteresses dans la vieille ville et à travers le pays permettent de revendiquer leur histoire).
Nous sommes en février, la lumière est déjà très blanche au zénith, et chaudement colorée la nuit tombante. Je me faufile entre les immeubles, les espace-parkings sablonneux et et j'y découvre les quartiers de la diaspora afghane, pakistanaise et bengalie. Au détour de grands boulevards, le Lagon, ses jets d'eau et le spectacle sons-et-lumières !
Les rues m'offrent aussi le spectacle pendulaire des hommes du bâtiment dans les transports en commun, ou les allers et venues autour des écoles et des bus scolaires privés qui sillonnent la ville.
L'univers est donc familial, des parents heureux aux traits tirés, jouant avec leurs enfants, l'unique jour de repos hebdomadaire sur les pelouses du lagon.
Sharjah est aussi traditionaliste, loin des clichés de Dubaï ou d'Ajman voisins. Ici, il n'est pas question de boire une bière en terrasse ou même chez soi, l'alcool est prohibé.
J'utilise pour ressentir la ville un sténopé numérique. Le sténopé est un appareil photo très simple qui permet d?obtenir une image en laissant passer la lumière à travers un minuscule trou servant d'objectif. J'ai choisis d'apporter un bouchon sténopé sur mon boitier numérique. Associer un sténopé et un appareil photo numérique peut être considéré comme un anachronisme, mais ce paradoxe historique permet de rapprocher la photographie de la peinture en obtenant le rendu très particulier d?une photo techniquement nette avec moins de détails, moins de piqué, atténué d'un coup de pinceau.