Pour accéder à la série en entier, vous devez vous logger ou demander un compte Hans Lucas en cliquant ici.
Les Rencontres d'Arles avec Nan Goldin
Une soirée d’ouverture poétique et engagée aux Rencontres d’Arles 2025
La soirée d’ouverture des Rencontres d’Arles 2025 s’est déroulée sous le signe de l’émotion et de l’engagement, mêlant poésie visuelle, mémoire photographique et prises de parole puissantes.
Dès les premières minutes, le public a été transporté par une performance aérienne de la compagnie Gratte Ciel. Deux funambules ont dansé dans les airs, suspendus devant un immense écran où défilaient des images. Une mise en scène spectaculaire, ponctuée de jeux d’ombres sur les photos projetées, a captivé les quelque 2 500 spectateurs, venus nombreux jusqu’aux pieds de la scène pour assister à ce moment suspendu et à la venue exceptionnelle de Nan Goldin, lauréate du prix Women in Motion 2025, qui distingue les femmes photographes.
Après cette ouverture en apesanteur, place au Prix du Livre 2025, suivi d’un hommage vibrant à Sebastião Salgado. Sur grand écran, ses images puissantes ont résonné avec les mots de sa femme et de son fils, venus saluer l'engagement de ce photographe humaniste, inlassable défenseur des droits humains et de la nature. Un moment fort, empreint de respect, rappelant combien la photographie peut être un acte politique.
Puis Nan Goldin a fait son entrée. Avec l’humour malicieux qu’on lui connaît, elle a lancé :
« Je reçois un prix de la femme en mouvement alors que je peux à peine marcher ! »
À 71 ans, la photographe culte, fidèle des Rencontres, est revenue sur son lien intime avec le festival : c’est en 1987, au Théâtre Antique, qu’elle avait projeté pour la première fois en Europe The Ballad of Sexual Dependency, œuvre brute et bouleversante sur l’intimité, les amours et les addictions. C’est là qu’elle trouva sa forme définitive.
Mais cette fois, Goldin a choisi de projeter un autre cri, avec l’écrivain Édouard Louis : celui des populations civiles dans les territoires palestiniens. Des images déchirantes, suivies d’un dialogue percutant, ont résonné dans la nuit noire. Ensemble, ils ont dénoncé la guerre à Gaza et le silence assourdissant qui l’entoure.
« 75 000 Palestiniens sont morts. Alors, quelles vies comptent vraiment ? »
a-t-elle lancé, avant de conclure :
« Si nous ne prenons pas la parole, qui le fera ? »
Le Théâtre Antique en a tremblé. Cette soirée n’a pas seulement marqué le lancement d’un festival : elle a rappelé que l’art est un espace de résistance, un lieu où les voix trop souvent étouffées peuvent enfin se faire entendre.
Entre poésie aérienne, mémoire collective et colère politique, cette ouverture des Rencontres d’Arles 2025 restera gravée comme un moment rare. Nan Goldin, avec sa voix rauque et son regard indomptable, a rappelé une fois encore que la photographie peut et doit déranger, éveiller, faire bouger les lignes.
The Rencontres d'Arles International Photography Festival with Nan Goldin
A Poetic and Powerful Opening Night at the Rencontres d’Arles 2025
The opening night of the Rencontres d’Arles 2025 unfolded under the banner of emotion and commitment, blending visual poetry, photographic memory, and powerful statements.
From the very first moments, the audience was captivated by a breathtaking aerial performance by the Gratte Ciel company. Two tightrope artists floated gracefully through the air, suspended in front of a massive screen where images from the festival’s exhibitions were projected. A spectacular staging — with shadows dancing across the photographs — mesmerized the 2,500 spectators gathered at the foot of the stage, drawn by the promise of an unforgettable evening and the exceptional presence of Nan Goldin, recipient of the 2025 Women in Motion award honoring female photographers.
Following this ethereal beginning came the 2025 Book Awards, and then a heartfelt tribute to Sebastião Salgado. His powerful images filled the big screen, echoing the words of his wife and son, who spoke about the deep commitment of the humanist photographer — a tireless advocate for human rights and the environment. A solemn and moving moment that reminded everyone just how political photography can be.
Then came Nan Goldin’s turn to speak. With her signature mischievous humor, she quipped:
“I’m receiving a ‘Women in Motion’ award — yet I can barely walk!”
At 71, the legendary photographer and longtime friend of the festival reflected on her special connection with Arles: it was here, at the Théâtre Antique in 1987, that she first presented The Ballad of Sexual Dependency in Europe — a raw and haunting work on intimacy, love, and addiction. It was in Arles that the piece took its final form.
This time, however, Goldin brought a different kind of cry — alongside writer Édouard Louis — that of civilians in the Palestinian territories. Heart-wrenching images were followed by a sharp, emotional dialogue that pierced the night. Together, they condemned the war in Gaza and the deafening silence surrounding it.
“75,000 Palestinians are dead. So, whose lives really matter?” she asked, before concluding: “If we don’t speak up, who will?”
The Théâtre Antique shook. This wasn’t just a festival launch — it was a wake-up call, a reminder that art can be a form of resistance, a space where silenced voices are finally heard.
Blending aerial poetry, collective memory, and political outrage, the opening night of the Rencontres d’Arles 2025 will remain etched in memory. With her gravelly voice and unflinching gaze, Nan Goldin reminded us, once again that photography can, and must, disturb, awaken, and shift the lines.