Exils - Dans la Lumière
À l'été 2016, j'installe un studio photographique sur le squat dit «les jardins de la Poterie» à Rennes. Un habitat éphémère dans lequel vécurent, pendant un an, 170 personnes exilées dont de nombreux enfants.
Au début, les gens passent, un peu surpris. «- Qu'est-ce que vous faites ?» me demandent-ils, «- C'est obligatoire ?». Ils partent puis reviennent. Seuls, ou en famille, ils défilent dans le studio, endimanchés et apprêtés. Ils se mettent en scène. La prise de vues m'échappe. Je la laisse filer.
Dès les premières photos, je suis troublé. La prise ne correspond pas à l'image que je m'étais faite d'eux. Peut-être les avais-je imaginés comme sur l'Affiche Rouge, «hirsutes et menaçants». Apparaissent sous les flashes leur lumière et leur joie. Me reviennent ces mots inspirés par ceux de Léonard Cohen : «Il y a une fêlure en chaque être, ainsi la lumière peut y entrer».
De ce travail photographique sont nées de nombreuses rencontres. Avec des gens venus des commissures d'une planète fragmentée par les murs et les barbelés ; de la Mongolie au Congo, de l'Albanie à la Tchétchénie. Avec des associations qui tiennent la barre d'une humanité en dérive (de UTUD - Un toit c'est un droit, au MRAP et à tant d'autres). Avec deux chercheuses en sciences sociales du laboratoire CNRS Espaces et Sociétés (ESO) de l'Université de Rennes 2 et une de l'Institut d'Études Politiques de Rennes qui travaillent sur « l'habitat éphémère ». Avec des artistes aussi, de différents médiums et univers.
Ce travail et ces rencontres ont donné naissance à une exposition : Dans la Lumière
Voir le catalogue de l'exposition Exils Dans la Lumière
Exile - In the Light
"In the summer of 2016, I set up a photographic studio in the squat known as "Les jardins de la Poterie" in Rennes. An ephemeral dwelling in which 170 exiled people lived for a year, half of them children.
At first, people pass by, a little surprised. "What are you doing?"," - Is it compulsory?" They leave and then come back. Alone, or with their families, they walk around the studio, dressed in their Sunday-best and prepared. They assume their own poses.
I lose control of the photo shoot session. I go with the flow.