Las Patronas, anges gardiennes des migrants - Mexique
5 Février 1995, village d'Amatlan, Mexique. De retour de l'épicerie, Leonila entend des hommes crier « j'ai faim, s'il te plait » du haut de « La Bestia », le train de marchandise qui transporte les migrants vers la frontière nord-mexicaine.
Depuis ce jour, comme par évidence, elle cuisine tous les jours pour les centaines d'hommes et de femmes qui passent à toute vitesse sur les rails, devant sa porte.
Aujourd'hui, elles sont une quinzaine à avoir rejoint le mouvement et à continuer d'offrir chaque jour eau et repas depuis leur petit village de l'état de Veracruz. Elles s'appellent Norma, Rosa, Bernarda ou encore Toña, mais tout le monde les connaît sous le nom de « Las Patronas », Les Patronnes.
Les oreilles aiguisées, elles entendent bien avant tout le monde le train qui arrive. Elles se précipitent alors, caisses à la main, distribuer les sacs de nourriture et les bouteilles d'eau dans un geste de solidarité.
« Les 8 premières années furent les plus compliquées. A l'époque il était interdit d'aider les migrants sous peine d'aller en prison et nous n'avions pas assez d'argent pour acheter suffisamment de nourriture » explique Norma. Par la suite, la médiatisation de leur cause a permis que des entreprises et des particuliers leur fassent des dons de nourriture et l'assouplissement des lois qu'elles puissent exercer leur tâche sans craintes.
Leur activité évolua également le jour où un donateur les appela pour leur proposer une généreuse somme d'argent. Après avoir refusé au premier abord, elles décidèrent par la suite d'accepter pour construire des bâtiments autour de leur cuisine qui servent depuis à héberger les migrants de passage. Le lieu devient alors un centre d'accueil à court ou long terme pour les migrants en attente de visa humanitaire, ou simplement en quête de repos. Les voyageurs qui y séjournent s'empressent avec joie d'aider à leur tour à la distribution quotidienne de leurs frères sur le train, de participer aux tâches ménagères voir même de gagner un peu d'argent par la récolte de la canne à sucre, abondante dans cette région.
Le 14 février 2020, plus de 500 personnes sont venues de tout le Mexique, dont des politiques et de hauts ecclésiastes, afin de fêter le 25ème anniversaire de ces « anges gardiennes ».
Alors que la fête battait son plein, une personne est venue les prévenir en hâte que le train allait passer d'ici quelques heures. Elles stoppèrent instantanément les célébrations pour se mettre à cuisiner.
Les invités peuvent bien attendre, cela fait 25 ans qu'elles n'ont jamais manqué un jour de distribution.
Las Patronas, guardian angels of the migrants - Mexico
February 5, 1995, village of Amatlan, Mexico. Returning from the grocery store, Leonila hears men shouting "I'm hungry, please" from the top of "La Bestia", the freight train that transports migrants to the Northen Mexican border.
From that day on, she cooks every day for the hundreds of men and women who speed past on the tracks in front of her door.
Today, about 15 of them have joined the movement and continue to offer water and food every day from their small village in the state of Veracruz. Their names are Norma, Rosa, Bernarda or Toña, but everyone knows them as "Las Patronas", The Bosses.
With sharp ears, they hear the train coming before anyone else. They then rush, crates in hand, distributing bags of food and bottles of water in a gesture of solidarity.
"The first 8 years were the most complicated. At that time it was forbidden to help the migrants or they could throw you into the jail and we didn't have enough money to buy enough food," explains Norma. Afterwards, the media coverage of their cause allowed companies and individuals to donate food to them and relaxed the laws so that they could carry out their work without fear.
Their work also changed the day a donor called them to offered them a generous amount of money. After refusing at first, they later decided to accept to construct buildings around their kitchen, which have since been used to house migrants passing through. The place then becomes a short- or long-term reception center for migrants awaiting humanitarian visas, or simply seeking rest. Travelers who stay there are eager to help with the daily food distribution fos their brothers on the train, to participate in household chores and even to earn some money from the harvest of sugar cane, which is abundant in this region.
On February 14 2020, more than 500 people came from all over Mexico, including politicians and high-ranking ecclesiastics, to celebrate the 25th anniversary of these "guardian angels".
As the celebration was in full swing, a person rushed up to warn them that the train was going to pass in a few hours. They instantly stopped the celebrations to start cooking.
Guests can wait. They have been distributing the food since 25 years and never missed one day.