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Océanopolis
Le soleil est une lampe
Faut-il s'attarder sur les circonstances, ici Brest, cette journée tout en bourrasques colériques ? J'improvise et me réfugie dans la cité d'Océanopolis, à la faveur d'un creux dans mon programme de travail. Seul, un peu étonné dans ce parc de loisirs, étrangement seul comme j'aime l'être parfois dans mes errances. « Pas de flash », les photos sont permises, une jeune fille quitte son guichet pour me le signaler, je la recroiserai un peu plus tard dans un autre hémisphère. Veut-elle engager une conversation ? Nous sommes hors-saison, elle s'ennuie peut-être ?
Je me retrouve au chaud devant les aquariums du bassin tropical, heureux au fond comme perché au-dessus de l'étrave de la barque qui sinue dans la mangrove ! Mais un décor un peu froid, figé sans l'odeur puissante des eaux qui se décomposent en une diversité de liqueurs aromatiques, là-bas ! J'assiste, médusé, à l'incessant ballet des poissons projeté sur le mauvais écran de verre des bassins qui diffracte la lumière, flares et artefacts. Je m'épuise à suivre les aller-retours de nos amis aquatiques. Un mérou coquet s'attarde un peu...
Je me cale un court instant devant le bassin des squales et observe mon reflet dans la pliure d'un espace sans cesse cassé par la vague. La lumière est peu abondante, je me tiens donc immobile et essaie de m'encadrer avant de reprendre ma progression.
Ah, le bain de vapeur et le vénérable fromager à l'écorce de ciment dans la serre tropicale ! Couleur locale !
Sortie par le pôle sud où un manchot bleuté me tourne ostensiblement le dos tandis qu'un crabe, enfoncé dans l'obscurité glaciale des eaux de la banquise, cancane à l'intérieur de ses pattes crispées.
C'était une après-midi à Brest le 17 décembre 2018.
Océanopolis
The sun is a lamp
Do we have to dwell on the circumstances, here in Brest, this day all in angry gusts? I improvise and take refuge in the city of Océanopolis, thanks to a gap in my work schedule. Alone, a little surprised in this amusement park, strangely alone as I like to be sometimes in my wanderings. "No flash", photos are allowed, a young girl leaves her counter to point it out to me, I will meet her again a little later in another hemisphere. Does she want to start a conversation? We are out of season, maybe she is bored?
I find myself warm in front of the aquariums of the tropical basin, happy at the bottom as if perched above the bow of the boat that winds through the mangrove! But the scenery is a bit cold, frozen without the powerful smell of the waters that decompose into a variety of aromatic liquors, there! I attend, meditated, the incessant ballet of fish projected on the bad glass screen of the basins which diffracts the light, flares and artifacts. I am exhausted to follow the comings and goings of our aquatic friends. A coquettish grouper lingers a little...
I wedge myself for a short moment in front of the sharks' pool and observe my reflection in the fold of a space constantly broken by the wave. The light is scarce, so I stand still and try to frame myself before resuming my progression.
Ah, the steam bath and the venerable cement-barked cheese tree in the tropical greenhouse! Local color!
Exit by the South Pole where a bluish penguin ostensibly turns its back to me while a crab, sunk in the icy darkness of the ice water, gibbers inside its clenched legs.
It was an afternoon in Brest on December 17, 2018.