3 days in East Sussex
Si l?on regarde les albums de photos de mariage traditionnelles, le consensuel est généralement de mise dans les choix de prise de vue et de traitement technique. On a tous en tête ces clichés du couple amoureux posant en intérieur et en extérieur, ces photos des décors de table, de la voiture des mariés, des pétales de rose, des alliances, des demoiselles d?honneur souriantes dans leurs jolies robes? Le tout dans une ambiance lumineuse douce et pastelle. Ces photos, une fois bien rangées dans un album, constituent la trace visuelle durable de l?événement, et sont montrées à l?entourage, vues, revues et laissées comme témoignage aux générations suivantes. Elles sont alors une interprétation du mariage, proposée par un photographe professionnel selon des codes visuels connus et consensuels. Elles finissent par toutes se ressembler d?un mariage à l?autre, comme un témoignage universel du sentiment amoureux capté selon des règles pré-établies.
J?ai choisi de photographier un mariage. J?ai essayé de m?éloigner de cette normalisation dans la manière de photographier ce type d?événement pour laisser une autre trace. Une trace qui complèterait celle du photographe professionnel, et qui viendrait ainsi élargir la couverture de cet événement, et par conséquent enrichir sa mémoire. Ces photos incarnent mon souvenir personnel de ce mariage, qui est très probablement différent de celui des mariés ou des invités. Chacun a une perception unique. Il s?agit ici de l?expression photographique de ma perception de ce mariage et de la trace émotionnelle qu?il m?a laissé. J?ai voulu ainsi détourner la mythologie tissée autour de la mémoire collective d?un mariage, en prenant le contre-pied par l?humour et la mise en lumière d?instants empreints d?absurdité : garçonnets ivres, demoiselles d?honneur coquines et fantomatiques, femme aussi crispée que sa robe et son sac sont fleuris, spectateurs de dos, fillette qui se contorsionne d?ennui et de fatigue, etc.
J?ai opté pour le noir et blanc, car il symbolise le temps qui se fige, laissant une trace intemporelle aux amoureux qui se font des v?ux d?éternité.
3 days in East Sussex
If one looks at traditional wedding photo albums, consensual is usually the order of the day in the shooting and technical treatment choices. We all have in mind these pictures of the couple in love posing indoors and outdoors, these pictures of table decorations, the car of the bride and groom, rose petals, wedding rings, smiling bridesmaids in their pretty dresses...
These photos, once neatly stored in an album, constitute the lasting visual trace of the event, and are shown to the entourage, seen, reviewed and left as testimony to the following generations. They are then an interpretation of the wedding, proposed by a professional photographer according to known and consensual visual codes. They all end up looking the same from one marriage to another, as a universal testimony of the feeling of love captured according to pre-established rules.
I chose to photograph a wedding. I tried to move away from this normalization in the way of photographing this type of event to leave another trace. A trace that would complement that of the professional photographer, and which would thus expand the coverage of this event, and therefore enrich his memory. These photos embody my personal memory of this wedding, which is most likely different from that of the bride and groom or guests. Everyone has a unique perception. This is the photographic expression of my perception of this marriage and the emotional trace it left me. I wanted to divert the mythology woven around the collective memory of a marriage, taking the opposite step by humor and the highlighting of moments imbued with absurdity: drunken boys, naughty and ghostly bridesmaids, woman as tense as her dress and bag are flowery, spectators of backs, girl who contorts herself with boredom and fatigue, etc.
J?ai opté pour le noir et blanc, car il symbolise le temps qui se fige, laissant une trace intemporelle aux amoureux qui se font des v?ux d?éternité.