Réserves - Dialogues intimes avec le monde naturel - En cours
Ce projet Réserves - Dialogues intimes avec le monde naturel intervient dans un contexte d'urgence écologique de plus en plus pressante, à un moment où la nécessité de repenser les liens entre l'humain et la nature s'impose si clairement et parfois si violemment à nous. Comme le montre l'alarmant rapport de l'Ipbes - l'organisme de l'ONU - : La biodiversité s'effondre partout sur la planète. Un million d'espèces végétales et animales sont aujourd'hui menacées d'extinction. Les trois quarts de l'environnement terrestre et et plus de la moitié du milieu marin ont été significativement modifiés par l'action humaine.
L'individu occidental s'est bien souvent placé au-dessus et en dehors de la nature. Il l'exploite, la gère, la transforme, la détruit et la protège. Aujourd'hui, alors que notre monde voit s'éteindre le chant des oiseaux et s'enfoncer dans le Printemps silencieux*, l'humain s'interroge sur
la validité de son modèle...
Le projet Réserves - Dialogues intimes avec le monde naturel - à travers un regard photographique et scientifique posé sur les espaces protégés de France, a pour ambition d'explorer le lien si particulier entre les humains et la nature. Quelles sont ces images qui nous habitent ? Que disent-elles de nos représentations culturelles, de nos barrières mentales, de nos fantasmes ? Comment la nature répond-elle aux informations qu'on lui transmet, aux soins qu'on lui apporte et aux blessures qu'on lui inflige ?
Il s'agit de saisir le va-et-vient, le dialogue entre les humains et le monde naturel. De capter, à travers l'expression de nos attitudes et
de nos émotions, ainsi qu'à travers les empreintes que nous laissons, l'idée que nous nous faisons de la nature.
L'humain est-il prêt à voir dans cet autre « non-humain » un être pensant, avec qui une autre relation est possible ? Est-il prêt à
prendre en compte, comme le propose l'anthropologue Eduardo Kohn, la pensée des forêts », et à se mettre sur le chemin d'une
anthropologie au-delà de l'humain ? **
Le projet Réserves s'est donné comme contrainte territoriale les espaces protégés de France métropolitaine et d'Outre-mer. En tant que lieu de protection, de gestion et d'intervention humaine, les réserves naturelles, parc nationaux et conservatoires du littoral me sont apparus comme des territoires d'immersion et d'observation idéals. Habités ou inhabités, en protection partielle ou intégrale, soumis à la pression humaine, touristique ou non, forêts primaires ou cultivées, surfaces maritimes, massifs montagneux, espaces insulaires, déserts, ces espaces offrent une multiplicités de facette, un corpus à la fois vaste, diversifié et circonscrit. La première série de photographies présentée ici a été réalisée entre 2010 et 2019.
Le projet réserves est aujourd'hui développé en collaboration avec Véronique Van Tilbeurgh, sociologue de l'environnement. Il a reçu le soutien de l'Université Rennes II Haute-Bretagne, du CNRS et de l'Unité Mixte de Recherche ESO-Rennes, « Espaces et Sociétés », de l'IPEV - Institut Polaire Français Paul-Émile Victor, de l'Osur - l'Observatoire des Sciences de l'Univers de Rennes. Il donnera naissance en 2020 à une grande exposition itinérante artistique et scientifique ainsi qu'à un livre.
*Printemps silencieux, Rachel Carson*
**Comment pensent les forêts. Vers une anthropologie au-delà de l? humain. Eduardo Kohn.
Reserves - Intimate dialogues with the natural world - Work In Progress
Nature appears in our ethnocentric civilization as the work of the human who shapes it in his image. "Nature always wears the colors of the spirit." wrote Ralph Waldo Emerson, the American philosopher and poet. As if what we saw from nature was ultimately only a reflection of ourselves and not an "object" independent of the human.
Reserves aims to explore, through photography, this particular link between humans and nature. What are these images that inhabit us? What do they say about our cultural representations, our mental barriers, our fantasies? How does nature respond to the information given to her, the care she receives and the injuries inflicted on her? It's about grasping the back and forth, the dialogue between humans and the natural world. To capture, through the expression of our attitudes and our emotions, as well as through the imprints that we leave, the idea we have of nature. And that - perhaps - nature has of us."