Mali: a future for water people sons
Série issue du reportage "Le peuple de l'Eau Brune" autour de la communauté bozo paru en Avril 2022 chez Sphères Magazine.
Le soleil se lève à peine sur le fleuve Niger dans un des villages bozos de Bamako et déjà des dizaines de petits corps se trémoussent dans leurs uniformes jaunes et bleus. C'est jour d'école pour les fils et les filles du Peuple de l'Eau.
Gourde qui pendouille, cartable dans le dos, ils sont parés pour la journée. L'école est à quelques minutes du campement. Le côté exaltant: elle se trouve sur une île, on y accède en pirogue: c'est leur bus jaune à eux. De 4 à 15 ans, à chacun sa manière de grimper dans cette grande barque en bois sur laquelle on peut lire « KARAMA 2017 ». Certains se hissent, d'autres enjambent, mais dans leurs yeux vit la même lumière.
L'association Karama a été crée en 2017 par un groupe d'enseignants maliens/français. Leur mission: accompagner les enfants des campements de pêcheurs bozos par l'éducation et l'ouverture au monde. Trois des cinq enseignants sont issus de l'IFM (Institut de Formation des Maitres) et les deux autres sont des assistants scolaires. Ajoutons nos deux piroguiers, le gardien et la responsable du ménage. Depuis Juin 2022, ce centre d'apprentissage est officiellement devenu une école publique, qui suit le programme officiel de l'éducation nationale malienne.
Après quelques minutes de glisse, on est arrivé. L'un après l'autre, les enfants sautent de la proue comme une petite armée débarquerait sur une plage. Ils sont prêts à en découdre. Fiers de faire partie d'un tout, ils font vaciller leur gourde en l'air pour exprimer leur joie. A peine le pied posé sur l'île et ils se précipitent vers l'entrée de leur lieu préféré. 214 enfants sont aujourd'hui scolarisés sur cette île, soient cinq classes différentes et le programme lui aussi, est réjouissant.
C'est une pédagogie active que l'on découvre dès notre arrivée: en plus des matières générales, les enfants sont sensibilisés à la protection de l'environnement, plus particulièrement à celle du fleuve. Les enseignants n'oublient pas non plus la transmission des savoirs locaux, qui, avec le temps, étaient voués à disparaître. Les loisirs ici s'inscrivent toujours dans une démarche éducative: il existe un jardin pédagogique, des cours de poterie car le Mali est une terre d'argile. Il y a aussi la danse, mélange entre traditions et expression corporelle: « nous souhaitons qu'ils dansent leurs vies, ce qu'ils vivent au quotidien » nous explique la coordinatrice du projet associatif KARAMA.
Cette année, le nouveau projet est une ferme pédagogique où les enfants élèveront des moutons, poulets et poissons. Une belle initiative, utile pour les enfants, et qui donnera encore un peu plus d'autonomie à cette école, l'argent récolté pouvant servir à l'achat de nouvelles fournitures scolaires, d'essence pour les pirogues ou à des réparations diverses.
Le peuple Bozo est un peuple semi-nomade qui vit essentiellement de la pêche, dont les enfants n'avaient jusqu'ici pas accès à l'instruction publique. Souvent abandonnés à leur sort, en malnutrition, l'initiative Karama leur promet un avenir, les éduque, les responsabilise face aux enjeux environnementaux et leur permet de préserver leur culture. Dans un Mali subissant conflits intercommunautaires et actes terroristes, cette école est vrai lieu d'éclosion pour ces enfants qui n'attendent qu'une main tendue pour entreprendre.
Mali: a future for water people sons
Series from the report "Le peuple de l'Eau Brune" about the Bozo community published in April 2022 by Sphères Magazine.
The sun is just rising on the Niger River in one of the Bozo villages of Bamako and already dozens of little bodies are wiggling in their yellow and blue uniforms. It is a school day for the sons and daughters of the Water People.
With their water bottles dangling and their school bags slung over their backs, they are ready for the day. The school is only a few minutes away from the camp. The exciting part: it is on an island, you can get there by dugout canoe, it's their own yellow bus. From 4 to 15 years old, each one climbs into this big wooden boat on which one can read "KARAMA 2017". Some climb, others straddle, but in their eyes lives the same light.
The Karama association was created in 2017 by a group of Malian/French teachers. Their mission: to accompany the children of the Bozo fishing camps through education and openness to the world. Three of the five teachers are from the IFM (Institut de Formation des Maitres) and the other two are school assistants. We also have two boatmen, a caretaker and a cleaning lady. Since June 2022, this learning centre has officially become a public school, which follows the official Malian national education programme.
After a few minutes of sliding, we arrived. One after the other, the children jump off the bow like a small army landing on a beach. They are ready to fight. Proud to be part of a whole, they swing their water bottles in the air to express their joy. As soon as they set foot on the island, they rush to the entrance of their favourite place. Today, 214 children are enrolled on the island, in 5 different classes, and the programme is also very enjoyable.
On arrival, they discover an active pedagogy: in addition to the general subjects, the children are made aware of environmental protection, particularly that of the river. The teachers also do not forget the transmission of local knowledge, which, with time, was destined to disappear. Leisure activities here are always part of an educational approach: there is an educational garden, pottery classes because Mali is a land of clay. There is also dancing, a mixture of tradition and physical expression. "We want them to dance their lives, what they live every day," explains the coordinator of the KARAMA project.
This year, the new project is an educational farm where the children will raise sheep, chickens and fish. A great initiative, useful for the children, and which will give this school a little more autonomy, as the money collected can be used to buy new school supplies, petrol for the dugout canoes or for various repairs.
The Bozo people are a semi-nomadic people who live mainly from fishing, whose children have not had access to public education until now. Often abandoned to their fate and malnourished, the Karama initiative promises them a future, educates them, makes them aware of environmental issues and enables them to preserve their culture. In a Mali that is suffering from inter-community conflicts and terrorism, this school is a real place of blossoming for these children who are just waiting for a helping hand to undertake.