Réfugiés dans les écoles du sud-Liban
Le 8 octobre 2023, l'état d'Israël bombarde les villages au sud-Liban, entraînant le départ de nombreuses familles en direction de la ville de Tyr.
Il faut passer devant les restes d'un blindé datant des guerres précédentes pour accéder à l'école technique de Tyr. Un des employés des lieux m'entraîne dans les salles de classe des étages supérieurs. Celles-ci servent de logements pour les nombreuses familles ayant fui leurs villages du sud-Liban après les bombardements de l'État d'Israël. Certaines familles sont arrivées depuis plus de quatre mois maintenant. La vie y est plus supportable bien que toujours extrêmement précaire grâce aux dons de nombreux citoyens du pays et à l'aide internationale. La vie des résidents de l'école est rythmée par de nombreuses coupures de courant. Ici on retrouve un réchaud à gaz pour cuisiner avec les voisins, tandis que dans la pièce adjacente, plusieurs chichas trônent devant le grand tableau noir de la salle de classe. Les exilés essaient malgré la situation de garder un semblant de vie sociale, pendant que les enfants font la course en trottinette dans les longs couloirs de l?école. leur rire rythmant le quotidien des habitants. Dans l?école publique voisine, la Tyre second school, la municipalité n?assure plus l?alimentation nécessaire en électricité et le bâtiment est plongé dans le noir toute la journée. C?est en se servant de la lampe torche du téléphone portable d?une de ses collègues que la directrice de l'établissement assure l'administration de son école et les nombreux cours dispensés aux enfants réfugiés. L?école propose toujours la scolarisation pour les enfants des familles ayant fui le sud afin d?éviter un décrochage scolaire et une aggravation de leur situation. Un homme usé est également arrivé il y a 4 mois après que sa maison ait été bombardée à quelques kilomètres de la frontière. Comme sa voisine de chambre, très âgé et gravement malade, il ne se fait aucune illusion quant à un éventuel retour chez lui. Les capacités pour obtenir des médicaments sont limitées et beaucoup ont peur de finir leurs jours ici. Le déclassement soudain de ces nombreux frontaliers qui ont tout perdu en l?espace de quelques heures exacerbe les tensions avec un Etat libanais incapable de gérer la crise et l?ombre planante d?une guerre qui ne dit pas encore son nom ne fait rien pour arranger la situation.
Refugees in schools in southern Lebanon
On October 8, 2023, the State of Israel bombed villages in southern Lebanon, causing many families to leave for the city of Tyre.
To get to the Tyre Technical School, we have to walk past the remains of an armoured vehicle dating from previous wars. One of the staff takes me into the classrooms on the upper floors. These are used as living quarters for the many families who fled their villages in southern Lebanon after the bombings by the State of Israel. Some families have been here for over four months now. Life there is more bearable, though still extremely precarious, thanks to the donations of many local citizens and international aid. The lives of the school's residents are punctuated by frequent power cuts. Here we find a gas stove for cooking with the neighbors, while in the adjacent room, several chichas sit in front of the large blackboard in the classroom. Despite the situation, the exiles try to maintain a semblance of social life, while the children race their scooters down the school's long corridors, their laughter punctuating the daily life of the inhabitants. In the neighboring Tyre Second School, the municipality no longer provides the necessary electricity supply, and the building is plunged into darkness all day long. Using a flashlight from a colleague's cell phone, the headmistress manages the school's administration and the many lessons given to the refugee children. The school still offers schooling for the children of families who have fled the south, in order to prevent them from dropping out and worsening their situation. A worn-out man also arrived 4 months ago after his house was bombed a few kilometers from the border. Like his room-mate, very old and seriously ill, he has no illusions about returning home. Capacities for obtaining medication are limited, and many are afraid of ending their days here. The sudden downgrading of these many border residents, who have lost everything in the space of a few hours, exacerbates tensions with a Lebanese state incapable of managing the crisis, and the looming shadow of a war that has yet to speak its name does nothing to ease the situation.