Département 101 (En cours)
Un mois après le passage du cyclone Chido, Maore se remet debout et fait face aux mêmes problèmes qu'avant Chido, exacerbés.
Le département le plus pauvre de France est la maison de plus de 150.000 enfants, soit la moitié de la population de l'île. Ces enfants se trouvent obligés de faire face aux problèmes dont la racine est hors de leur portée, ainsi que de leurs parents.
Dans une telle précarité économique les enfants se trouvent à passer la majorité de leur temps à l'extérieur de la maison, dans les villages et quartiers. Leurs amitiés deviennent profondes au sein d'un même quartier. Des rivalités commencent entre les groupes d'amis de différents villages et quartiers : souvent la raison initiale de la rivalité est oubliée, or la violence entre les groupes est perpétuée. Des enfants de différents quartiers et villages se trouvent dans les mêmes écoles et lycées. Parfois des tensions s'élèvent.
Des parents sans papier courent le risque d'un contrôle policier devant l'école où ils viennent pour récupérer leurs enfants. Ces contrôles se font de plus en plus systématiquement. Cela veut parfois dire que l'enfant ne peut pas sereinement aller à l'école, si le trajet implique de passer par un village ou quartier rival, où l'enfant reçoit parfois des menaces de mort.
Le revenu mensuel moyen sur l'île est de 200 euros. Beaucoup de familles pratiquent de l'agriculture à petite échelle pour se nourrir et vendre l'excès. Les enfants aident leurs parents dans les petits terrains.
Certains enfants font face à ces difficultés, et à bien d'autres, dont la xénophobie anti-comorienne et et plus "anti-africaine" s'ils sont issus de l'immigration, sans être accompagnés de leurs parents, et pour cause l'expulsion de ceux-ci.
Dans ce contexte les enfants vivent et grandissent, sans que le futur apparaisse meilleur : ces difficultés qui affectent l'éducation sur l'île rendent peu envisageable une sortie éventuelle. Les aspirations de devenir ingénieur ou expert comptable ne pourront pas se réaliser pour la plupart, vivre en métropole ne sera pas possible pour la plupart, et la situation sur l'île ne présente aucun signe de changement possible à l'heure actuelle.
Pourtant, les enfants dansent le hip-hop, les entraînements de foot se poursuivent, les mariages reportés à cause du Chido reprennent. La vie continue, même si l'on se demande si elle n'est pas en train de nous glisser entre les mains.
Department 101 (Work in Progress)
A month after Cyclone Chido hit, Maore is getting back on its feet, facing the same problems as before—only worse.
France’s poorest department is home to more than 150,000 children, making up half of the island’s population. These children are forced to deal with issues whose roots are far beyond their reach, as well as their parents’.
In such economic hardship, children spend most of their time outside the home, in villages and neighborhoods. Their friendships grow deep within the same area. Rivalries emerge between groups of friends from different villages and neighborhoods. Often, the initial cause of the conflict is forgotten, yet the violence between groups continues. Children from different areas find themselves in the same schools and high schools. At times, tensions rise.
Undocumented parents risk being stopped by the police right outside the school where they come to pick up their children. These checks are becoming increasingly systematic. This sometimes means that a child cannot safely attend school if the journey involves passing through a rival village or neighborhood—where they might even receive death threats.
The average monthly income on the island is 200 euros. Many families practice small-scale farming to feed themselves and sell the surplus. Children help their parents on small plots of land.
Some children face these difficulties—and many others, including anti-Comorian and more broadly anti-African xenophobia—without the support of their parents, due to their expulsion.
This is the reality in which these children live and grow up, without any sign of a better future. These struggles affect education so profoundly that an eventual way out seems unlikely. Aspirations of becoming an engineer or an accountant will remain out of reach for most. Moving to mainland France will not be possible for most. And for now, there is no sign that the situation on the island will change.
And yet, the children dance to hip-hop. Football training continues. Weddings that were postponed because of Chido are taking place again. Life goes on, even if it sometimes feels like it’s slipping through our fingers.