Les sentiers de l'Olympe
« ... Elle a 15 ans, elle est venue continuer ses études, comme l’ont fait avant elle plusieurs parents. L’appareil photo est son premier allié dans la conquête du monde extérieur. Par son entremise, elle va apprivoiser l’Autre. Tout le travail de Mehrak rend hommage à cet Autre, à la fois le semblable et le différent. Elle tisse des fils invisibles entre des réels apparemment contradictoires... ... Laura Flessel incarne une image de cet humanisme : à la fois l’Autre qui fascine (sportive, escrimeuse), et la sœur (une femme qui se bat). D’abord, le corps de la jeune femme assise sur un banc de vestiaire ou de touche, jambes écartées, chaussettes remontées aux genoux. Sa peau noire. Son sourire franc. Son corset blanc, rigide, aux seins proéminents, ses coudes appuyés sur les genoux, superbe, intouchable, dessinée à la PAO. Ensuite, ce même corps dérobé à la vue par la tenue épaisse, blanc crème, de combat, ce visage masqué, grillagé, impénétrable, sans sexe, cette arme comme un prolongement de sa chair, puisqu’il n’y aura pas, en escrime, de corps à corps. Des cadres, formes carrées, rectangulaires, difficiles à identifier, sortes de sas interposés entre elle et nous, le spectateur, tenu à distance. Laura Flessel est une extraterrestre, elle n’évolue pas dans le monde commun. J’aime cette photo saturée de blanc où une silhouette masquée traverse l’espace, cosmonaute flottant au-dessus du sol. Laura Flessel, réduite à une ombre chinoise dans un coin de la photo, se meut sur une planète inaccessible. Mais elle est à nouveau la semblable, la sœur, avec ce cliché de masque et d’épée isolés de leur contexte ; en attente ; au repos ; détachés de son corps, qui redevient, comme le nôtre, de chair. » © Valentine GOBY
Les sentiers de l'Olympe
« ... Elle a 15 ans, elle est venue continuer ses études, comme l’ont fait avant elle plusieurs parents. L’appareil photo est son premier allié dans la conquête du monde extérieur. Par son entremise, elle va apprivoiser l’Autre. Tout le travail de Mehrak rend hommage à cet Autre, à la fois le semblable et le différent. Elle tisse des fils invisibles entre des réels apparemment contradictoires... ... Laura Flessel incarne une image de cet humanisme : à la fois l’Autre qui fascine (sportive, escrimeuse), et la sœur (une femme qui se bat). D’abord, le corps de la jeune femme assise sur un banc de vestiaire ou de touche, jambes écartées, chaussettes remontées aux genoux. Sa peau noire. Son sourire franc. Son corset blanc, rigide, aux seins proéminents, ses coudes appuyés sur les genoux, superbe, intouchable, dessinée à la PAO. Ensuite, ce même corps dérobé à la vue par la tenue épaisse, blanc crème, de combat, ce visage masqué, grillagé, impénétrable, sans sexe, cette arme comme un prolongement de sa chair, puisqu’il n’y aura pas, en escrime, de corps à corps. Des cadres, formes carrées, rectangulaires, difficiles à identifier, sortes de sas interposés entre elle et nous, le spectateur, tenu à distance. Laura Flessel est une extraterrestre, elle n’évolue pas dans le monde commun. J’aime cette photo saturée de blanc où une silhouette masquée traverse l’espace, cosmonaute flottant au-dessus du sol. Laura Flessel, réduite à une ombre chinoise dans un coin de la photo, se meut sur une planète inaccessible. Mais elle est à nouveau la semblable, la sœur, avec ce cliché de masque et d’épée isolés de leur contexte ; en attente ; au repos ; détachés de son corps, qui redevient, comme le nôtre, de chair. » © Valentine GOBY