Odyssées, les passagers - Croisièristes
Les croisiéristes apparaissent comme des silhouettes en errance, passagers d’un voyage qui semble n’avoir ni origine ni destination. À travers les fenêtres, les hublots et les parois vitrées des paquebots, leurs gestes s’inscrivent dans une temporalité flottante. Dans ces instants suspendus, ils ne sont plus seulement des voyageurs, mais des figures intemporelles, comme détachées de leur propre réalité.
Le navire devient alors un théâtre clos, un espace artificiel où s’éprouve une autre forme de temps : une dérive hors du monde. Dans les reflets, les éclairages tamisés, les vitres embuées, leurs présences convoquent une mémoire picturale. Elles rappellent la gravité des visages de la peinture de la Renaissance ou des fresques anciennes - transposées ici dans les couloirs étroits, les salles de restaurant, les cabines éclairées par des lumières froides.
À travers eux, j’explore une énigme : comment l’instant le plus banal - un repas pris seul, un regard vers le quai, un geste d’ennui - peut-il contenir une force d’éternité ? Cette série documente ces moments infimes, où le quotidien devient tableau, où le transit devient scène, où la croisière révèle moins le voyage que l’attente, la pause, l’entre-deux.
THE CRUISE PASSENGERS - ODYSSEYS
The cruise passengers appear as wandering silhouettes, travellers on a journey that seems to have neither origin nor destination. Seen through the windows, portholes and glass surfaces of the ships, their gestures unfold within a drifting, floating temporality. In these suspended instants, they are no longer simply travellers but timeless figures, as if detached from their own reality.
The ship becomes a closed theatre, an artificial space in which another kind of time takes shape — a drift outside the world. In the reflections, the dim lights and the misted glass, their presence evokes a pictorial memory. They recall the gravity of Renaissance portraits or ancient frescoes, transposed into the confined, artificial spaces of contemporary cruising — narrow corridors, dining rooms, cabins lit by cool ambient light.
Through them, I explore a central question: how can the most ordinary moment — a solitary meal, a glance toward the quay, a gesture of boredom — contain a force of eternity? This series documents these fleeting scenes where the everyday becomes tableau, where transit becomes theatre, and where the cruise reveals less the journey than the pause, the waiting, the in-between.