Habiter les sentiers
600 kilomètres de chemins au coeur des Alpes, entre cols et vallées, entre forêts et glaciers. Un départ du plus grand lac naturel d’Europe, le lac Léman. Une arrivée sur les rives de la mer Méditerranée, à Nice. Il s’agit de la Grande Traversée des Alpes, la partie française du tracé national du GR5 établi dans les années 1950. Un chemin mythique pour s’évader loin de tout et être au plus proche du sauvage, ou presque. Aujourd’hui, la nature est prônée comme source de bien-être en réponse à l’anxiété qui règne dans la société actuelle. Depuis le Covid-19, l’engouement pour la montagne ne cesse de grandir. En résulte des pratiquants souvent novices aux us et coutumes dans une montagne qui bouge de plus en plus dû au réchauffement global. D’après une étude publiée dans Nature en 2025, les glaciers des Alpes et des Pyrénées sont les plus touchés au monde par le dérèglement climatique avec une fonte de 39% de leur masse entre 2000 et 2023. La horde de touristes qui foule ces sentiers a-t-elle conscience de la fragilité de ces milieux ?
En six semaines, au plus proche de ces écosystèmes, c’est à travers la marche, la contemplation et les rencontres que cette période de changement est documentée en image. Au-delà des randonneurs, nombreux sont les artistes, scientifiques et employés des parcs nationaux qui habitent la montagne dans l’espoir de sensibiliser, de réunir la théorie et la pratique, les paroles et les actes. Et les gardien(ne)s de refuges, témoins directs de ces évolutions sont devenus malgré eux les défenseurs de ces milieux si fragiles. Pour mettre en avant la place de la nature dans le quotidien de ces hommes et femmes croisés sur le chemin, j’ai réalisé des portraits en double exposition lors de la prise de vue. Ce procédé permet de rendre visible le lien fort et précieux qu’ils ont avec la biodiversité et leur volonté d’agir pour la préserver.
Ayant auto-produit ce reportage en itinérance et en autonomie totale, les images ont été faites avec un seul boîtier et un unique objectif de 50 mm afin de garder un poids de sac correct.
Walk the paths
600 kilometres of trails in the heart of the Alps, between mountain passes and valleys, forests and glaciers. Starting at Europe's largest natural lake, Lake Geneva, and ending on the shores of the Mediterranean Sea in Nice. This is the Grande Traversée des Alpes, the French section of the GR5 national trail established in the 1950s. A legendary trail for getting away from it all and being as close to the wild as possible. Today, nature is promoted as a source of well-being in response to the anxiety that prevails in today's society. Since Covid-19, the popularity of the mountains has continued to grow. As a result, many hikers are often unfamiliar with the customs and practices of a mountain environment that is changing rapidly due to global warming. According to a study published in Nature in 2025, the glaciers of the Alps and Pyrenees are the most affected in the world by climate change, with 39% of their mass melting between 2000 and 2023. Are the hordes of tourists who walk these paths aware of the fragility of these environments?
Over six weeks, in close proximity to these ecosystems, this period of change was documented in images through walking, contemplation and encounters. In addition to hikers, many artists, scientists and national park employees live in the mountains in the hope of raising awareness and bringing together theory and practice, words and deeds. And the refuge wardens, direct witnesses to these changes, have unwittingly become defenders of these fragile environments. To highlight the place of nature in the daily lives of these men and women encountered along the way, I created double exposure portraits during the shoot. This process makes visible the strong and precious bond they have with biodiversity and their willingness to take action to preserve it.
Having produced this reportage independently and on the road, the images were taken with a single camera and a single 50 mm lens in order to keep the weight of my bag down.