Les Retrouvailles
Je ne sais pas s'il est juste de parler de retrouvailles. C'est pourtant le cas à deux titres : c'est la deuxième fois que je me rends à Hoï An et je vais y revoir ma soeur et son boy-friend, installés au coeur de ses rizières depuis plusieurs mois. Un saut de puce depuis Taipei où je passe moi-même une partie de cette année 17. Et pourtant, tout est différent de cette première rencontre datant de moins de 2 ans. Une ville, un site, un lieu, un endroit ne s'aborde jamais vraiment de la même manière lorsque l'on y retourne. Et aussi lui accorde un peu de temps. Et enfin, la voit augmentée par la connaissance que d'autres en ont et partagent. Idéalement, on voit au-delà des évidences, voire des apparences. D'une certaine manière, on voit au-delà de ce qui nous y a conduits la première fois. La joliesse de son coeur historique et de ses maisons aux façades jaunes, aux volets vert, marron, turquoise... L'image d'Epinal.
Hoï An, au centre du Vietnam, à une trentaine de kilomètres affolants de Da Nang la montante, est en effet un historique port de pêche posé sur la rivière Thu Bon, très affairé jusqu'au 19e siècle. Elle est aujourd'hui une escale incontournable des visiteurs du pays, qui y passent généralement une paire ou un trio de jours à arpenter les ruelles de la vieille ville, si bien préservée qu'elle est inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1999, et où, à côté des maisons traditionnelles locales, se déploient des bâtiments en bois ou en briques à l'architecture chinoise, japonaise et française, témoins des influences étrangères passées.
J'ai bien sûr traversé cet aimant esthétique à plusieurs reprises au cours de ces deux semaines mais je l'ai rapidement oublié. Mon attention s'est translatée, à vélo, à pieds, en scooter, à la nage... Mon regard s'est tourné vers l'extérieur, vers la périphérie de la cité : vers ses campagnes où l'on se marie à même la terre et collectionne la paille ; vers son singulier cimetière Dia Duy aux tombes hors sol et aux couleurs vivifiantes ; vers son incroyable et craquant pont de bambou long de 320 mètres ; vers ses artisans minutieux créateurs de rêves, de tapis volants et autres bateaux de pêche ; vers ses routes de folie où défile la vie en cinémascope ; vers sa grande voisine Da Nang de béton, de dragon, d'impulsions et d'explosions ; vers ses crépuscules indiscrets et constructifs ; vers sa plage de Cua Dai - menacée car en voie d'érosion immobilière -, à 5h55, où les matinaux viennent admirer le lever du soleil sur la Mer de Chine méridionale, où les amitiés se scellent, où l'on s'exerce à la vie à son rythme, où l'on prépare sa prochaine évasion maritime ; et encore vers ses rizières gorgées d'eau et fraîchement ensemencées pour la deuxième récolte de riz ; vers sa plage d'An Bang où l'on se baigne en masse, se prélasse, et grignote en famille avant que le ciel, généreux, esthète et puissant, ne nous joue sa dernière symphonie !
The reconnection
I don't know if it's fair to talk about reconnection. However, this is the case in two ways: this is the second time I have been to Hoi An, in Vietnam, and I will see my sister and her boyfriend again, who have been living in the heart of her rice fields for several months. A flea jump from Taipei where I spend part of this year 17 myself. And yet, everything is different from this first meeting less than 2 years ago. A city, a site, a place, a place, a location is never really approached in the same way when you go back there. And also give him some time. And finally, it is enhanced by the knowledge that others have and share. Ideally, we see beyond the evidence, even appearances. In a way, we see beyond what led us there the first time. The beauty of its historic heart and its houses with yellow facades, green, brown and turquoise shutters... The image of Epinal.
Hoi An, in the centre of Vietnam, about thirty frightening kilometres from Da Nang the Rising, is indeed a historic fishing port on the Thu Bon River, very busy until the 19th century. Today, it is an unavoidable stopover for visitors of the country, who generally spend a pair or three days walking along the streets of the old town, so well preserved that it has been listed as a UNESCO World Heritage Site since 1999, and where, alongside the traditional local houses, you can admire wooden or brick buildings with Chinese, Japanese and French architecture, witnesses of past foreign influences.
Of course, I crossed this aesthetic magnet several times during these two weeks but I quickly forgot about it. My attention has shifted, by bike, on foot, by scooter, swimming... My eyes turned to the outside, to the outskirts of the city: to its countryside where people marry on the ground and where we collect straw; to its unique Dia Duy cemetery with its above-ground tombs and invigorating colours; to its incredible and crackling bamboo bridge 320 metres long ; to its meticulous craftsmen who create dreams, flying carpets and other fishing boats; to its roads of madness where life passes in cinemascope; to its great neighbour Da Nang of concrete, dragon, impulsions and explosions; to its indiscreet and constructive twilight; to its beach at Cua Dai - threatened because it is undergoing real estate erosion - at 5:55 am, where early risers come to admire the sunrise on the South China Sea, where friendships are sealed, where people practice life at their own pace, where one prepares his next maritime escape; and again to its waterlogged and freshly seeded paddies for the second rice harvest; to its An Bang beach where you can swim, relax, and nibble with your family before the sky, generous, aesthetic and powerful, plays its last symphony for us!