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L'atelier d'Ernest Pignon Ernest
Depuis plusieurs mois déjà, je lui courais après, mais Ernest Pignon-Ernest était occupé aux préparatifs de la rétrospective
« Les traces d'un parcours » qui lui était consacrée au Musée d'art moderne et d'art contemporain de Nice (MAMAC). L'artiste est en activité permanente, sans cesse sollicité et convoité. Rendez-vous pris, notre entrevue devait durer quarante minutes. Nous avons devisé plus d'une heure et demie dans l'atelier qu'il occupe depuis vingt-cinq ans à Ivry.
Issu des quartiers populaires de Nice, l'artiste a quitté l'école à 15 ans et appris le dessin en autodidacte. Ses premiers boulots, il les effectue pour des cabinets d'architectes et réalise des perspectives. Il se lance dans les collages au milieu des années 1960. Il est, à ce titre, reconnu comme l?un des premiers artistes à se réaproprier l'espace urbain aux côtés de Zlotycamien et Buren. En 1971, Ernest Pignon-Ernest réalise une intervention à Paris en hommage à la Semaine sanglante de la Commune. Ses collages sur les murs de la Butte-aux-Cailles, du Père-Lachaise, notamment sur les marches du métro Charonne sont remarqués. En découle un article d'Yves Simon pour Actuel. Très vite, le plasticien s'installe à La Ruche, cette cité d'artistes du 15e arrondissement qui a accueilli par le passé Modigliani, Zadkine, Chagall et se voit menacée de destruction. Ernest participe a sa sauvegarde et y réside encore aujourd'hui.
Pour ce pionnier de l'art urbain, l'oeuvre est l'interaction entre le lieu, son vécu et le spectateur.
« L'oeuvre, si l'on peut parler ainsi, c'est l'endroit lui-même avec son histoire et l'image que je viens y mettre. Elle l'exacerbe, intensifie sa charge poétique et symbolique. Je m'attarde sur les couleurs, leur texture, et la lumière. Mais j'étudie aussi le lieu au niveau du sens et du sensible pour remette à la surface son souvenir enfoui. » Son travail, Ernest Pignon-Ernest ne le signe pas mais reste reconnaissable par son trait :
« Affirmer le dessin, c'est presque un choix éthique, une manière d'affirmer le temps de la réflexion. » Au même titre que Le Caravage, Pier Paolo Pasolini est une référence permanente dans son travail :
« Il a cette relation au temps, à la mémoire, et cette façon d'interroger l'histoire et l'art en permanence. Il s'affirme comme marxiste, mais ne s'interdit pas de réaliser L'Évangile selon Saint Matthieu. Il s'inscrit dans notre culture gréco-latine, nourrie de ce vocabulaire. »
« Je constate aujourd'hui une absence de mémoire, or on ne peut imaginer le futur que si nous avons une forte connaissance du passé. » Ernest Pignon-Ernest ne revendique pas d'engagement politique au sens propre du terme.
« Je n'ai jamais peint d'ouvrier avec un drapeau, mes images ne sont pas des mots d'ordre (...) je me sens plus proche des peintres du Quattrocento et de leur façon de parler des drames vécus par les gens, de leurs aspirations. »
Ernest Pignon-Ernest revient de Naples et d'une projection dans le quartier de Scampia. Il espère prochainement partir à Haïti, où
« le syncrétisme chrétien-vaudou produit des images incroyables, il y a l'ambiance méditerranéenne avec ce port bordélique, ces poètes haïtiens que j'admire et la reconstruction d'après tremblement de terre ».
L'atelier d'Ernest Pignon Ernest
Depuis plusieurs mois déjà, je lui courais après, mais Ernest Pignon-Ernest était occupé aux préparatifs de la rétrospective
« Les traces d'un parcours » qui lui était consacrée au Musée d'art moderne et d'art contemporain de Nice (MAMAC). L'artiste est en activité permanente, sans cesse sollicité et convoité. Rendez-vous pris, notre entrevue devait durer quarante minutes. Nous avons devisé plus d'une heure et demie dans l'atelier qu'il occupe depuis vingt-cinq ans à Ivry.
Issu des quartiers populaires de Nice, l'artiste a quitté l'école à 15 ans et appris le dessin en autodidacte. Ses premiers boulots, il les effectue pour des cabinets d'architectes et réalise des perspectives. Il se lance dans les collages au milieu des années 1960. Il est, à ce titre, reconnu comme l?un des premiers artistes à se réaproprier l'espace urbain aux côtés de Zlotycamien et Buren. En 1971, Ernest Pignon-Ernest réalise une intervention à Paris en hommage à la Semaine sanglante de la Commune. Ses collages sur les murs de la Butte-aux-Cailles, du Père-Lachaise, notamment sur les marches du métro Charonne sont remarqués. En découle un article d'Yves Simon pour Actuel. Très vite, le plasticien s'installe à La Ruche, cette cité d'artistes du 15e arrondissement qui a accueilli par le passé Modigliani, Zadkine, Chagall et se voit menacée de destruction. Ernest participe a sa sauvegarde et y réside encore aujourd'hui.
Pour ce pionnier de l'art urbain, l'oeuvre est l'interaction entre le lieu, son vécu et le spectateur.
« L'oeuvre, si l'on peut parler ainsi, c'est l'endroit lui-même avec son histoire et l'image que je viens y mettre. Elle l'exacerbe, intensifie sa charge poétique et symbolique. Je m'attarde sur les couleurs, leur texture, et la lumière. Mais j'étudie aussi le lieu au niveau du sens et du sensible pour remette à la surface son souvenir enfoui. » Son travail, Ernest Pignon-Ernest ne le signe pas mais reste reconnaissable par son trait :
« Affirmer le dessin, c'est presque un choix éthique, une manière d'affirmer le temps de la réflexion. » Au même titre que Le Caravage, Pier Paolo Pasolini est une référence permanente dans son travail :
« Il a cette relation au temps, à la mémoire, et cette façon d'interroger l'histoire et l'art en permanence. Il s'affirme comme marxiste, mais ne s'interdit pas de réaliser L'Évangile selon Saint Matthieu. Il s'inscrit dans notre culture gréco-latine, nourrie de ce vocabulaire. »
« Je constate aujourd'hui une absence de mémoire, or on ne peut imaginer le futur que si nous avons une forte connaissance du passé. » Ernest Pignon-Ernest ne revendique pas d'engagement politique au sens propre du terme.
« Je n'ai jamais peint d'ouvrier avec un drapeau, mes images ne sont pas des mots d'ordre (...) je me sens plus proche des peintres du Quattrocento et de leur façon de parler des drames vécus par les gens, de leurs aspirations. »
Ernest Pignon-Ernest revient de Naples et d'une projection dans le quartier de Scampia. Il espère prochainement partir à Haïti, où
« le syncrétisme chrétien-vaudou produit des images incroyables, il y a l'ambiance méditerranéenne avec ce port bordélique, ces poètes haïtiens que j'admire et la reconstruction d'après tremblement de terre ».