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Crise grecque
Crise grecque
Dans le hall de la petite école de Petroumi, dans la banlieue d?Athènes, une longue file d?attente d?hommes, de femmes et d?enfants s?étend jusque sur le trottoir. Plusieurs centaines de familles attendent ainsi la distribution de colis alimentaires. Une grande première avant les deux autres distributions prévues les jours suivants. Une grande première également pour Solidarité Populaire, le partenaire grec du Secours Populaire.
Haik Apamian, l?un de ses représentants, ne cesse d?aller et venir pour tenter de maintenir un semblant d?ordre dans la distribution. « C?est un jour très important, 400 personnes qui viennent aujourd?hui, ce sont en réalité 1000 personnes qui vont pouvoir bénéficier des colis au sein des familles. » Ismail Hassouneh, secrétaire national du secours populaire en charge de la solidarité internationale, travaille depuis de nombreuses années avec ce partenaire grec. « Très longtemps, nous nous sommes retrouvés partenaires sur des terrains difficiles, au Liban notamment. Puis, avec la crise économique et financière, et la situation très difficile de familles en Grèce qui se sont trouvées du jour au lendemain sans rien, nous avons progressivement décidé de venir travailler en Grèce. Il s?agit pour nous d?apporter notre aide mais aussi notre expérience et nos moyens. Ces distributions vont pouvoir aider 5000 familles. »
Anastasia, 29 ans, est designer à la ville. Depuis 2 ans, elle s?investit dans cette association grecque. Cet instant représente pour elle « un grand jour. C?est symbolique et important. Aujourd?hui, nous recevons l?aide de nos amis français. » Si Anastasia est aujourd?hui du côté des volontaires, elle subit les mêmes difficultés que ceux qui attendent patiemment leur tour pour prendre deux sacs constitués de plusieurs repas. « Je suis, moi aussi, sans emploi comme tous les gens ou presque qui sont ici aujourd?hui. Pour cette première, nous avons prévenu par SMS plusieurs centaines de personnes avec comme premier critère, l?importance d?aider d?abord des familles. Ceux qui étaient sans emplois et vraiment dans un profond dénuement. » Comme Hara, 34 ans, ancienne cadre dans une banque et sans emploi depuis 2008. Elle est la maman de deux enfants. « Mon mari gagne 600? par mois. Pour ma part, je cherche chaque jour un emploi mais je ne trouve rien. Je serais pourtant prête à faire n?importe quoi. Nous avons un loyer de 450? et heureusement, nos parents nous aident. Cette distribution est un bol d?air même si elle ne règlera évidemment pas tous nos problèmes. » Les parcours personnels sont dans cette impressionnante file d?attente, différents. L?absence de solutions est pourtant identique pour tous. L?État est aux abonnés absents. Les salaires, comme les pensions retraites, ont été sérieusement révisés à la baisse. Quant aux aides sociales, elles sont quasi inexistantes et une durée limitée à une peau de chagrin. Une fois au chômage, les grecs n?ont ainsi plus droit qu?à une année d?assurance maladie, sauf à la payer eux-mêmes. L?État est aux abonnés absents. Pour pallier à ce vide, les grecs s?organisent. Des pharmacies sociales sont ainsi développées sur le territoire et à Athènes en particulier où elles seraient entre 15 et 20 dispersés dans la ville.
Elaini est bénévole dans celle de Kypseli. Plusieurs femmes, des hommes, et quelques enfants patientent devant la porte de cette ancienne conciergerie située dans une école du quartier, dont elle est l?une des responsables. Certains travaillent, d?autres pas, tous ont en commun de ne plus avoir d?assurance santé et sont aujourd?hui dans l?impossibilité d?accéder aux médicaments et aux soins qui leurs sont prescrits. Une chaine de solidarité s?est donc mise en place. « Nous existons depuis 3 ans maintenant. Au début de la crise nous avions principalement des migrants et quelques grecs, je dirais que c?était du 70%-30%. Aujourd?hui ce rapport s?est inversé. Beaucoup de grecs n?ont plus les moyens de s?acheter leurs médicaments. Nous sommes ouverts 3 jours par semaine. 80 personnes viennent chaque semaine. Ils doivent d?abord aller voir un médecin avant de pouvoir venir nous voir. S?ils n?ont pas les moyens, nous allons voir un médecin d?une clinique de solidarité. Les personnes qui viennent nous voir sont issues de ce qui a été la classe moyenne et qui ont été rétrogradées. » L?urgence est partout, prégnante, elle s?insinue à toutes les heures de la vie quotidienne et parcourt jusqu?aux services publics. « Je viens de recevoir un coup de fil de la maison municipale » avertit Elaini. « Elle est chargée de trouver des logements aux sans abris et elle cherchait un médecin pour quelqu?un qu?elle suivait. Ils n?ont plus aucun moyen. Le gouvernement est totalement silencieux vis-à-vis de notre initiative. Nous sommes même rendu, nous concernant à demander aux gens de ne pas amener de fleurs aux funérailles mais des médicaments pour contribuer à notre réserve. »
Sébastien Deslandes : journaliste/rédacteur
Crise grecque
Crise grecque
Dans le hall de la petite école de Petroumi, dans la banlieue d?Athènes, une longue file d?attente d?hommes, de femmes et d?enfants s?étend jusque sur le trottoir. Plusieurs centaines de familles attendent ainsi la distribution de colis alimentaires. Une grande première avant les deux autres distributions prévues les jours suivants. Une grande première également pour Solidarité Populaire, le partenaire grec du Secours Populaire.
Haik Apamian, l?un de ses représentants, ne cesse d?aller et venir pour tenter de maintenir un semblant d?ordre dans la distribution. « C?est un jour très important, 400 personnes qui viennent aujourd?hui, ce sont en réalité 1000 personnes qui vont pouvoir bénéficier des colis au sein des familles. » Ismail Hassouneh, secrétaire national du secours populaire en charge de la solidarité internationale, travaille depuis de nombreuses années avec ce partenaire grec. « Très longtemps, nous nous sommes retrouvés partenaires sur des terrains difficiles, au Liban notamment. Puis, avec la crise économique et financière, et la situation très difficile de familles en Grèce qui se sont trouvées du jour au lendemain sans rien, nous avons progressivement décidé de venir travailler en Grèce. Il s?agit pour nous d?apporter notre aide mais aussi notre expérience et nos moyens. Ces distributions vont pouvoir aider 5000 familles. »
Anastasia, 29 ans, est designer à la ville. Depuis 2 ans, elle s?investit dans cette association grecque. Cet instant représente pour elle « un grand jour. C?est symbolique et important. Aujourd?hui, nous recevons l?aide de nos amis français. » Si Anastasia est aujourd?hui du côté des volontaires, elle subit les mêmes difficultés que ceux qui attendent patiemment leur tour pour prendre deux sacs constitués de plusieurs repas. « Je suis, moi aussi, sans emploi comme tous les gens ou presque qui sont ici aujourd?hui. Pour cette première, nous avons prévenu par SMS plusieurs centaines de personnes avec comme premier critère, l?importance d?aider d?abord des familles. Ceux qui étaient sans emplois et vraiment dans un profond dénuement. » Comme Hara, 34 ans, ancienne cadre dans une banque et sans emploi depuis 2008. Elle est la maman de deux enfants. « Mon mari gagne 600? par mois. Pour ma part, je cherche chaque jour un emploi mais je ne trouve rien. Je serais pourtant prête à faire n?importe quoi. Nous avons un loyer de 450? et heureusement, nos parents nous aident. Cette distribution est un bol d?air même si elle ne règlera évidemment pas tous nos problèmes. » Les parcours personnels sont dans cette impressionnante file d?attente, différents. L?absence de solutions est pourtant identique pour tous. L?État est aux abonnés absents. Les salaires, comme les pensions retraites, ont été sérieusement révisés à la baisse. Quant aux aides sociales, elles sont quasi inexistantes et une durée limitée à une peau de chagrin. Une fois au chômage, les grecs n?ont ainsi plus droit qu?à une année d?assurance maladie, sauf à la payer eux-mêmes. L?État est aux abonnés absents. Pour pallier à ce vide, les grecs s?organisent. Des pharmacies sociales sont ainsi développées sur le territoire et à Athènes en particulier où elles seraient entre 15 et 20 dispersés dans la ville.
Elaini est bénévole dans celle de Kypseli. Plusieurs femmes, des hommes, et quelques enfants patientent devant la porte de cette ancienne conciergerie située dans une école du quartier, dont elle est l?une des responsables. Certains travaillent, d?autres pas, tous ont en commun de ne plus avoir d?assurance santé et sont aujourd?hui dans l?impossibilité d?accéder aux médicaments et aux soins qui leurs sont prescrits. Une chaine de solidarité s?est donc mise en place. « Nous existons depuis 3 ans maintenant. Au début de la crise nous avions principalement des migrants et quelques grecs, je dirais que c?était du 70%-30%. Aujourd?hui ce rapport s?est inversé. Beaucoup de grecs n?ont plus les moyens de s?acheter leurs médicaments. Nous sommes ouverts 3 jours par semaine. 80 personnes viennent chaque semaine. Ils doivent d?abord aller voir un médecin avant de pouvoir venir nous voir. S?ils n?ont pas les moyens, nous allons voir un médecin d?une clinique de solidarité. Les personnes qui viennent nous voir sont issues de ce qui a été la classe moyenne et qui ont été rétrogradées. » L?urgence est partout, prégnante, elle s?insinue à toutes les heures de la vie quotidienne et parcourt jusqu?aux services publics. « Je viens de recevoir un coup de fil de la maison municipale » avertit Elaini. « Elle est chargée de trouver des logements aux sans abris et elle cherchait un médecin pour quelqu?un qu?elle suivait. Ils n?ont plus aucun moyen. Le gouvernement est totalement silencieux vis-à-vis de notre initiative. Nous sommes même rendu, nous concernant à demander aux gens de ne pas amener de fleurs aux funérailles mais des médicaments pour contribuer à notre réserve. »
Sébastien Deslandes : journaliste/rédacteur