La résilience du corbeau
Japon, Hokkaido, 2023. Le peuple autochtone aïnou, après 150 ans d'assimilation forcée, retrouve force dans sa quête d'identité, de reconnaissance et de réconciliation.
Hokkaido, c'est l'île du nord. De grands espaces à la beauté hivernale. Un territoire de forêts, volcans, lacs et côtes sauvages. Territoire des ours et des Aïnous, un peuple de chasseurs-pêcheurs aux croyances profondément animistes, présent depuis le 9e siècle. Autrefois nommée Ainu mosir, Hokkaido est colonisée pour être intégrée à l'empire du Japon, il y a seulement 150 ans.
L'organisation politique, la religion, la mythologie de tradition orale, les tatouages rituels des femmes, les arts, la langue sans parenté confirmée avec d'autres, et un aspect physique différent des japonais étaient tous autant de révélateurs d'une identité forte.
Dans un déroulé qui fait écho au sort de nombreux autres peuples autochtones de par le monde, les Aïnous ont été persécués et ont subi une longue politique d'assimilation forcée. Interdits de communiquer dans leur langue, de chasser et pêcher, déracinés, forcés de renier leurs rites, leurs arts et leur mode de vie, ils furent l'objet d'une discrimination calculée.
La culture traditionnelle est aujourd'hui difficile à cerner du fait de cette répression et du métissage, mais les aïnous sont de plus en plus fiers de leurs origines, s'éloignant peu à peu de la honte liée aux discriminations encore présentes.
Malgré les difficultés, le profil d'une société japonaise multiculturelle incluant les Aïnous et se construit petit à petit. Le mode de vie de jadis et les coutumes ne sont plus, mais les héritiers de cette culture oeuvrent à se la réapproprier, quitte à devoir la réinventer parfois, faute de continuité dans la transmission. Beaucoup gagnent notamment leur vie en proposant une vitrine de la culture aïnou aux touristes. Mais derrière l'image donnée aux visiteurs, la communauté lutte pour préserver une forme d'authenticité malgré - et avec - la société moderne, révélant les ambivalences de son héritage.
Ce travail réfléchit à ce que signifie vivre ensemble aujourd'hui, entre revendications, réconciliation et compromis ; il aborde le sentiment d'appartenance au sein d'une communauté dans le double processus de préservation et de réinvention de sa propre culture. Grâce à la résilience de son peuple, la culture aïnou est vivante et constitue une identité forte. Des histoires de militants, d?artistes, du vivre-ensemble... et de gens ordinaires.
The resilience of the crow
Japan, Hokkaido, 2023. The first nation ainu, after 150 years of forced assimilation, is regaining strength in his quest for identity, recognition and reconciliation.
Hokkaido is the northern island. Wide-open spaces of wintry beauty. AIt is a land of forests, volcanoes, lakes and wild coastlines. A land of bears and the land of the Ainu, a people of hunter-fishermen with deeply animistic beliefs, present since the 9th century. Formerly known as Ainu mosir, Hokkaido was colonized and integrated into the Empire of Japan only 150 years ago.
Political organization, religion, oral mythology, women?s ritual tattoos, the arts, a language with no confirmed kinship with others, and a physical appearance different from that of the Japanese were all indicators of a strong identity.
In a story that echoes the fate of many other indigenous peoples around the world, the Ainu were persecuted and subjected to a long policy of forced assimilation. Forbidden to communicate in their language, to hunt and fish, uprooted, forced to renounce their rites, arts and way of life, they were the object of calculated discrimination.
Traditional culture is hard to figure out today because of this repression and misce- genation, but the Ainu are increasingly proud of their origins, gradually moving away from the shame linked to the discrimination still present.
Despite the difficulties, the profile of a multicultural Japanese society, including the Ainu, is gradually taking shape. The way of life and customs of yesteryear no longer exist, but the inheritors of this culture are working to reappropriate it, even if it means reinventing it at times, due to the lack of continuity in transmission. But behind the image given to visitors, the community struggles to preserve a form of authenticity despite - and with - modern society, revealing the ambivalences of its heritage.
This work reflects on what it means to live together today, between demands, reconciliation and compromise; it addresses the sense of belonging within a community in the dual process of preserving and reinventing its own culture. Thanks to the resilience of its people, ainu culture is alive and well, and constitutes a strong identity. Stories of activists, artists, community harmony... and ordinary people.