LE PARADOXE DE NOE
Sauver une espèce au détriment d'une autre
En 1979, afin de protéger une rare biodiversité et pour conserver la plus grande population de bisons d?Europe, l?UNESCO classe la forêt de Bialowieza, à la frontière de la Pologne et de la Biélorussie.
Les habitants de la Forêt de la « Tour Blanche », ont dû s?adapter aux nouvelles règles imposées, modifiant considérablement le schéma économique, dont l?interdiction de l?agriculture et l?élevage de façon intensive. En tant que Patrimoine Mondial, l?immense bois se met à attirer de nombreux curieux, développant ainsi le tourisme.
Après plusieurs années, la plupart de la jeunesse a fui la dernière forêt primaire d?Europe, afin de trouver un meilleur avenir financier dans les grandes villes. Les parents ou grands-parents sont restés et la population s?est mise à vieillir. Le rire des enfants des villages a disparu peu à peu. Aussi, les anciens s?organisent pour survivre. Walentyna et son frère Janek entretiennent des poissons dans un petit lac artificiel pour approvisionner le voisinage. Un épicier en camion vient deux fois par semaine sur les routes. Nina va faire les courses pour ceux qui ne peuvent plus se déplacer, comme Kazimierz-Pawel, dont le visage s?illumine à la vue de son chien ou encore Klarissa, dont la vue commence à disparaitre. Certains se sont résignés. Il n?y a plus de travail et les retraites sont basses. Certains partagent leur temps à s?enivrer près des rares épiceries encore ouvertes ou d?autres exécutent quelques travaux dans de nouvelles maisons d?hôtes, qui remplacent petit à petit les dernières générations de villageois. Ils vivent en communion et de manière solidaire. Ils veulent rester en harmonie avec la forêt hercynienne.
La vie semble être resté la même que depuis le début du siècle, comme on peut l?observer sur le rare recueil de gravures de 1912, d'Antoni Kamienski.
Tous ont compris qu?il fallait sauver une biosphère à leur détriment.
Depuis trois ans, je suis parti à leur rencontre afin de récolter leurs histoires, et immortaliser, peut-être, la dernière génération des habitants de Bialowieza.
THE NOAH PARADOX
Save one species at the expense of another
In 1979, in order to protect a rare biodiversity and to conserve the largest population of bison in Europe, UNESCO classified the forest of Bialowieza, on the border between Poland and Belarus.
The inhabitants of the Forest of the "White Tower" had to adapt to the new rules imposed, considerably modifying the economic pattern, including the prohibition of agriculture and intensive breeding. As World Heritage, the immense woods began to attract many curious people, thus developing tourism.
After several years, most of the youth fled Europe?s last primary forest to find a better financial future in the big cities. Parents or grandparents stayed and the population become older. The laughter of the children, has gradually disappeared on villages. Also, the elders organize themselves to survive. Walentyna and her brother Janek keep fish in a small man-made lake to supply the neighborhood. A grocer in a truck comes twice a week on the roads. Nina goes shopping for those who can no longer move, like Kazimierz-Pawel, whose face lights up at the sight of her dog, or Klarissa, whose sight begins to fade. Some have resigned themselves. There is no more work and pensions are low. Some share their time getting drunk near the few grocery stores that are still open, or others are doing some work in new guesthouses, which are gradually replacing the last generations of villagers. They live in communion and in solidarity. They want to stay in harmony with the Hercynian forest.
Life seems to have remained the same as since the turn of the century, as can be seen in the rare collection of prints from 1912, by Antoni Kamienski.
Everyone understood that it was necessary to save a biosphere to their detriment.
For three years, I went to meet them in order to collect their stories, and to immortalize, perhaps, the last generation of the inhabitants of Bialowieza.