Avant Demain, Gambie
Sous le régime de l'ancien dictateur gambien Yahya Jammeh, de nombreux actes de violations des droits de l'homme ont été commis, incluent des exécutions extrajudiciaires, des disparitions forcées, des violences sexuelles, des tortures et des détentions arbitraires. Parmi les milliers de victimes, les femmes ont été particulièrement vulnérables aux abus du régime, directement ou indirectement.
Les femmes des personnes disparues n'ont jamais été officiellement informées de la mort de leurs maris, fils, pères ou autres membres de la famille, et pour la plupart les rites funéraires ont dû être réalisés sans les dépouilles. Les femmes des soldats qui vivaient dans les casernes ont été brutalement expulsées après les exécutions et ont dû trouver refuge chez des proches, perdant leur logement et leur statut. Les femmes accusées d'être impliquées dans l'opposition politique ont subit toutes sortes d'abus: harcèlement, torture, violence sexuelle.
Toutes ces femmes se sont retrouvées souvent à vivre dans une grande précarité, surtout celles sans ressources financières. À la douleur morale et aux difficultés financières s'est ajoutée la stigmatisation liée aux accusations infondées : la désinformation propagée par la junte présentait les morts ou les accusées comme des coupables, suscitant une réaction publique hostile et générant confusion, culpabilité et honte chez les victimes, en plus de leur stigmatisation.
Aujourd'hui, dans une quête de justice, de reconnaissance et de réparation, des femmes victimes se sont unies, malgré leurs difficultés et leurs traumatismes. Elles travaillent ensemble à survivre à leurs blessures physiques comme psychiques, le soutien mutuel favorisant leur guérison et leur résilience personnelle. Leur partage d'expériences et de ressources renforcent leur capacité à participer activement aux processus de justice et de prévention. Par le travail de mémoire et le long processus de réparation qu'elles construisent, elles deviennent ainsi actrices du changement et porteuses d'avenir.
Les témoignagnages des femmes sont consultables ici:
https://lorraineturci.com/avant-demain/
Merci à Jakana Suso, Fatou Manej, Lele Bongan, Jarra Suwareh, Isatou Marong, Mbyan Demba, Awa Njie, Koumba Jallow (nom modifié), Isatou Jallow, et Fatoumattta Jallow pour leur témoignage, ainsi qu'
à l'
association Wave (Women'
s Association for Victims'
Empowerment).
Travail produit grâce à l'invitation en résidence artistique de l'
Alliance Française de Banjul.
Before Tomorrow, The Gambia
Under the regime of former gambian dictator Yahya Jammeh, numerous human rights violations were committed, including extrajudicial executions, enforced disappearances, sexual violence, torture, and arbitrary detentions. Among the thousands of victims, women were particularly vulnerable to the regime?s abuses, either directly or indirectly.
The wives of the disappeared experienced immense suffering. They were never officially informed of the deaths of their husbands, sons, fathers, or other family members, and in most cases, funeral rites had to be performed without the bodies. The wives of soldiers living in barracks were brutally expelled after the executions and had to seek refuge with relatives, losing their homes and status. Women accused of being involved in political opposition suffered all kinds of abuse: harassment, torture, and sexual violence.
All these women often found themselves living in great precariousness, especially those without financial resources. Alongside moral pain and financial difficulties, they faced stigma due to unfounded accusations. The disinformation spread by the junta portrayed the dead or the accused as guilty, provoking a hostile public reaction and generating confusion, guilt, and shame among the victims, in addition to their stigmatization.
Today, in a quest for justice, recognition, and reparation, women victims have united despite their difficulties and traumas. They work together to overcome their physical and psychological wounds, with mutual support fostering their healing and personal resilience. Their sharing of experiences and resources strengthens their ability to actively participate in justice and prevention processes. Through their memory work and the long process of reparation they are building, they become agents of change and bearers of the future.
Merci à Jakana Suso, Fatou Manej, Lele Bongan, Jarra Suwareh, Isatou Marong, Mbyan Demba, Awa Njie, Koumba Jallow (nom modifié), Isatou Jallow, et Fatoumattta Jallow pour leur témoignage, ainsi qu?à l?association Wave (Women?s Association for Victims? Empowerment).
Travail produit grâce à l'invitation en résidence artistique de l?Alliance Française de Banjul.