Au Mexique, le peuple au secours des migrants
Chaque année au Mexique, entre 500 000 et un million de migrants traversent le pays pour atteindre le rêve Américain. La plupart choisissent de voyager sur le toit d'un train de marchandise surnommé « La Bestia, el tren de la muerte » (La Bête, le train de la mort).
Températures extrêmes, attaques de narcotrafiquants, barrages policiers et chutes depuis le train sont autant d'étapes à surmonter pour parvenir au bout de ce voyage de plusieurs semaines.
Sous la pression politique américaine, Washington et Mexico ont signé le 07 Juin 2019 un accord pour renforcer les mesures anti-migratoire à la frontière sud-mexicaine. Dans la lignée de mesures similaires prises en 2014, la volonté du gouvernement de « sécuriser la zone sud du Mexique, protéger les migrants et préserver leurs droits » se traduit en réalité par une répression violente et systématique à l'image de la caravane de 3000 migrants honduriens violemment stoppée début Février 2020 à la frontière entre le Mexique et le Guatemala. Les ONG dénoncent aujourd'hui une véritable « chasse aux migrants » et décrivent certaines étapes du train comme de véritables « zones de guerre ».
Un homme interrogé qui faisait partie de la caravane de honduriens arrêtée explique que certains sont rentrés au Honduras mais que beaucoup ont choisi de tenter le passage de la frontière sud en marchant des heures aux alentours. La région du Chiapas limitrophe au Guatemala est située en pleine jungle, les passages hors des sentiers battus sont souvent ceux où les narcotrafiquants attendent pour kidnapper les migrants.
Face à la précarité des voyageurs et en réponse à ces nouvelles mesures, on observe une réaction humanitaire forte de la part du peuple mexicain qui a souvent répondu présent pour aider les plus démunis au cours de son histoire.
Leur action la plus significative est la mise en place d'une trentaine d'auberges de migrants à divers endroits sur la route du train.
Ces auberges, financées par l'église et par des dons sont connues de tous les voyageurs grâce à des cartes que distribuent des ONG autour de la frontière sud.
« La stratégie largement adoptée par les migrants est de faire des étapes d'auberge en auberge pour se reposer après chaque voyage sur le train. C'est à ces endroits que l?aide humanitaire est essentielle » explique une représente de Médecins Sans Frontière à Coatzacoalcos.
Dans les auberges, après avoir reçu refuge et nourriture, certains migrants choisissent parfois de rester pour devenir à leur tour bénévole.
Dans la liste des maisons d'accueil que croisent les migrants, celui de « Las Patronas », Les Patronnes, mené par un groupe de femmes, est unique. Dans la campagne de l'état de Veracruz, ces dames d'exception aident les voyageurs en lançant sac de riz, pain et eau sur les trois trains qui passent quotidiennement depuis 25 ans.
Aujourd'hui ces femmes sont un symbole de bonté nationale que bien d'autres prennent comme exemple.
L'une d'entre elles, Norma, explique : « si le nombre de migrants diminue bien depuis quelques mois comme l'annonce le gouvernement, leur état de santé s'aggrave et je suis heureuse de voir que le peuple Mexicain contrebalance cet affront de nos politiciens par leur amour et leur bonté envers les migrants qui sont nos frères et soeurs ».
Les chauffeurs du train sont d?autres acteurs décisifs dans l'aide proposé par le peuple mexicain : ce sont eux qui choisissent de ralentir le train, ou non, à l'approche des auberges de migrants.
« La plupart d'entre nous faisons en sorte de ralentir ou de s'arrêter quand nous les voyons. La compagnie de train nous l'interdit mais Dieu, lui, nous regarde. » explique Manuel, machiniste sur le train depuis 10 ans.
In Mexico, the people helping the migrants
Every year in Mexico, between 500,000 and one million migrants cross the country to reach the American Dream. Most of them choose to travel on the roof of a freight train nicknamed "La Bestia, el tren de la muerte" (The Beast, the death train).
Extreme temperatures, drug trafficker attacks, police roadblocks and falls from the train are all the steps to succeed in reaching the end of this journey of several weeks.
Under American political pressure, Washington and Mexico City signed an agreement on 7 June 2019 to strengthen anti-migration measures at the South Mexican border. In line with similar measures taken in 2014, the government's desire to "secure the southern zone of Mexico, protect migrants and preserve their rights" is in reality translated into a violent and systematic repression as we could see recently with the caravan of 3000 Honduran migrants violently stopped in early February 2020 at the border between Mexico and Guatemala. The NGOs are now denouncing a real "migrant hunt" and describe certain stages of the train as real "war zones".
A man interviewed who was part of the arrested caravan of Hondurans explains that some of them returned to Honduras but a lot of them chose to try to cross the southern border by walking several hours in the surrounding area. The Chiapas region bordering Guatemala is located in the middle of the jungle, so the off-track crossings are well-knows areas where drug traffickers are waiting to kidnap migrants.
Faced with the precariousness of the travelers and in response to these new measures, there is a strong humanitarian response from the Mexican people, who have often been there to help the one in needs throughout their history.
Their most significant action is the establishment of some 30 migrant hostels at various points along the train route.
These hostels, financed by the church and by donations, are known to all travelers thanks to maps distributed by NGOs around the southern border.
"The strategy widely adopted by migrants is to make stops from hostel to hostel to rest after each trip on the train. This is where humanitarian aid is essential" explains a representative of Doctors Without Borders in Coatzacoalcos.
In the hostels, after having received shelter and food, some migrants sometimes choose to stay to become volunteers in their turn.
In the list of hostels that migrants come across, "Las Patronas", The Bosses, run by a group of women, is unique. In the countryside of the state of Veracruz, these exceptional ladies help the travelers by throwing bags of rice, bread and water on the three trains that have been passing daily for 25 years.
Today these women are a symbol of national goodness that many others take as an example.
One of the Patronas, Norma, explains: "If the number of migrants has been decreasing last months, as the government has announced, their health is worsening and I am happy to see that Mexican people are counterbalancing this affront from our politicians with their love and kindness towards the migrants who are our brothers and sisters".
The train's drivers are other key players in the aid offered by the Mexican people: they are the ones who choose whether or not to slow down the train as it approaches the migrants' hostels.
"Most of us make sure to slow down or yo stop when we see them. The train company doesn't allow us to do it, but God is watching us," says Manuel, a machinist who has been on the train for 10 years.