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Reflets Analogique
Une série d’une trentaine d’images réalisée avec un petit Minolta bon marché, trouvé dans un magasin de photos à Tanger après la panne de mon appareil numérique, au début de la formation. Je me souviens m’être sentie complètement perdue, désorientée, comme si je n’étais plus utile. Je m’étais rendue à Tanger pour un workshop, avec l’envie de flâner dans la ville et de saisir des reflets. Dès les premiers jours, sans mon numérique, ma seule option réalisable était de trouver quelque chose de bon marché qui fonctionne. Je ressors avec un petit Minolta Hi-Matic AF2 pour 50 €, un de ces appareils qui capturent le grain et l’aléatoire des couleurs, l’essence même de la photographie analogique dans toute sa simplicité. Je me suis alors lancée dans cette aventure intemporelle, avec l’espoir de capturer l’essence de Tanger et des villes alentour, accompagnée par le fruit du dragon, un compagnon de plusieurs de mes projets. C’était mon lien avec les autres, ma façon de me connecter aux gens de manière plus directe.
Mais le sort en a décidé autrement, et ce nouvel appareil m’a lâchée lui aussi. Plus d’appareil photo, juste moi, mes pensées, et ces villes du nord du Maroc aux mille contrastes. La frustration s’est peu à peu transformée en une sorte de déconnexion : chaque détail que j’aurais saisi à travers mon objectif devenait une image mentale, une réflexion intérieure qui n’avait plus besoin de support tangible. Mais j’avoue que c’était dur de ne pas photographier toutes ces couleurs.
Ces moments sans appareil ont révélé un autre voyage, celui d’une exploration intérieure. Sans la distance imposée par un objectif, j’ai redécouvert le Maroc avec une intensité nouvelle. Chaque ruelle, chaque échange, chaque mouvement devenait une scène gravée dans ma mémoire—non pas pour être partagée, mais pour être vécue pleinement.
Analog Reflections
A Series of Thirty Images Created with a Small, Inexpensive Minolta I Found in a Photo Shop in Tangier After My Digital Camera Broke Down at the Start of the Workshop. I remember feeling completely lost, disoriented, as if I had suddenly become useless. I had come to Tangier for a workshop, eager to wander through the city and capture its reflections. In the first few days, without my digital camera, my only realistic option was to find something inexpensive that worked. I walked out with a small Minolta Hi-Matic AF2 for €50, one of those cameras that captures grain and the randomness of colors—the very essence of analog photography in all its simplicity. So, I launched myself into this timeless adventure, hoping to capture the essence of Tangier and the surrounding towns, accompanied by the dragon fruit, a companion in several of my projects. It was my link to others, my way of connecting with people in a more direct way.
But fate had other plans, and this new camera broke down as well. No more camera, just me, my thoughts, and these northern Moroccan cities with their thousand contrasts. My frustration gradually transformed into a kind of disconnection: every detail I would have captured with my lens became a mental image, an inner reflection that no longer needed a tangible medium. But I admit, it was hard not to photograph all those colors.
These moments without a camera revealed another journey, one of inner exploration. Without the distance imposed by a lens, I rediscovered Morocco with a new intensity. Each alleyway, each exchange, each movement became a scene etched in my memory not to be shared, but to be fully experienced.