75 heures
Moscou - Ulan-Ude : 5641 km, 75 heures.
Le Transsibérien, c'est d'abord une rencontre avec le temps. Plusieurs dizaines d'heures en stock qu'il faudra écouler, les enchâssant les unes après les autres dans ces quelques centimètres carré de couchette, emmitouflé de draps dans lesquels les embruns de naphtaline poussiéreuse triomphent. Le Transsibérien, c'est aussi apprendre la patience et la cohabitation avec cette diablesse que j'avais jusqu'alors sans cesse fuis: l'immobilité. C'est aussi comprendre à l'aube de mes quarante ans, que l'immobilité est le sourire de la vitesse. Ce voyage est enfin semblable à un premier rendez-vous galant, on en revient enchanté avec le sentiment d'avoir encore tant de choses à se dire et l'impatience fébrile de se revoir.
Ces soixante-quinze heures furent interminables, celles me séparant des retrouvailles me paraissent déjà infiniment plus longues.
75 hours
Moscow - Ulan-Ude: 5641 km. 75 hours.
The Trans-Siberian is first and foremost an encounter with time. Several dozen hours in stock will have to be spent, putting them one after the other in these few square centimeters of bunk, wrapped in sheets in which dusty mothballs spray triumph. The Trans-Siberian is also learning patience and cohabitation with this devil I had hitherto constantly fled: immobility. I understood, at the dawn of my forty years of life, that immobility is the smile of speed. This trip is finally like a first date, we come back delighted with the feeling of having so much more to say to each other and the feverish impatience to see each other again.
These seventy-five hours were interminable, those separating me from the reunion seem already infinitely longer.