CE SABLE EST LE NÔTRE - TRIPOLI - LIBYE
CE SABLE EST LE NÔTRE*
Travail mené grâce à la collaboration avec Mohammed Elkhoja
Depuis le 4 avril 2019, Le Maréchal Haftar qui dirige l'armée nationale libyenne (LNA) mène une offensive sur la ville de Tripoli.
Dans un vaste no man's land, la ligne de front serpente autour de l'aéroport international sur 5 axes : Swani, Airport, Salal Al Din, Ain Zara, Wadi Rabi. Là, des combattants souvent très jeunes, regroupés en petites brigades, tentent depuis 8 mois de résister aux offensives de l'homme fort de l'est. Certes, il y a quelques tanks, des lance-roquettes, mais la plupart des hommes ne sont armés que de kalachnikovs hors d'âge. Face aux bombardements des mirages et aux attaques meurtrières des drones, ils n'ont d'autres choix que de laisser l'ennemis prendre du terrain qu'ils regagneront peut-être lors de combats terrestres souvent meurtriers.
J'ai voulu rencontrer ces hommes devenus combattants et questionner la perception que nous avons en occident et notamment en France, de ces "milices". En l'occurrence celles de Misurata qui ont participé à la Révolution contre Kadhafi, puis sont allées combattre Daesh à Syrte. Ces « vieux » soldats d'à peine plus de trente ans rejoints dans le combat par leurs jeunes frères, leurs cousins ou leurs voisins. Une dernière bataille, espèrent-ils, mais cette fois pour Tripoli. Cette ville prise dans l'étau des attaques si proches, rongée par des années de guerre, et vers laquelle refluent les familles fuyant les bombardements.
Tripoli pourtant témoigne encore de sa résistance alors que le son de la mitraille résonne chaque nuit dans les chambres à coucher.
Mais pour combien de temps encore ?
Tripoli, décembre 2019.
* Cette phrase vient de mon ami Mohammed Elkhoja alors que nous passions à un check-point constitué d'un monticule de sable. Il l'a prononcée en arabe, pour lui-même.
THIS SAND IS OURS - TRIPOLI - LIBYA
THIS SAND IS OURS*
Work in collaboration with Mohammed Elkhoja
Since 4 April 2019, General Khalifa Haftar, who leads the Libyan National Army (LNA), is leading an army offensive on the city of Tripoli.
In a vast no man's land, the front line winds around the international airport on 5 axes: Swani, Airport, Salal Al Din, Ain Zara, Wadi Rabi. There, fighters often very young, grouped in small brigades, have been trying for 8 months to resist the attacks of the strong man from the east. There are some tanks, rocket launchers, but for the most part they are armed only with Kalashnikovs in a state of disrepair. Confronted with the shelling of Mirages and deadly drone attacks, they have no choice but to let the enemy gain ground that they may regain in often deadly terrestrial fights.
I wanted to meet these men who had become combatants and question the perception we have in the Western world, especially in France, of these "militias". In particular, the brigades of Misurata who took part in the Revolution against Gaddafi and then went to fight Daesh in Sirte. These "old" fighters barely over thirty years old, are now joined in the battle by their younger brothers, siblings or neighbors. One last battle, they hope, but this time for Tripoli. This city caught in the stranglehold of the attacks so close by, plagued by years of war, and to which families fleeing the bombings are forced to flock.
Yet Tripoli still resists as the sound of machine-gun fire echoes every night in the bedrooms of its inhabitants.
But how much longer?
Tripoli, December 2019.
* This sentence comes from my friend Mohammed Elkhoja as we passed a checkpoint made up of a mound of sand. He pronounced it in Arabic, to himself.