CASA SKATE
Il est 17h30 à Casablanca, l'immense skatepark Nevada met en mouvement plus d'une cinquantaine d'enfants joyeux faisant de la trottinette et du roller. Aujourd'hui considéré comme le plus grand skatepark du continent africain, cet espace est un lieu de vie bouillonnant pour les familles et les jeunes. Sur le côté, Ayoub, Yassine, Akram, Mouad, Oussama, et les autres, skatent, comme pratiquement tous les jours. Ces jeunes passionnés et assidus consacrent presque tout leur temps à la pratique du skateboard.
Depuis quelques années, le développement spectaculaire de la capitale économique du Maroc est corrélé à la construction d'infrastructures favorisant la pratique de ces sports urbains. Comme nous le rappelle Akram, « avant la construction du skatepark Nevada en 2018 qui nous a permis de beaucoup progresser, il n'y avait rien. Nous skations sur des spots que nous trouvions dans la rue. Seul existait le skatepark d'Ain Diab mais il était éclaté et l'entrée coûtait 20 dirhams ». Pour Yassine qui est aujourd'hui skater sponsorisé par Bears Skateshop, un magasin basé à Rennes en France, l'histoire remonte à il y a quinze ans : « j'ai grandi à Oujda dans le nord-est du Maroc. À l'âge de 9 ans, j'ai aperçu un garçon skater dans la rue. J'étais fasciné. Mes parents m'ont acheté ma première planche et ce garçon est vite devenu mon ami. Mon père m'accompagnait pour trouver des spots pour pratiquer puis s'asseyait au café pendant que je m'amusais. Petit à petit, j'ai rencontré Mouad qui réalise nos vidéos et d'autres skaters. Ça restait vraiment dur à cette époque de skater à Oujda avec la mentalité des gens, ils nous prenaient pour des satanistes. À cette époque, quand je partais en vacances en famille à Casablanca, je trouvais déjà extraordinaires les premiers groupes de skaters qui arpentaient la ville et construisaient des petits skateparks éphémères avec leurs propres moyens. C'est à cette ancienne génération que l'on doit aujourd?hui l'essor du skateboard au Maroc et ces nouvelles infrastructures. ».
À Anfa au sud de Casablanca, les tours de verre sortent de terre à vue d'oeil. Un nouveau quartier hyper moderne abritant Casa Finance city, l'une des plus importantes places financières d'Afrique, est en train de voir le jour. C'est dans cet espace appelé Anfa Park que les skaters ont pu apprécier la construction d'un nouveau grand skatepark en 2020 faisant de Casablanca une ville propice à la pratique du skate. Il manque néanmoins un réel écosystème de la discipline comme le rappelle Akram : « il n'y a pas de marque, de sponsor ou de compétition qui pourrait nous permettre d'avoir de réelles ambitions grâce au skateboard. Nous n'en sommes pas là. La plupart d'entre nous pratiquent le skate comme une échappatoire à nos problèmes de vie, voir même à nos propres problèmes de santé mentale. » Ayoub qui lui skate pratiquement tous les jours depuis plus de six ans le rejoint sur ce point. Également compositeur musical, il porte un regard sentimental sur le développement de Casablanca : « je vois la ville évoluer, aussi d'un point de vue artistique, et cela me remplit de joie pour l'avenir. »
Cette série a été réalisée à l'occasion d'une Résidence artistique à l'Institut Français de Casablanca dans le cadre du Programme de résidences artistiques et culturelles de l'Institut Français du Maroc.
CASA SKATE
It's 5.30 p.m. in Casablanca, and the huge Nevada skatepark is bustling with more than fifty happy children on scooters and rollerblades. Now considered to be the biggest skatepark on the African continent, this space is a lively place for families and young people. On the side, Ayoub, Yassine, Akram, Mouad, Oussama and the others skate, as they do almost every day. These passionate young people devote almost all their time to skateboarding.
For some years now, the spectacular development of Morocco's economic capital has been correlated with the construction of infrastructures that encourage the practice of these urban sports. As Akram reminds us, "before the Nevada skatepark was built in 2018, which enabled us to make a lot of progress, there was nothing. We skated on spots we found in the street. There was only the Ain Diab skatepark, but it was broken up and cost 20 dirhams to get in. For Yassine, who is now a skateboarder sponsored by Bears Skateshop, a shop based in Rennes in France, the story goes back fifteen years: "I grew up in Oujda in north-east Morocco. When I was 9, I spotted a boy skateboarding in the street. I was fascinated. My parents bought me my first board and this boy quickly became my friend. My father would go with me to find places to practice and then sit in the café while I had fun. Little by little, I met Mouad, who makes our videos, and other skaters. At the time, it was still really hard to skate in Oujda because of the mentality of the people, who thought we were satanists. At the time, when I went on family holidays to Casablanca, I found the first groups of skaters who roamed the city and built small ephemeral skateparks with their own resources extraordinary. It's to this older generation that we owe the growth of skateboarding in Morocco and these new infrastructures".
In Anfa, to the south of Casablanca, glass towers are springing up in plain sight. A hyper-modern new district housing Casa Finance City, one of Africa's largest financial centres, is being built. In this area, known as Anfa Park, skaters can look forward to the construction of a major new skatepark in 2020, making Casablanca an ideal city for skateboarding. However, as Akram points out, there is no real ecosystem for the discipline: "There is no brand, sponsor or competition that could enable us to have real ambitions thanks to skateboarding. We're not there yet. Most of us use skateboarding as an escape from the problems in our lives, and even from our own mental health problems. Ayoub, who has been skateboarding practically every day for over six years, agrees. Also a music composer, he takes a sentimental view of Casablanca's development: "I see the city evolving, also from an artistic point of view, and that fills me with joy for the future.
This series was produced during an artistic residency at the Institut Français in Casablanca as part of the Institut Français du Maroc's artistic and cultural residency programme.