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Les fadas du Mont Ventoux
Les fous du Ventoux.
Un beau jour de juin, 6 heures du matin. Jean, Lucien et Marc vérifient une dernière fois les réglages de leurs vélos. Quelques en-cas glissés dans la poche de leur maillot aux couleurs du Club cyclotouriste Malaucène Ventoux, et les voici prêts à entamer l'ascension du Ventoux. Comme eux, chaque année, des centaines de passionnés de la Petite Reine viennent du monde entier se mesurer avec une légende. Et la belle journée qui s'annonce verra une fois de plus de nombreuses grappes de cyclistes pédaler sur les pentes de cette curiosité géologique.
Véritable montagne plantée au beau milieu d'une campagne provençale plutôt plate, le Mont Ventoux culmine à 1912 mètres. L'ombrage des pins qui bordent les premiers lacets est trompeur : c'est un paysage lunaire, d'un blanc éclatant qui attend d'ailleurs les téméraires au sommet. Le Ventoux ne fait jamais de cadeaux. Le vent, le froid, la chaleur, l'orage peuvent être au rendez-vous quel que soit le jour de l'année. Lors des premiers tours de pédales, il peut faire 30° à l'ombre des platanes de Malaucène ou de Bédouin, les deux villages qui s'accrochent à ses pieds... et pas plus de 6° en haut, un froid saisissant pour des organismes ayant donné toutes leurs forces au cours d'une montée impressionnante.
L'ascension la plus dure est celle qui se fait par Bédouin, sur le versant sud : plus de 21 kilomètres avec une pente qui affiche un pourcentage moyen de 7,5% et un dénivelé de 1600 mètres. Bien que
souvent bien préparés et juchés sur des vélos ultralégers, tous les courageux qui pédalent pour la première fois sur ses pentes admettent le caractère hors normes du Mont Ventoux.
Cinq cents vélos par jour
Lors d'une courte pause à mi-parcours, Lucien nous confie que lui et ses amis ne font l'ascension que trois ou quatre fois par an : « Ce n'est pas que nous sommes lassés, mais notre passion pour le vélo nous pousse à aller voir ailleurs, quand même ! Et, finalement, ainsi, nous ne l'apprécions que mieux ; on peut vous affirmer que le Ventoux est plus difficile que les cols des Alpes », conclut-il avec fierté. Un peu plus loin dans la conversation, ils feront part de leurs regrets devant le manque de discipline de certains cyclistes de passage... Le Ventoux serait-il victime de son succès ? « On est de plus en plus dans la performance, assènent les deux cyclotouristes. Certains viennent ici uniquement pour faire un chrono, prennent des risques, et donnent une mauvaise image du vélo ».
Trop de monde sur le Ventoux ? Certains ne sont pas loin de le penser. On peut y compter jusqu'à cinq cents vélos par jour. Parmi cette cohorte d'amateurs, on peut y voir des inconscients, attaquant la montée sans aucune préparation physique, pédalant en espadrilles sur des vélos premiers prix achetés il y a dix ans au supermarché du coin. Quitte à payer un tribut aussi lourd que celui du britannique Tom Simpson, qui mourra lors du Tour de France 1967, terrassé par la chaleur et l'abus de substances illicites à moins d'un kilomètre du sommet?
Le Mont Ventoux, Bruno Paul le connaît par coeur. Ce jeune quinquagénaire habite sur ses flancs, à près de 1500
mètres d'altitude. Employé par la DDE du Vaucluse, il est affecté à l'entretien du long ruban bleu qui serpente jusqu'au sommet : « Cycliste moi-même, je peux vous assurer que je la bichonne, la route ! Il m'arrive de m'arrêter en pleine ascension pour dégager un caillou que je juge gênant pour les autres cyclistes... ». On pourrait parier que le vélo est une passion d'enfance pour Bruno : « Pas du tout, j'ai commencé à quarante ans ! Aujourd'hui, je monte plusieurs dizaines de fois dans l'année, et je mets un point d'honneur à faire l'ascension chaque 1er janvier. Il m'est arrivé une fois de descendre très tôt le matin en vélo jusqu'à Malaucène pour acheter les croissants et les ramener à ma femme avant qu'elle ne se réveille ».
Les cinglés du Ventoux
Passionné du Ventoux, Christian Pic l'est assurément, lui aussi. Président du Club des Cinglés du Mont Ventoux, il anime cette sorte de club réservé aux cyclotouristes sportifs. « Des obsédés de la Petite Reine, précise-t-il, qui effectuent dans la même journée l'ascension par les trois routes principales : Bédouin, Malaucène et Sault. Nous remettons une carte de route à chaque participant, à charge pour lui de la faire tamponner auprès d'un commerçant ou des offices du tourisme dans les trois villages et au sommet, par le restaurant ou le magasin de souvenirs ». Une promenade de santé de près de 140 km, avec 4285 mètres de dénivelé dans les gambettes !
Et, pour les plus mordus, la distinction suprême : « Galérien du Ventoux ». On ajoute au parcours une ro
The madmen of Ventoux.
The madmen of Ventoux.
A beautiful June day, 6 a.m. Jean, Lucien and Marc check the settings of their bikes one last time. A few snacks slipped into the pocket of their jersey in the colors of the Malaucène Ventoux Cycling Tourist Club, and here they are ready to begin the ascent of Ventoux. Like them, every year, hundreds of Little Queen enthusiasts come from all over the world to compete with a legend. And the beautiful day ahead will once again see numerous clusters of cyclists pedaling on the slopes of this geological curiosity.
A real mountain planted in the middle of a rather flat Provençal countryside, Mont Ventoux peaks at 1912 meters. The shade of the pines which line the first bends is deceptive: it is a lunar landscape, dazzling white which awaits the daring at the summit. Le Ventoux never gives gifts. The wind, the cold, the heat, the storm can be there whatever the day of the year. During the first turns of the pedals, it can be 30° in the shade of the plane trees of Malaucène or Bédouin, the two villages which cling to its feet... and no more than 6° at the top, a startling cold for organisms having given all their strength during an impressive climb.
The hardest climb is the one via Bédouin, on the southern slope: more than 21 kilometers with an average slope of 7.5% and a drop of 1600 meters. Although
often well prepared and perched on ultralight bikes, all the courageous people who pedal for the first time on its slopes admit the extraordinary character of Mont Ventoux.
Five hundred bicycles per day
During a short break halfway through, Lucien confides to us that he and his friends only make the climb three or four times a year: ?It's not that we're tired, but our passion for cycling makes us pushes you to look elsewhere, all the same! And, finally, in this way, we appreciate it all the better; we can tell you that the Ventoux is more difficult than the passes of the Alps,? he concludes with pride. A little further on in the conversation, they will express their regrets at the lack of discipline of certain passing cyclists... Is Ventoux a victim of its success? ?We are more and more into performance,? assert the two cycle tourists. Some come here just to set a time, take risks, and give cycling a bad image.?
Too many people on Ventoux? Some people are not far from thinking so. There can be up to five hundred bicycles per day. Among this cohort of amateurs, we can see unconscious people, attacking the climb without any physical preparation, pedaling in sneakers on inexpensive bikes bought ten years ago at the local supermarket. Even if it means paying a price as heavy as that of the British Tom Simpson, who died during the 1967 Tour de France, overcome by the heat and the abuse of illicit substances less than a kilometer from the summit?
Bruno Paul knows Mont Ventoux by heart. This young fifty-year-old lives on its slopes, nearly 1,500
meters of altitude. Employed by the DDE of Vaucluse, he is assigned to the maintenance of the long blue ribbon which winds up to the summit: ?A cyclist myself, I can assure you that I take care of the road! I sometimes stop in the middle of a climb to remove a stone that I consider annoying for other cyclists...". We could bet that cycling is a childhood passion for Bruno: ?Not at all, I started when I was forty! Today, I climb several dozen times a year, and I make it a point to climb every January 1st. I once happened to go down very early in the morning by bike to Malaucène to buy croissants and bring them back to my wife before she woke up.?
The Ventoux weirdos
Passionate about Ventoux, Christian Pic certainly is too. President of the Club des Cinglés du Mont Ventoux, he runs this kind of club reserved for sporty cycle tourists. ?People obsessed with the Petite Reine,? he explains, ?who make the ascent on the same day via the three main routes: Bédouin, Malaucène and Sault. We give a route map to each participant, with the responsibility of having it stamped by a merchant or tourist offices in the three villages and at the summit, by the restaurant or the souvenir shop.? A health walk of almost 140 km, with 4285 meters of elevation in the legs!
And, for the most keen, the supreme distinction: ?Galérien du Ventoux?. We add to the route a ro