Nous aussi, nous aimons la vie (quand nous en avons les moyens)
« Nous aussi, nous aimons la vie (quand nous en avons les moyens).»
Titre extrait du poème éponyme de Mahmoud Darwish, 1986
Depuis le début de la guerre à Gaza en 2023, quelques 100 000 Palestinien.nes ont fuit vers l’Egypte, bien qu’un quotidien très précaire les y attend. Car depuis les Accords de David, signés en 1978 avec Israël, l’Egypte ne reconnait pas le statut de réfugiés aux exilés Palestiniens. Ainsi tout juste tolérés sans être reconnus, ils ne peuvent ni travailler légalement, ni bénéficier des aides onusiennes telles que celles de l’UNRWA.
Mohammed K., jeune comédien de 28 ans originaire de Beit Hanoun, fait partie de ces nombreux exilés à avoir rejoint le Caire. En avril 2024, il est autorisé à franchir le point de passage de Rafah, après avoir payé le coût exorbitant de 5600 dollars (financés grâce à une collecte de fonds) à la société privée Hala, détenue par un proche du Président Sissi. Cependant, le reste de sa famille a dû se résoudre à rester dans l’enclave palestinienne.
Depuis, Mohammed tente d’avancer et de (sur)vivre. Malgré les traumas d’une vie marquée par les guerres successives et les séparations, malgré l’angoisse permanente des mauvaises nouvelles.
A son arrivée au Caire, la solidarité s’est mise en place, lui permettant de se loger, se nourrir, mais aussi d’assurer le suivi médical d’une tumeur au cerveau détectée peu après son arrivée (et aujourd’hui opérée), et de continuer ses formations de danseur et de comédien grâce, entre autres, à la compagnie El Warsha et de son directeur Hassan El Geretly. Mais aussi chez lui, dans son appartement situé dans la banlieue cairote, où les visites de ses amis palestiniens et égyptiens se succèdent jour et nuit. Ensemble, ils partagent la course du temps en cuisinant, chantant, s’épaulant. Ils tentent, à leur façon, d’éloigner cette peur chevillée au corps et de laisser la vie prendre sa revanche, reprendre sens, même pour un court instant.
We too love life (when we can afford it)
‘We, too, love life (when we can afford it).’
Title extracted from the poem of the same name by Mahmoud Darwish, 1986
Since the start of the war in Gaza in 2023, some 100,000 Palestinians have fled to Egypt, even though their daily lives there are very precarious. Since the David Agreements were signed with Israel in 1978, Egypt has not recognised the status of refugees for exiled Palestinians. As a result, they are merely tolerated but not recognised, and can neither work legally nor benefit from UN aid such as that provided by UNRWA.
Mohammed K., a 28-year-old actor from Beit Hanoun, is one of the many exiles to have made his way to Cairo. In April 2024, he was allowed to cross the Rafah crossing point, after paying the exorbitant cost of $5,600 (financed through fund-raising) to the private company Hala, owned by a close associate of President Sissi. However, the rest of his family was forced to stay in the Palestinian enclave.
Since then, Mohammed has been trying to move forward and (over)live. Despite the traumas of a life marked by successive wars and separations, despite the constant anxiety of bad news.
When he arrived in Cairo, solidarity was put in place, enabling him to find accommodation and food, as well as medical care for a brain tumour detected shortly after his arrival (and now operated on), and to continue his training as a dancer and actor thanks, among others, to the El Warsha company and its director Hassan El Geretly. But also at home, in his flat in the Cairo suburbs, where his Palestinian and Egyptian friends visit him day and night. Together, they share the passage of time by cooking, singing and supporting each other. In their own way, they try to put an end to this deep-seated fear and allow life to take its revenge, to make sense again, even if only for a short while.