Boréal Express
Voyage hivernal en famille et en train, pour des raisons de slow travel et de bilan carbone, sur près de 4000 km à travers l'Europe du Nord, de Nantes, dans l'ouest de la France, aux îles Lofoten, dans le nord de la Norvège.
En 2024, Libé titrait "Arrêter de prendre l'avion : un problème de riche mais un problème quand même". 80% de la population mondiale n'a jamais pris l'avion, et chaque année, à peine 10% le prennent (30% en France). L'avion représente pourtant 2,5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, et 5% du réchauffement climatique, en prenant en compte notamment l'effet des traînées de condensation ; et seulement 1% de la population mondiale est responsable de la moitié de ces effets. Toute personne suffisamment riche pour voyager pour son plaisir devrait se sentir concernée par un enjeu de taille : repenser notre rapport au voyage et favoriser des modes de transport qui détruisent le moins possible le monde qu'ils nous permettent de découvrir. Sur le parcours Nantes - Narvik, l'empreinte carbone du train est plus de 50 fois inférieure à celle de l'avion.
Mais on n’arrivera pas à installer des changements massifs de modes de vie sans créer du désirable. Choisir le train plutôt que l’avion pour voyager sur de longues distances, on commence par en voir les contraintes : ça paraît plus compliqué car si peu est fait pour favoriser le train ; c’est long, et c’est souvent au moins aussi cher. Mais alors, le voyage commence à notre porte, les reliefs, la végétation et les langues changent progressivement, on s'arrête dans des lieux qu'on n'aurait pas visités autrement, et le train de nuit suffit aux enfants pour en faire une aventure. Et surtout, la lenteur redonne ses vraies proportions au voyage. Elle donne le temps d’anticiper, de savourer les heures avant l’arrivée, qui deviennent l’objectif autant que la destination. Elle décuple le sens du voyage et l’enthousiasme. En fait, elle refait du touriste un voyageur. Et tout ça, ce ne sont pas des contraintes ; c’est désirable. Et ce qui est désirable peut transformer la société.
Boreal-Express
A family winter trip by train, for reasons of slow travel and carbon footprint, over almost 4,000 km across northern Europe, from Nantes in western France to the Lofoten Islands in northern Norway.
In 2024, Libé ran the headline ‘Stop flying: a problem for the rich, but a problem nonetheless’. 80% of the world's population has never taken a plane, and each year barely 10% do (30% in France). Yet air travel accounts for 2.5% of the world's greenhouse gas emissions, and 5% of global warming, including the effect of condensation trails amongst others. And only 1% of the world's population is responsible for half of these effects. Anyone rich enough to travel for pleasure should be concerned by a major issue: rethinking our relationship with travel and favouring modes of transport that destroy as little as possible of the world they enable us to discover. On the Nantes - Narvik route, the carbon footprint of the train is more than 50 times smaller than that of the plane.
But we won't be able to bring about massive changes in lifestyles without creating something desirable. Choosing the rail over flying for long-distance travel starts with the constraints: it seems more complicated because so little is done to encourage train travel; it's long, and it's often at least as expensive. But then the journey begins on our doorstep, the landforms, vegetation and languages gradually change, we stop off in places we wouldn't have visited otherwise, and the night train is enough for children to make it an adventure. Above all, the slowness of the journey gives it its true proportions. It gives you time to anticipate, to savour the hours before arrival, which become the goal as much as the destination. It increases the sense of travel and enthusiasm tenfold. In fact, it turns the tourist back into a traveller. And all these things are not constraints; they are desirable. And what is desirable can transform society.