Travailler sans emploi
Dans le quartier du Bas Vernet à Perpignan, 75% des gens vivent sous le seuil de pauvreté. Yann 44 ans et Valérie 52 ans, un couple originaire du Nord, tous deux bénéficiaires des minimas sociaux, y ont installé un jardin solidaire (La ferme solidaire 66) il y a 4 ans. Grâce aux légumes qu’ils cultivent et des appels aux dons, ils organisent des maraudes une fois par semaine.
Aux yeux de la société, Yann et Valérie ne travaillent pas, pourtant ils ont monté une activité solidaire dans un quartier fragile de Perpignan, et ils tentent, hors cadre, de trouver leur place. Leur compétence : la débrouille. Ils ont de l’ambition et rêvent de monter un chantier d’insertion pour créer de l’emploi, créer leur emploi, grâce au jardin solidaire. Désormais leur projet est mis à mal car depuis le 1er janvier 2025, les bénéficiaires du RSA (revenu de solidarité active) doivent désormais consacrer 15 à 20 heures par semaine à des activités favorisant leur insertion sociale ou professionnelle comme du bénévolat dans des entreprises ou de la formation. Une décision qui vient parfois chambouler la vie des bénéficiaires, car depuis le 31 mai, en cas de non respect de cette obligation, une baisse de 30% du RSA peut-être appliquée, voire la suspension totale des allocations.
La mise en place laissée en gérance par le département et la CAF peut-être fastidieuse : les bénéficiaires, tout comme les institutions, manquent parfois d’informations sur ce nouvel accompagnement, et certains se voient alors privés de leur principale source de revenu du jour au lendemain. Enfin, la possibilité de compter leurs heures de bénévolat à la ferme pour le RSA n'existe pas, et celle de faire ce qu’ils aiment et d’avoir du temps pour s’investir dans leur projet n’existera peut-être plus.
Le quotidien de Yann et Valérie, une histoire singulière qui bouscule la notion de travail et de solidarité.
Working without a job
In the Bas Vernet neighborhood of Perpignan, 75% of people live below the poverty line. Yann, 44, and Valérie, 52, a couple from northern France, both recipients of minimum social benefits, set up a community garden there four years ago (La ferme solidaire 66). Thanks to the vegetables they grow and appeals for donations, they organize weekly food drives.
In the eyes of society, Yann and Valérie do not work, yet they have set up a community activity in a vulnerable neighborhood of Perpignan and are trying to find their place outside the mainstream. Their skill: resourcefulness. They are ambitious and dream of setting up a social integration project to create jobs, to create their own jobs, thanks to the community garden. Now their project is under threat because, since January 1, 2025, recipients of RSA (active solidarity income) must devote 15 to 20 hours per week to activities that promote their social or professional integration, such as volunteering in companies or training. This decision has sometimes disrupted the lives of beneficiaries, because since May 31, failure to comply with this obligation can result in a 30% reduction in RSA benefits, or even the total suspension of benefits.
The implementation of this measure, which has been left to the department and the CAF (family allowance fund), can be tedious: beneficiaries, like institutions, sometimes lack information about this new support, and some find themselves deprived of their main source of income.