Antigua, au rythme des volcans
En mars 2025, j’ai passé deux matinées à Antigua, ancienne capitale coloniale du Guatemala, nichée dans une vallée cernée de volcans. Fondée en 1543 et classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, cette ville à l’architecture baroque espagnole fut partiellement détruite par un séisme au XVIIIe siècle. Pourtant, elle a conservé une atmosphère singulière, presque suspendue dans le temps, où chaque pierre semble porter les traces d’un passé vibrant.
Je suis arrivée le 9 mars, au lendemain de la marche des femmes à Guatemala City. Embouteillages en route : résultat, j’ai mis 1h30 de plus que prévu pour arriver. Ce que j’ignorais encore, c’est que cette journée marquait déjà les premiers signes de la Semaine Sainte. La ville entrait doucement en effervescence : rues barrées, premières processions en préparation, parkings introuvables... Un conseil : oubliez la voiture, prenez des bus, comme je l’ai fait.
Ce jour-là, en début d’après-midi, j’avais réservé une excursion au volcan Pacaya — que je vous montrerai dans un prochain reportage. J’aurais aimé suivre la procession, mais chaque jour comptait. Pas le temps de changer le programme.
Le soir, éreintée par la randonnée, je suis montée sur la terrasse de mon hôtel. Et là… Le volcan Fuego s’est mis à gronder. C’est l’un des volcans les plus actifs d’Amérique centrale. Son éruption meurtrière de 2018, qui causa la mort de plus de 200 personnes, est encore dans toutes les mémoires.
Cette fois, l’éruption, bien que spectaculaire, fut maîtrisée : les autorités ont rapidement déclenché les alertes, certaines écoles ont été évacuées par précaution. La population a veillé, mais la nature s’est apaisée d’elle-même en fin de matinée le 10 mars.
À l’aube, je me suis levée pour photographier les fumerolles encore visibles, baignées dans la lumière chaude des premiers rayons de soleil, formant presque un visage de profil. Une expérience à la fois terrifiante et fascinante — où l’on se sent minuscule face à la respiration d’une montagne vivante.
Ce matin-là, j’avais aussi envie de m’adonner à la photographie de rue, de capter les scènes du quotidien, les jeux d’ombres et de couleurs, les textures des murs, la vie qui fourmille. Antigua regorge de détails et de nuances.
Parmi les lieux emblématiques : l’Arche de Santa Catalina. Ce vestige colonial, devenu symbole de la ville, a résisté à plusieurs tremblements de terre.
Le Guatemala est un pays de volcans. On y recense environ 300 structures volcaniques, dont 37 considérées comme de véritables volcans, et trois encore actifs. Antigua elle-même est encerclée par trois géants : Agua, Acatenango et Fuego.
Dans les rues, j’ai adoré observer les femmes mayas dans leurs huipiles brodés, les étudiants en fête, les fidèles en habits violets, les tapis de sciure colorée et d’offrandes — les "alfombras", créés à même le sol. Ces œuvres fragiles sont façonnées à la main pour être foulées par les pas des processions. Une offrande éphémère, sublime et généreuse, que l’on retrouve aussi dans les églises, très fournies en reliques religieuses.
Antigua, ce sont des églises et une culture multiples, ses marchés en effervescence, ses "chicken bus" décorés à la main, l’élégance discrète de ses habitantes, cette énergie profonde et vibrante — comme une prière en mouvement. Ici, la foi, la fête et la vie s’entrelacent sans cesse. Même au cœur du tourisme, la ferveur reste intacte.
Antigua, to the Rhythm of Volcanoes
In March 2025, I spent two mornings in Antigua, the former colonial capital of Guatemala, nestled in a valley surrounded by volcanoes. Founded in 1543 and listed as a UNESCO World Heritage Site, this city with its Spanish Baroque architecture was partially destroyed by an earthquake in the 18th century. And yet, it has retained a singular atmosphere, almost suspended in time, where every stone seems to carry the memory of a vibrant past.
I arrived on March 9, the day after the Women’s March in Guatemala City. Traffic jams on the road meant I was an hour and a half late getting there. What I didn’t know yet was that this day already marked the beginning of the Holy Week processions. The city was slowly coming to life: streets were being closed off, the first processions were being prepared, and parking was impossible to find... My advice? Forget the car, take the bus—like I did.
That afternoon, I had booked an excursion to the Pacaya Volcano, which I’ll show you in a future report. I would’ve loved to follow the processions, but every day mattered, and there was no time to change the plan.
That evening, exhausted from the hike, I climbed up to my hotel rooftop. And then... the Fuego Volcano began to rumble. It’s one of the most active volcanoes in Central America. Its deadly eruption in 2018, which claimed over 200 lives, still haunts many.
This time, though the eruption was dramatic, it was under control: authorities quickly issued alerts, and some schools were evacuated as a precaution. People stayed on alert, but nature calmed itself by late morning on March 10.
At dawn, I got up to photograph the lingering plumes of smoke, bathed in the warm light of the rising sun, forming what looked like a profile of a face. It was an experience both terrifying and mesmerizing—where you feel tiny in the presence of a living, breathing mountain.
That morning, I also felt like diving into street photography: capturing everyday scenes, the play of light and shadow, the textures of the walls, and the rhythm of daily life. Antigua is full of detail and color.
Among its landmarks is the Santa Catalina Arch. This colonial relic, now a symbol of the city, has withstood several major earthquakes.
Guatemala is a land of volcanoes. Around 300 volcanic structures have been recorded, 37 of which are considered true volcanoes—and three are still active. Antigua itself is encircled by three giants: Agua, Acatenango, and Fuego.
Wandering the streets, I loved observing Maya women in their embroidered huipiles, students celebrating, worshippers dressed in purple, and the colorful sawdust carpets—called alfombras—laid out on the ground. These fragile works of art are crafted by hand to be stepped on by the feet of the processions. An ephemeral, sublime, and generous offering, echoed in the richly adorned churches filled with religious relics.
Antigua is a place of many churches and many cultures—its bustling markets, hand-painted chicken buses, the quiet elegance of its women, and its deep, vibrant energy—like a prayer in motion. Here, faith, celebration, and daily life intertwine constantly. Even in the heart of tourism, the spirit of devotion remains untouched.