Enchanteurs de bambous
Il y a une forme d'intensité qui frappe lorsque l'on pousse la porte de l'atelier échoppe; au cœur d'un village médiéval où l'histoire est omniprésente, dans une bâtisse datant au moins du XIIième siècle, Marc Khaïm me reçoit dans son atelier boutique, entouré de flûtes et de bambous. Au milieu d'un curieux mélange de figures bouddhistes, de machines à bois et d'une foule de souvenirs, le regard vif et clair, il a encore le geste précis de celles et ceux que la passion habite. "Rassurez-vous, si je continue ce n'est pas par nécessité; c'est une passion, et puis je voulais transmettre tout ça, le savoir-faire, l'expérience accumulée..."
Au premier abord, une flûte en bambou - un bansuri -, c'est un bambou percé d'une série de trous. Mais il faut toujours se méfier des simplifications. Marc Khaïm le sait bien, lui qui est longtemps allé en Inde chaque année pour choisir lui-même des bambous d'une varéiété spécifique, qu'il faut couper à la bonne lunaison, qui se distinguent par une qualité de vibration et une couleur sonore propre à chaque univers musical, dont il fera des instruments d'exception, rigoureusement étalonnés....
C'est en Inde qu'il a rencontré les plus grands musiciens et luthiers d'alors, au cours d'un séjour initiatique de 5 ans dans les années 70. Aujourd'hui c'est Brice qui s'y rend régulièremùent pour assurer l'approvisionnement en bambou.
"Pour faire un bansuri il faut d'abord le bon bambou, celui qui est adapté à l'instrument que l'on veut faire. On le fait sonner en le frappant doucement pour évaluer la densité du bois, et on le choisit en fonction de la tonalité voulue. Ensuite il est coupé, percé, renforcé à l'aide de fil, et enfin signé." A chaque étape, l'instrument est testé et vérifié, pour finalement devenir un objet unique, instrument de haute facture.
Il y a aussi mille prétextes pour jouer. Alors les flûtes sonnent, les mélodies s'accordent et on peut lire sur leurs visages le plaisir du jeu, du son, et du dialogue musical.
Du fond de son échoppe, Marc Khaïm expédie ses flûtes dans le monde entier. "En ce moment il y a beaucoup de formations de jazz qui s'intéressent aux bansuris. Mais on voit aussi des formations de musique contemporaine, et aussi bien sûr de musique traditionnelle."
Bamboo enchanters
There's a form of intensity that strikes when you push open the door of the workshop-boutique; in the heart of a medieval village where history is omnipresent, in a building dating back to at least the 12th century, Marc Khaïm receives me in his workshop-boutique, surrounded by flutes and bamboos. Amidst a curious mix of Buddhist figures, woodworking machines, and a multitude of memories, his gaze is lively and clear, he still has the precise gestures of those who are driven by passion. "Rest assured, if I continue it's not out of necessity; it's a passion, and I wanted to pass all this on, the know-how, the accumulated experience..."
At first glance, a bamboo flute - a bansuri - is a bamboo with a series of holes drilled into it. But one must always be wary of simplifications. Marc Khaïm knows this well, he who went to India every year for a long time to choose bamboos of a specific variety himself, which must be cut at the right lunar phase, which are distinguished by a quality of vibration and a sound color specific to each musical universe, from which he will make exceptional instruments, rigorously calibrated....
It was in India that he met the greatest musicians and luthiers of the time, during an initiatory stay of 5 years in the 70s. Today it is Brice who goes there regularly to ensure the supply of bamboo.
"To make a bansuri, you first need the right bamboo, the one that is suitable for the instrument you want to make. It is sounded by gently tapping it to assess the density of the wood, and it is chosen according to the desired tonality. Then it is cut, pierced, reinforced with thread, and finally signed." At each step, the instrument is tested and checked, to finally become a unique object, a high-quality instrument.
There are also a thousand pretexts to play. So the flutes sound, the melodies harmonize, and one can read on their faces the pleasure of playing, of the sound, and of the musical dialogue.
From the back of his shop, Marc Khaïm sends his flutes all over the world. "Right now there are many jazz groups that are interested in bansuris. But we also see contemporary music groups, and of course traditional music groups."