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Epé-Ekpé : La pierre et l’identité du peuple guin
À Glidji-Kpodji, dans la région d’Aného, le souffle des ancêtres résonne chaque année entre les chants, les danses et les invocations du peuple Guin. Le 29 août 2024, comme depuis plus de trois siècles, la fête d’Epé-Ekpé a marqué le passage symbolique vers une nouvelle année. Cette célébration, considérée comme l’une des plus anciennes et significatives de l’Afrique de l’Ouest, est l’expression la plus profonde de l’identité Guin. Elle tire ses racines d’un long exode entamé au XVIIe siècle, lorsque ce peuple a quitté Notsé, au Ghana, pour fonder sa capitale spirituelle à Aného, au Togo.
Au cœur de cette fête se trouve la prise de la pierre sacrée, appelée Kpessosso, un rituel d’une portée spirituelle capitale. Conservée dans la forêt sacrée des 41 divinités, cette pierre est extraite selon un protocole ancestral lors d’une cérémonie nocturne appelée Ave Fonfon, en présence des prêtres, notables et initiés. La couleur de la pierre révélée annonce le destin de l’année à venir : abondance, conflits, paix ou épreuves. Elle est un miroir tendu par les esprits aux vivants. Mais Epé-Ekpé n’est pas qu’une célébration symbolique : c’est un acte de cohésion sociale, un moment de rassemblement des fils et filles Guin venus du Togo, du Ghana, et de la diaspora. La cérémonie porte en elle des valeurs profondément enracinées : la solidarité, l’équilibre entre le masculin et le féminin, la place de l’invisible dans la régulation du visible.
Plus qu’un rituel, Epé-Ekpé est un enseignement vivant, transmis par la parole, le chant, la gestuelle et la pierre. Chaque édition renouvelle le lien entre les vivants et leurs ancêtres, entre le monde physique et celui des esprits, entre l’histoire et le devenir. Dans un monde en mutation, cette célébration apparaît comme un rempart culturel, un signe de résilience et une affirmation de l’existence d’un peuple debout, en harmonie avec sa cosmogonie.
Epe-Ekpe: The Stone and the Identity of the Guin People
In Glidji-Kpodji, in the Aného region, the breath of the ancestors resonates each year through the songs, dances, and invocations of the Guin people. On August 29, 2024, as it has for more than three centuries, the festival of Epe-Ekpe marked the symbolic transition to a new year. This celebration, considered one of the oldest and most significant in West Africa, is the deepest expression of the Guin identity. It has its roots in a long exodus that began in the 17th century, when this people left Notse, Ghana, to found their spiritual capital in Aneho, Togo. At the heart of this festival is the taking of the sacred stone, called Kpessosso, a ritual of vital spiritual significance. Preserved in the sacred forest of the 41 deities, this stone is extracted according to an ancestral protocol during a nighttime ceremony called Ave Fonfon, in the presence of priests, notables, and initiates. The color of the revealed stone announces the destiny of the coming year: abundance, conflict, peace, or hardship. It is a mirror held up by the spirits to the living. But Epe-Ekpe is not just a symbolic celebration: it is an act of social cohesion, a moment of gathering for Guin sons and daughters from Togo, Ghana, and the diaspora. The ceremony embodies deeply rooted values: solidarity, the balance between masculine and feminine, and the place of the invisible in regulating the visible.
More than a ritual, Epe-Ekpe is a living teaching, transmitted through words, song, gestures, and stone. Each edition renews the bond between the living and their ancestors, between the physical world and the spirit world, between history and the future. In a changing world, this celebration serves as a cultural bulwark, a sign of resilience, and an affirmation of the existence of a people standing firm, in harmony with its cosmogony.