Jeunesse algérienne en résistance
De la Casbah d Alger au quartier de Sidi el Houari à Oran, les réalités sociales, économiques ou culturelles des jeunes algériens habitant les quartiers populaires se ressemblent et imposent un constat amer.
L Algérie compte 54% d habitants âgés de moins de 30 ans, selon les chiffres de l office national des statistiques publiés en juin 2018. Et plus de la moitié des jeunes de 15 à 24 ans sont au chômage. Une génération née au cours des années 1990 marquées au fer rouge par la « décennie noire ». Ils sont les enfants de cette guerre qui a succédé aux espoirs d ouverture démocratique obtenue en 1988 et aussitôt refermée, laissant place à un régime autoritaire.
Ayant quitté les études très jeunes, la plupart logent dans la maison familiale, souvent dans des espaces réduits sans aucune intimité. Dans les quartiers populaires, le « dégouttage » règne.
Ces jeunes se nomment eux-mêmes « navigateurs », suivant les « vents » de l économie informelle dans les rues, d autres occupent des emplois sous-payés les privant de toute autonomie. Pendant de nombreuses années, le seul espoir de ces jeunes était de quitter le pays à tout prix. Le mouvement politique algérien actuel, appelé « Hirak », est né de cette jeune génération, dont beaucoup vivent dans ces quartiers populaires, n ayant connu que le président Bouteflika à la tête du pays.
Dans ces quartiers historiques de l Algérie, les ruines sont partout et les jeunes se sentent abandonnés par le gouvernement. Leurs familles espèrent un prompt relogement dans des cités, souvent sans âme, construites par les chinois en périphérie de leurs villes ; les jeunes résistent à la dureté du système qui les réprime et leur empêche d accéder à toute dignité.
Longtemps considérés comme nuisibles, ostracisés par le gouvernement et mis au ban de la société, ils ont réussi à montrer leur maturité politique et leur engagement envers leur pays pour le changement. C est ainsi que l image de cette jeunesse a été réhabilitée au cours de ces derniers mois de mobilisation et même les chants entonnés depuis le 22 Février 2019, pendant les manifestations, sont les leurs. Ces hymnes dénoncent les maux de cette jeunesse et de toute une société : corruption, harraga, drogue, problème de logement, injustice, manque de liberté. D?ailleurs, grâce à l engagement et à l?énergie de ces jeunes algériens, le mouvement est parvenu à mettre un terme au règne de Bouteflika. La situation politique et économique actuelle demeure incertaine, mais leur combat pour la liberté et la chute du système continue chaque vendredi et chaque mardi dans les rues.
Confrontés à la « hogra » (mépris et injustice) et à la répression policière, la solidarité et la débrouille restent pour la jeunesse de ces quartiers-là une bouée de sauvetage et l unique organisation possible pour supporter le quotidien d un pays en crise.
Young Algeria
In Algeria half the population is under 30, struggling to find paid work and decent life standard. Having left young the studies they have only access to under paid jobs. Here the « degouttage » (getting sick of the situation) rules over.
This youth names itself « navigator » in reference to « sailors » using to survive the winds of informal economy in the streets, others work in underpaid jobs while living at their parents in confined spaces with no intimacy. For many years, the gate for this youth was to live the country.
The current Algerian political movement, called « Hirak », emerged from this younger generation, many of whom live in these popular quarters, such as Sidi El Houari (Oran) and Casbah (Algiers), they have only known Mr Bouteflika as president. In these historical quarters of Algeria, ruins are everywhere and young people feel abandonned and repressed by the government. Thousands took to the streets since February 22nd 2019 to demonstrate peacefully against president Abdelaziz Bouteflika's fifth term and the current ruling elite on power since independance.
Young people from poor quarters, usually seen as harmful and ostracized by government and the whole society, succeeded by showing their political maturity and commitment regarding their country. In fact, thanks to the energy of the Algerian young generation, the movement succeeded to remove Bouteflika s candidacy. The current political and economical situation remains uncertain but still youth shoot its anger and hope for a better future by struggling every Friday in the streets.