Dead End Europe
Dead-End Europe débute en France en avril 2016 sur les trottoirs de Paris. Des exilés s'installaient en campement sous le pont du métro aérien station Stalingrad.
Qui sont ces personnes?
En quoi sont-elles liées dans leur parcours d'exil?
Leur rencontre m'emmènera vite dans le Nord de la France, aux frontières externalisées de la Grande-Bretagne.
Pour rappel, les campements de personnes exilées, les «jungles», quelles que soient leurs tailles, sont la conséquence de l'incurie des pouvoirs publics depuis des années.
Des centaines de bénévoles anonymes et associations assurent la mission de l'Etat et gèrent sans relâche l'urgence humanitaire (distribution de nourriture, vêtements, couvertures, tentes, signalement et mise à l'abri temporaire de mineurs isolés, orientation vers les services de santé ou permanences juridiques pour assurer le respect des droits fondamentaux de la personne humaine et exilée, cours d'alphabétisation...)
En France, le passage par des campements dits «sauvages» est quasi-obligatoire à la personne exilée en tout premier lieu pour éviter les rafles, puis
pour espérer la protection à laquelle elle a droit et sa «mise à l'abri» par l'Etat;
en d'autres termes, notre pays ne propose pas de politique d'accueil des migrants forcés.
Ces personnes sont de fait mises «hors-la-loi», privées de droits.
Retour à Stalingrad, Jaurès, Flandres, la Chapelle. La nuit s'abat sur Paris.
Qui parmi ces exilés souhaitera s'établir en France?
Qui d'entre eux ira à Calais et tentera de rejoindre le Royaume-Uni?
Lesquels d'entre eux parlent 5 à 7 langues?
Qui d'entre eux a étudié la médecine?
Qui d'entre eux est programmeur informatique?
Qui d'entre eux est artiste-peintre, sculpteur et musicien?
Qui d'entre eux était berger dans son pays natal?
Qui d'entre eux a vu sa famille décimée par des extrêmistes religieux?
Qui d'entre eux obtiendra le permis de travail?
Lors des évacuations ordonnées par la préfecture, qui d'entre eux a été laissé pour compte sur les trottoirs de la ville lumière?
Générés par l'écart béant entre régions les plus riches et les plus pauvres du monde, les conflits armés et guerres civiles ou encore les catastrophes environnementales, les exodes sont des phénomènes prévisibles et inscrits dans la durée;
nul n'ignore qu'ils sont appelés à se prolonger.
Devant la récurrence de campements indignes installés en France et à ses frontières, pourquoi les pouvoirs publics choisissent-ils de ne pas penser la politique d'accueil et l'accompagnement des migrants forcés, rescapés des bouleversements les plus profonds de notre monde?
Ce projet a été retenu pour le Festival des Idées de Paris dont le temps fort se déroulera entre les 14 et 18 novembre 2017.
Ces photographies et trois courtes POM découlant de ce travail seront également exposées à l'Inalco à l'occasion d'une tabe ronde sur le thème "Vers la ville Refuge?" le 15 novembre 2017.
Dead End Europe
Dead-End Europe starts in France in 2016, a year ago, on the sidewalks of Paris. This is a project being written. I then encountered exiles settled in camp under the bridge of the underground station Stalingrad.
Who are these people?
ow are they linked in their exile journey?
Their meeting will take me quickly to the north of France, at the outsourced borders of Great Britain.
As a reminder, the encampments of exiled people, the "jungles", whatever their sizes, are the consequence of the negligence of the public authorities for years.
Hundreds of anonymous volunteers and associations carry out the mission of the State and relentlessly manage the humanitarian emergency (distribution of food, clothing, blankets, tents, reporting and temporary sheltering of isolated minors, health or legal standards to ensure respect for the human rights of the human person and exiled, literacy courses, etc.) In France, passing through so-called "wild" encampments is almost mandatory for the exiled person in the first place to avoid raids, then to hope for the protection to which it is entitled and its "shelter" by the State;
in other words, our country does not propose a policy for the reception of forced migrants.
These people are in fact "outlaws", deprived of rights.
Return to Stalingrad, Jaurès, Flandres, la Chapelle. Night fell on Paris.
Who among these exiles wish to settle in France?
Which of them will go to Calais and try to join the UK?
Which of them speak 5 to 7 languages?
Who of them studied medicine?
Who of them is computer programmer?
Who is a painter, sculptor and musician?
Who among them was a shepherd in his native land?
Who among them has seen his family decimated by religious extremists?
Who will get the work authorization?
During the evacuations ordered by the prefecture, which of them was left behind on the sidewalks of the city light?
Generated by the yawning gap between the richest and poorest regions of the world, armed conflicts and civil wars or environmental disasters, exoduses are predictable and long-term phenomena;
no one knows that they are called to prolong themselves.
There is no migrant "crisis".
Given the recurrence of unworthy settlements in France and at its borders, why do the public authorities choose not to think about the reception policy and the accompaniment of forced migrants who've survived the deepest changes in our world?