Les victimes du scandale des "bébés robados" en Espagne luttent contre l'oubli
Après des décennies de déni, l'Espagne s'apprête à affronter l'un de ses pires démons : les vols d'enfants. Héritée du franquisme et de sa paranoïa anti-communiste, cette pratique a survécu au dictateur mort en 1975. Et dans l'Espagne d'aujourd'hui, des milliers des personnes cherchent encore leurs parents biologiques.
Fin février 2016 , une cour d'instruction de Madrid a ouvert le premier procès d'un des responsables de ce trafic d'enfants, le Dr Edouardo Vela, un gynécologue qui a longtemps dirigé une clinique de Madrid. Dans ce procès inédit en Espagne, Inès Madrigal est la seule plaignante. Elle seule a pu réunir des pièces à conviction infaillibles contre le gynécologue.
************************
« Donde estan nuestros ninos ? » ("Où sont nos enfants?") Les mères espagnoles qui scandent ce cri du coeur, le 1er mai 2016 à Madrid, portent toutes un écriteau où est indiqué le jour de la naissance et le nom de la maternité où est né l'enfant qu'elles recherchent.
Pour la première fois depuis des années, les associations de victimes des vols de bébés ont retrouvé un semblant d'espoir avec le passage, le 5 avril dernier, d'une proposition de loi prévoyant des mesures pour les aider dans leurs recherches ainsi que la création par le sénat d?une commission spéciale.
Pour Soledad Luque de l'association Todos los ninos robados son tambien mis ninos (Tous les enfants volés sont aussi mes enfants), cette decision est porteuse d'espoir : C'est la première fois que toutes les forces politiques avancent ensemble dans notre sens.
Débuté sous Franco dans les années 1930, le trafic de bébés s'est poursuivi en Espagne jusque dans les années 1990.
Teresa, elle, est née en 1982. Soustraite à sa mère biologique à sa naissance et adoptée illégalement par un couple qui ne parvenait pas à avoir d'enfant, elle cherche aujourd'hui à se faire reconnaître victime d'un crime.
Malgré l'espoir véhiculé par la proposition de loi, la jeune femme ne cache pas sa déception. Sa plainte a été classée début avril à la suite du refus de la clinique où elle est née de lui fournir le registre des naissances de l'établissement, indispensable pour apporter la preuve d'un vol d'enfant.
Pour Guillermo Pena, avocat d'une centaine de victimes des vols de bébés à Madrid, la disparition des registres de naissances des hôpitaux est le principal obstacle à la constitution d'un dossier.
S'il s'agace de ces blocages persistants, il reconnaît que les choses évoluent enfin sur le dossier des enfants volés, notamment grâce à l'émergence de nouvelles forces politiques (Podemos et Ciudanados), soucieuses des droits de l'homme et qui n'ont jamais été concernées par ces trafics.
Parmi les 146 dossiers de victimes qu'il défend en cours d?instruction, dix pourraient sans problème mener à un procès grâce à des preuves évidentes de soustraction de mineur.
Les victimes du scandale des "bébés robados" en Espagne luttent contre l'oubli
Après des décennies de déni, l'Espagne s'apprête à affronter l'un de ses pires démons : les vols d'enfants. Héritée du franquisme et de sa paranoïa anti-communiste, cette pratique a survécu au dictateur mort en 1975. Et dans l'Espagne d'aujourd'hui, des milliers des personnes cherchent encore leurs parents biologiques.
Fin février 2016 , une cour d'instruction de Madrid a ouvert le premier procès d'un des responsables de ce trafic d'enfants, le Dr Edouardo Vela, un gynécologue qui a longtemps dirigé une clinique de Madrid. Dans ce procès inédit en Espagne, Inès Madrigal est la seule plaignante. Elle seule a pu réunir des pièces à conviction infaillibles contre le gynécologue.
************************
« Donde estan nuestros ninos ? » ("Où sont nos enfants?") Les mères espagnoles qui scandent ce cri du coeur, le 1er mai 2016 à Madrid, portent toutes un écriteau où est indiqué le jour de la naissance et le nom de la maternité où est né l'enfant qu'elles recherchent.
Pour la première fois depuis des années, les associations de victimes des vols de bébés ont retrouvé un semblant d'espoir avec le passage, le 5 avril dernier, d'une proposition de loi prévoyant des mesures pour les aider dans leurs recherches ainsi que la création par le sénat d?une commission spéciale.
Pour Soledad Luque de l'association Todos los ninos robados son tambien mis ninos (Tous les enfants volés sont aussi mes enfants), cette decision est porteuse d'espoir : C'est la première fois que toutes les forces politiques avancent ensemble dans notre sens.
Débuté sous Franco dans les années 1930, le trafic de bébés s'est poursuivi en Espagne jusque dans les années 1990.
Teresa, elle, est née en 1982. Soustraite à sa mère biologique à sa naissance et adoptée illégalement par un couple qui ne parvenait pas à avoir d'enfant, elle cherche aujourd'hui à se faire reconnaître victime d'un crime.
Malgré l'espoir véhiculé par la proposition de loi, la jeune femme ne cache pas sa déception. Sa plainte a été classée début avril à la suite du refus de la clinique où elle est née de lui fournir le registre des naissances de l'établissement, indispensable pour apporter la preuve d'un vol d'enfant.
Pour Guillermo Pena, avocat d'une centaine de victimes des vols de bébés à Madrid, la disparition des registres de naissances des hôpitaux est le principal obstacle à la constitution d'un dossier.
S'il s'agace de ces blocages persistants, il reconnaît que les choses évoluent enfin sur le dossier des enfants volés, notamment grâce à l'émergence de nouvelles forces politiques (Podemos et Ciudanados), soucieuses des droits de l'homme et qui n'ont jamais été concernées par ces trafics.
Parmi les 146 dossiers de victimes qu'il défend en cours d?instruction, dix pourraient sans problème mener à un procès grâce à des preuves évidentes de soustraction de mineur.