Dans l'ombre de la guerre
Ce reportage a été initié par la lecture d'un article consacré au Soudan paru dans un quotidien : je pris connaissance des prémisses d'un conflit armé et d'une crise humanitaire tenace mais oubliée. Très peu d'informations filtraient alors dans les médias. Il me fallut de nombreux appels avant de tomber sur le bon interlocuteur : celui qui fit de ce reportage un projet possible.
Suite à de nombreux échanges et négociations, les choses se précisent enfin : le laissé-passé, la voiture, l'essence, un chauffeur et un guide pour mon projet dans les monts Nouba sont assurés. Je contacte alors mon agence pour savoir si elle me suit. Le directeur, Franck Medan, me le confirme. Entre temps, j'envoie le synopsis à différentes rédactions. Une me répond. Ce sera la bonne. Le journaliste, Olivier Tallès, de « La Croix » a le même projet. Nous décidons de partir ensemble et de partager les frais.
Le 5 mai, nous franchissons clandestinement la frontière via le Sud Soudan pour rejoindre les collines des monts Nouba quotidiennement bombardées par Khartoum. Depuis l'élection contestée du gouverneur Abdelaziz Al-Hilu (parti du Congrès National, au pouvoir à Khartoum) face au candidat du MLPS (formation politique de l'APLS-Nord) en mai 2011, on recense des centaines de morts entre l'armée soudanaise e l'Armée Populaire pour la Libération du Soudan Nord. Pourtant dans cette zone reculée, sans route ni électricité et malgré les assauts de l'armée de Khartoum, les soldats du SPLA-Nord* tiennent en respect l'armée Soudanaise. Mais leur résistance se fait au prix d'une situation humanitaire très préoccupante.
Ici le son de l'Antonov, un avion de fabrication russe, résonne fréquemment dans le ciel si bien que les enfants ont appris à le reconnaître : le bourdonnement de ses moteurs présage les pilonnages. Il n'y a pas de distinctions entre civils et rebelles. Maisons, hôpitaux ou écoles sont détruits.
C'est dans l'unique hôpital des monts Nouba que j'ai pu observer leurs méfaits. Chaque mois une centaine de blessés parmi lesquels de nombreux civils sont accueillis. C'est dans des couloirs où s'empilent les lits que le chirurgien, Tom Catena, gère comme il peut l'afflux de blessés. Certains arrivent brûlés par les bombes incendiaires, la chair à vif, d'autres victimes, des éclats d'obus dans le corps, nécéssiteront dans les cas les plus graves une amputation.
Ces heurts ont provoqué le déplacement de pas moins de 50 000* personnes réfugiées à Yida au Soudan du Sud alors que d?autres sont bloquées dans les monts Nouba et ont trouvé un abri précaire dans des grottes.
C'est au Sud de la région que j'ai rencontré ces familles vivant à l'intérieur d'abris rocheux. En février dernier, leur village, Buram, a été le théâtre d'une bataille entre les forces armées du régime de Khartoum et les rebelles du Mouvement de la libération des peuples du Soudan-Nord (SPLM-N). En quelques heures cette localité n'était plus qu'un vaste champ de ruine. Depuis les villageois manquent de tout et surtout de nourriture. Pour survivre, ils cueillent des racines, des fruits et des feuilles qu'ils font bouillir toute une journée avant de pouvoir les manger. Lentement ces derniers glissent vers une situation humanitaire inquiétante, indice d'une crise en devenir.
In the shadow of war
Ce reportage a été initié par la lecture d'un article consacré au Soudan paru dans un quotidien : je pris connaissance des prémisses d'un conflit armé et d'une crise humanitaire tenace mais oubliée. Très peu d'informations filtraient alors dans les médias. Il me fallut de nombreux appels avant de tomber sur le bon interlocuteur : celui qui fit de ce reportage un projet possible.
Suite à de nombreux échanges et négociations, les choses se précisent enfin : le laissé-passé, la voiture, l'essence, un chauffeur et un guide pour mon projet dans les monts Nouba sont assurés. Je contacte alors mon agence pour savoir si elle me suit. Le directeur, Franck Medan, me le confirme. Entre temps, j'envoie le synopsis à différentes rédactions. Une me répond. Ce sera la bonne. Le journaliste, Olivier Tallès, de « La Croix » a le même projet. Nous décidons de partir ensemble et de partager les frais.
Le 5 mai, nous franchissons clandestinement la frontière via le Sud Soudan pour rejoindre les collines des monts Nouba quotidiennement bombardées par Khartoum. Depuis l'élection contestée du gouverneur Abdelaziz Al-Hilu (parti du Congrès National, au pouvoir à Khartoum) face au candidat du MLPS (formation politique de l'APLS-Nord) en mai 2011, on recense des centaines de morts entre l'armée soudanaise e l'Armée Populaire pour la Libération du Soudan Nord. Pourtant dans cette zone reculée, sans route ni électricité et malgré les assauts de l'armée de Khartoum, les soldats du SPLA-Nord* tiennent en respect l'armée Soudanaise. Mais leur résistance se fait au prix d'une situation humanitaire très préoccupante.
Ici le son de l'Antonov, un avion de fabrication russe, résonne fréquemment dans le ciel si bien que les enfants ont appris à le reconnaître : le bourdonnement de ses moteurs présage les pilonnages. Il n'y a pas de distinctions entre civils et rebelles. Maisons, hôpitaux ou écoles sont détruits.
C'est dans l'unique hôpital des monts Nouba que j'ai pu observer leurs méfaits. Chaque mois une centaine de blessés parmi lesquels de nombreux civils sont accueillis. C'est dans des couloirs où s'empilent les lits que le chirurgien, Tom Catena, gère comme il peut l'afflux de blessés. Certains arrivent brûlés par les bombes incendiaires, la chair à vif, d'autres victimes, des éclats d'obus dans le corps, nécéssiteront dans les cas les plus graves une amputation.
Ces heurts ont provoqué le déplacement de pas moins de 50 000* personnes réfugiées à Yida au Soudan du Sud alors que d?autres sont bloquées dans les monts Nouba et ont trouvé un abri précaire dans des grottes.
C'est au Sud de la région que j'ai rencontré ces familles vivant à l'intérieur d'abris rocheux. En février dernier, leur village, Buram, a été le théâtre d'une bataille entre les forces armées du régime de Khartoum et les rebelles du Mouvement de la libération des peuples du Soudan-Nord (SPLM-N). En quelques heures cette localité n'était plus qu'un vaste champ de ruine. Depuis les villageois manquent de tout et surtout de nourriture. Pour survivre, ils cueillent des racines, des fruits et des feuilles qu'ils font bouillir toute une journée avant de pouvoir les manger. Lentement ces derniers glissent vers une situation humanitaire inquiétante, indice d'une crise en devenir.