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Portrait d’un éleveur à la retraite
Petite visite à mon voisin, le jour où la Dermatose Nodulaire Contagieuse commençait à se propager.
Ce soir, je suis allée voir mon voisin paysan, le jour où, en Ariège, les forces de l’ordre et des vétérinaires ont abattu un troupeau entier à cause de la Dermatose Nodulaire Contagieuse, malgré les protestations et la présence de manifestants réclamant de ne pas sacrifier tout le cheptel. Reconstruire la génétique de telles bêtes prend des décennies. Apparue en juin en France, cette maladie n’est pas transmissible à l’humain mais peut entraîner la mort des animaux. Abattre un troupeau entier pour une seule bête malade semble extrême.
Je voulais savoir comment il allait, entendre ses impressions. Son troupeau se porte bien, me rassure-t-il. Pour l’instant, le Gers semble épargné. Mais, comme beaucoup d’éleveurs, Jean-Pierre observe l’avenir avec inquiétude. « L’Europe soutient mal la filière », dit-il, et l’incertitude pèse lourd. L’Italie achète encore quelques veaux, mais cela ne suffit pas à calmer ses craintes.
Jean-Pierre est officiellement à la retraite… mais il n’a jamais vraiment quitté l’exploitation. Il continue par passion, par habitude, peut-être par nécessité. Ses vaches, il y tient plus que tout. Pour le moment, personne dans sa famille ne souhaite reprendre le flambeau : c’est trop dur, trop incertain… sauf sa petite-fille de dix ans, qui suit déjà ses pas et observe chaque geste avec fascination. L’avenir dira si la relève aura le courage.
Les sacrifices, eux, n’ont jamais cessé. Vivre de l’élevage, surtout quand les virus frappent comme la dermatose bovine, n’est jamais simple. Mais Jean-Pierre persiste. Chaque vache, chaque ferme, chaque geste et chaque solidarité compte dans le monde paysan. La tradition perdure, et dans nos villages, nous aimons nos paysans et les soutenons. C’est l’âme d’un pays… et sa santé.
Portrait of a retired farmer
A quick visit to my neighbor, on the day Contagious Bovine Nodular Dermatitis began to spread. This evening, I went to visit my farmer neighbor, on the same day that, in Ariège, law enforcement and veterinarians culled an entire herd due to Contagious Bovine Nodular Dermatitis, despite protests and the presence of demonstrators who urged them not to sacrifice the whole herd. Rebuilding the genetics of such animals takes decades. First reported in France in June, this disease is not transmissible to humans but can be fatal for the animals. Culling an entire herd for a single sick cow seems extreme.
I wanted to check on him, hear his thoughts. His herd is doing well, he reassures me. For now, the Gers remains spared. But like many farmers, Jean-Pierre watches the future with concern. “Europe does little to support the sector,” he says, and uncertainty weighs heavily. Italy still buys a few calves, but it is not enough to ease his worries.
Jean-Pierre is officially retired… but he has never truly left the farm. He continues out of passion, habit, and perhaps necessity. His cows mean more to him than anything. For now, no one in his family wants to take over—it’s too hard, too uncertain… except his ten-year-old granddaughter, who already follows in his footsteps, watching every gesture with fascination. Time will tell if the next generation has the courage.
The sacrifices have never stopped. Farming, especially when viruses like bovine nodular dermatitis strike, is never easy. But Jean-Pierre persists. Every cow, every farm, every gesture, and every act of solidarity matters in the farming world. Tradition endures, and in our villages, we love and support our farmers. They are the soul of a country… and its health.