Pour accéder à la série en entier, vous devez vous logger ou demander un compte Hans Lucas en cliquant ici.
Grande-Synthe, l'impasse
Dans la nuit du 10 au 11 avril 2017, le campement humanitaire de Grande-Synthe a été incendié.
L'initiative du maire a été réduite à néant.
Des 1400 habitants, 600 sont restés dans la commune. Parmi eux, 150 exilés, essentiellement des familles, inquiets des solutions de relogement et d'éloignement proposées par la préfecture, décident de retourner à la Linière. Les grilles sont fermées. les CRS les attendent.
Oui c'était évitable, c'était évitable que dans le pays des droits de l'Homme, ce camp brûle et que des familles se retrouvent sans accès à l'hygiène, à un "toît" et à de la nourriture. Mais c'était prévisible.
Prévisible, car dans le pays des droits de l'Homme, quand un maire d'une ville comme Grande-Synthe décide d'installer un camp humanitaire avec l'aide de Médecins sans Frontières pour respecter la dignité des réfugiés et tenter de les accueillir avec respect, l'Etat n'est pas d'accord.
Et pour se faire entendre, il décide d'entrer dans la partie, parce que d'après l'État, dans le pays des droits de l'Homme "le laisser-mourir" est au vu des faits : un choix politique. Et pour ce faire on met en place des stratégies.
On sélectionne les réfugiés dits "prioritaires", du coup les associations partent parce qu'elles savent, elles, que les réfugiés prioritaires ça n'existe pas.
On détruit au fur et à mesure les shelters, pour faire croire que les réfugiés c'est passager.
Puis on fait rentrer une association qui n'a jamais accompagné les réfugiés, on divise, on complique, on répond toujours par la force, la violence, le déni.
Et quand le camp faillit, va mal, on accuse les réfugiés et ceux qui ont tenté de respecter leur dignité. On les accuse d'avoir échoué, qu'il faut arrêter, c'est une question de "bon sens".
On nous explique que dans le pays des droits de l'Homme, dans le pays au 2 milliards de PIB, on ne peut pas accueillir des réfugiés.
Dans ce pays on préfère étouffer la capacité de fraternité et d'empathie pour à la place élever des murs de haine et de xénophobie.
Oui le camp a brûlé, mais par la faute d'un Etat irresponsable.
Et quand on pense à nos frères et nos soeurs, ce sont les vers de Léon Gontran Damas qui résonnent :
"Nous les gueux
Nous les peu
nous les rien
nous les chiens
nous les maigres
nous les nègres
Nous à qui n'appartient
guère plus même
cette odeur blême
des tristes jours anciens
Nous les gueux
nous les peu
nous les rien
nous les chiens
nous les maigres
nous les nègres
Qu'attendons-nous
les gueux
les peu
les rien
les chiens
les maigres
les nègres
pour jouer aux fous
pisser un coup
tout à l'envi
contre la vie
stupide et bête
qui nous est faite"
Léon Gontran Damas
Que le pays des droits de l'Homme se réveille pour que nos frères et nos soeurs ne pissent pas un coup sur cette vie stupide et bête qui leur est faite.
Grande-Synthe, l'impasse
On the night of 10 to 11 April 2017, the humanitarian camp of Linière was set on fire. Mayor Grande-Synthe's courageous initiative was reduced to nothing. Out of the 1,400 people who lived there, there remain about 600 exiles present on the town, who are housed urgently in gymnasiums. Among them, 150 people, mostly families, worried about the rehousing solutions proposed by the prefecture, decided to return to the Linière. The gates are closed, the CRS await them.