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Agriculteurs en colère dans le Gers
Au cœur du blocage, plusieurs syndicats agricoles sont présents, unis dans la mobilisation. Confédération paysanne, Coordination rurale et d’autres organisations locales ont mis de côté leurs divergences pour porter un message commun : l’agriculture paysanne est en danger. Une unité syndicale à la mesure de la gravité de la crise.
Lors de ce reportage, Sylvie Colas, secrétaire nationale de la Confédération paysanne, dresse un constat alarmant. Selon les chiffres qu’elle avance, « environ 20 % des exploitations sont aujourd’hui en faillite, et près de 40 % se trouvent en situation négative vis-à-vis de leurs banques ». Des données qui traduisent un malaise économique profond, particulièrement marqué dans les territoires ruraux comme le Gers.
Dans ce département, l’agriculture constitue le socle de l’économie locale. Pourtant, ceux qui nous nourrissent peinent de plus en plus à vivre de leur métier. Endettement chronique, charges élevées et revenus insuffisants rendent l’équilibre économique de nombreuses exploitations impossible.
La colère se cristallise autour d’une bureaucratie jugée hors-sol, lente et déconnectée des réalités du terrain. Les décisions se prennent loin des fermes, sans concertation réelle avec les agriculteurs, qui disent ne plus se sentir ni entendus ni respectés par les pouvoirs publics.
À cette pression administrative s’ajoutent les effets du changement climatique : maladies animales, aléas climatiques et pertes de production. Des solutions existent, comme la vaccination, mais elles tardent à être mises en œuvre. Face à ce qu’ils dénoncent comme une gestion défaillante de la crise par les autorités, les blocages se poursuivent.
Pour les syndicats mobilisés, la crise actuelle n’est pas sanitaire à l’échelle mondiale : elle est avant tout politique. Ils estiment qu’elle résulte de choix structurels et d’une gestion politique de la crise qui favorisent les grandes productions et l’agriculture intensive, au détriment des fermes locales et de l’élevage à taille humaine. Selon eux, les réponses apportées par les pouvoirs publics sont inadaptées et ne prennent pas en compte les spécificités des territoires ruraux.
Dans le Gers, l’agriculture repose majoritairement sur de petites exploitations. Ici, il n’y a pas de fermes industrielles à mille vaches. Les éleveurs entretiennent les paysages, font vivre les coteaux et préservent des races locales comme la Mirandaise, la Gascogne ou la Landaise. Leur disparition entraînerait celle d’un équilibre territorial fragile.
Le monde agricole vieillit. L’âge moyen des agriculteurs atteint aujourd’hui 55 ans, et la relève peine à s’installer, découragée par la dureté du métier et l’incertitude économique. Sans éleveurs, préviennent les manifestants, le territoire ne peut ni se développer ni se maintenir. Avec eux disparaîtront aussi les écoles, les services publics et la vie rurale.
Les consommateurs sont également concernés. Les agriculteurs rappellent que, dans le Gers, ils produisent sans hormones, sans OGM, dans le respect des normes sanitaires, tout en subissant une concurrence jugée déloyale liée aux importations à bas coût.
Les agriculteurs, éleveurs et paysans sont toujours là. Fatigués, inquiets, mais debout, ils annoncent qu’ils poursuivront les blocages tant qu’ils ne seront pas écoutés.
Angry Farmers in the Gers
For five days, the mobilization has continued. Along the roads leading into Lectoure, tractors stand still. Faces show signs of exhaustion, but determination remains intact. Farmers have occupied several major road axes in the Gers to draw attention to what they describe as an untenable situation.
At the heart of the blockade, multiple agricultural unions are present, united in protest. The Confédération paysanne, Coordination rurale and other local organizations have set aside their differences to deliver a common message: peasant farming is under threat. A level of union unity that reflects the seriousness of the crisis.
During this report, Sylvie Colas, national secretary of the Confédération paysanne, paints an alarming picture. According to figures she cites, “around 20% of farms are currently bankrupt, and nearly 40% are in a negative financial situation with their banks.” Data that reflect a deep economic malaise, particularly acute in rural territories such as the Gers.
In this department, agriculture forms the backbone of the local economy. Yet those who produce food are increasingly struggling to make a living from their work. Chronic debt, rising costs and insufficient income have made financial balance impossible for many farms.
Anger is focused on a bureaucracy described as slow, opaque and disconnected from the realities of farm life. Decisions are taken far from the fields, without real consultation with farmers, many of whom say they no longer feel heard or respected by public authorities.
Added to this administrative pressure are the effects of climate change: animal diseases, extreme weather events and production losses. Solutions exist, such as vaccination, but they have been slow to be implemented. In what protesters describe as a failure by authorities to properly manage the crisis, road blockades continue.
For the unions involved, the current crisis is not a global health crisis, but прежде all a political one. They argue that it stems from structural choices and political management that favor large-scale production and intensive farming, to the detriment of local farms and small-scale livestock operations. According to them, the responses provided by public authorities are inadequate and fail to take into account the specific realities of rural territories.
In the Gers, agriculture is largely based on small farms. There are no industrial-scale operations with thousands of cattle. Farmers maintain the landscapes, sustain hillside farming, and preserve local breeds such as Mirandaise, Gasconne and Landaise cattle. Their disappearance would mean the loss of a fragile territorial balance.
The farming population is also aging. The average age of farmers now stands at 55, and the next generation is struggling to take over, discouraged by the harshness of the profession and economic uncertainty. Without farmers, protesters warn, the territory cannot survive or develop. Schools, public services and rural life itself would also disappear.
Consumers are also concerned. Farmers emphasize that in the Gers they produce without hormones or GMOs, in compliance with health standards, while facing what they describe as unfair competition from low-cost imports.
Farmers, livestock breeders and peasants remain on the ground. Exhausted, worried, but standing firm, they say they will continue the blockades until they are heard.