BRÉSIL - LE PAYS DU " FUTEBOL "
AU PAYS DU " FUTEBOL " -
Texte et Photos de Joao Luiz Bulcao
Mes premiers souvenirs d'enfance liés au "futebol" remontent à la fabuleuse finale de la Coupe du Monde de 1970, au Mexique ; des images transmises à la télé, en direct et en noir et blanc. À la fin du match Brésil-Italie, l'équipe de Pelé avait conquis son troisième titre de champion du monde.
J'avais sept ans. Mon pays vivait sous la dictature militaire, et le gouvernement profitait de cet événement pour créer un sentiment d'unité nationale et de fierté. Je me souviens d'avoir assisté au retour héroïque et victorieux de nos champions : ils défilaient les bras ouverts le long des avenues de Rio de Janeiro. En souvenir de ces événements, mon père avait soigneusement gardé les éditions hors-série de Manchete et Fatos&Fotos, des magazines qui me faisaient rêver avec leurs reportages.
Vingt-quatre ans plus tard, devenu photojournaliste, je couvrais à Rio, l'arrivée de la « Seleção » qui brandissait, dans les rues de la ville, un quatrième trophée remporté lors de la coupe du monde aux USA. La démocratie dans mon pays en était à ses premiers balbutiements. Et cette année-là, je quittais le Brésil pour m'installer à New York puis à Paris !
Depuis, je retourne régulièrement dans mon pays pour y réaliser des reportages, et le « futebol » est devenu l'un de mes sujets de prédilection. Lors de tous ces voyages, j'ai vu des hommes, des femmes et des enfants, tous âges confondus, jouer au ballon du nord au sud et de l'est à l'ouest dans ce pays continental. À chaque passe, drible et but, qu'ils soient ratés ou réussis, ces scènes de foot me rappellent mon enfance. Je photographie tous ces passionnés de foot sur les plages, dans les favelas, dans les rues, dans les prisons, dans les vestiaires et même jusqu'aux plateformes pétrolières. Je les croise ensuite dans les stades, non plus sur le terrain mais dans les tribunes, en tant que supporters acharnés de leurs équipes et de leurs idoles.
Mes idoles nourrissent encore l'imaginaire de tous ces joueurs anonymes. Mais combien sont-ils à en vivre? Un sur un million, diront les plus réalistes à devenir un Pelé, Zico, Romario, Ronaldo, Neymar ou d'autres célébrités qui viennent toutes de milieux défavorisés. Pour eux, le foot leur a offert une nouvelle chance. Mais l'ambition persiste dans tout le pays où nombre de gamins rêvent un jour de porter à leur tour le maillot jaune de leur équipe nationale.
Et peut-être que la performance de quelques joueurs contribuera à une nouvelle victoire collective et à faire oublier, provisoirement, les défaites plus intimes et quotidiennes de tout un peuple.
BRAZIL - IN THE LAND OF " FUTEBOL "
IN THE LAND OF " FUTEBOL " - Text and photos by Joao Luiz Bulcao
My first memories of childhood related to "futebol" go back to the fabulous 1970 World Cup soccer final in Mexico; images broadcasted on TV, live and in black and white. In the end of the Brazil-Italy match, Pele's team had won its third world championship title.
I was seven years old. My country was living under a military dictatorship, and the government used the event to create a sense of national unity and pride. I remember watching the heroic and victorious return of our champions: they paraded with open arms along the avenues of Rio de Janeiro. In memory of those events, my father had carefully kept the special editions of Manchete and Fatos&Fotos, the magazines which made me dream with their stories.
Twenty-four years later, when I became a photojournalist, I was covering the arrival of the "Seleção" in Rio, which was celebrating in the streets of the city the fourth trophy won in the World Cup in the USA. Democracy in my country was in its early stages of development. And that year, I left Brazil to move to New York and then to Paris!
Since then, I've been returning regularly to my country to do feature stories, and "futebol" has become one of my favorite subjects. During all those trips, I have photographed men, women and children of all ages playing "futebol" from north to south and from east to west in this continental country. With every assistance, dribble and goal, either missed or scored, this soccer scenes reminds me of my childhood. I photographed all these soccer fans on the beaches, in the favelas, in the streets, in the prisons, in the locker rooms and even up to the oil rigs. Then I met them in the stadiums, no longer on the field but in the stands, as passionate supporters of their teams and their idols.
My idols still feed the imagination of all those anonymous players. But how many make their living from it? One in a million, the most realistic will say to become a Pele, Zico, Romario, Ronaldo, Neymar...or other celebrities who all come from underprivileged origins. With soccer, they have been granted a new chance. But the ambition persists across the country where many kids dream of one day wearing the yellow jersey of their national team.
And maybe the performance of a few players will contribute to a new collective victory and perhaps make people temporarily forget the more intimate and daily defeats of an entire people.