Zone tampon et frontière au Sahara Occidental
Texte détaillé ici : Guerguerat - Chronologie d'un échec au Sahara Occidental, Novembre 2020.
Depuis la signature du cessez-le-feu en 1991, est considéré comme une zone tampon cet espace de 5 kilomètres entre le poste frontière mauritanien et le poste frontière actuel des marocains derrière leur mur militaire de 2700km.
Ce mur délimite la partie occupée par le Maroc à l'Ouest (80%), et la partie occupée par la RASD à l'Est (20%). Construit dans les années 80, le mur comprend des bases tout les 5km et compte plus de 90 000 militaires marocains - stratégique, son but est de protéger l'occupation, le peuplement et l'exploitation du Sahara Occidental.
L'accord du cessez-le-feu prévoit un certain nombre de restrictions pour cette zone tampon.
Cependant au fil des années le Maroc va utiliser le fait accompli pour ouvrir une brèche dans le mur militaire, construire un poste frontière, et développer le commerce et l'exportation vers la Mauritanie. Cette brèche est stratégique car c'est le seul point de passage civil et commercial à travers le mur militaire marocain.
En août 2016, le Maroc envoie des militaires pour bitumer les 5 km de la zone tampon jusqu'à la frontière mauritanienne, afin de faciliter la circulation et le commerce transfrontalier.
Le Polisario intervient dans cette zone pour stopper ce chantier considéré illégal, et les tensions vont perdurer jusqu'en février 2017. Le cessez-le-feu est alors violé par les deux parties en conflit, de par leurs présences respectives sur cette zone démilitarisée.
Depuis 2017, les blocages routiers des civils sahraouis sur cette zone sont très fréquents, d'une durée variable, pouvant aller d'une journée à plusieurs semaines. Cela rappelle par moment les Zad (Zones à Défendre) qu'on rencontre en France. Les blocages suscitent de vives tensions entre les sahraouis, et les commercants mauritaniens, les voyageurs subsahariens, les camionneurs - et la police marocaine.
La police intervient regulièrement en civil sur la zone pour procéder à de la surveillance, à des actes de violence ou à des enlevèments. Les forces de la MINURSO comptent un effectif réduit, peu présent sur place et logé dans un hotel situé à 80km au Nord (sur la N1 à Bir Gandouz). En conséquence les autorités marocaines ont le champ libre pour opérer illégalement.
Le décès d'Ahmed Salem Ould Ahmed Ould Lemgheimadh en février 2019 résulte des faits accompli marocain et de l'impunité des violation marocaine du cessez-le-feu sur cette zone. Ce jeune sahraoui manifestait contre la confiscation de ses marchandises par la douane marocaine, et sera sous pression et menace de la police. Desespéré, il s'est immolé.
La zone tampon est considéré comme une zone de non droit pour les civils. On la désigne sous le nom de Kandahar, en référence à l'Afghanistan.
Lassés du statu quo politique international, des discriminations socio-économiques, des violations marocaines, du manque de liberté d'expression, les jeunes sahraouis quittent régulièrement Laâyoune pour vivre et travailler ici depuis 2017.
Pour un sahraoui vivant sous occupation marocaine, c'est en quelque sorte le seul espace de liberté sur sa propre terre où il peut exprimer son identité et ses convictions, dans une atmosphère où l'autogestion bricolée va toutefois se heurter à l'anarchisme issu de divers traffics illégaux.
Cet endroit est également considéré comme l'un des rares moyens de pression pour les civils sahraouis. En mettant en place des barrières pour bloquer le transport routier et l'exportation, cela génère de lourdes pertes financières pour les entreprises, des pénuries de fruits et légumes en Mauritanie et de vives tensions politiques.
La MINURSO (la mission onusienne pour l'organisation du référendum d'autodétermination) étant le seul interlocuteur légalement autorisé à intervenir dans cette zone tampon pour négocier la levée des blocages, c'est une des rares occasions pour les sahraouis d'être pris en compte par la MINURSO. Dans la partie occupée du Sahara occidental, la MINURSO n'a aucune intéraction avec les Sahraouis, et aucun mandat de surveillance des droits de l'homme.
Western Sahara, buffer zone and border
Since the 1991 cease-fire, is considered as a buffer zone this space of 5 kilometers between the Mauritanian border post and the border post of the Moroccans (behind their 2700km military wall). The cease-fire agreement provides a number of restrictions for this area.
However, over the years Morocco used the fait accompli technic to breach the military wall, build a border post, and develop trade and exportation to Mauritania. This breach is strategic because it is the only crossing point through the Moroccan military wall that cuts Western Sahara in two parts.
In August 2016, Morocco sent soldiers to asphalt the five-kilometer buffer zone to the Mauritanian border in order to facilitate cross-border traffic and trade.
The Polisario intervened in this zone to stop the illegal construction, and tensions continued until February 2017. The ceasefire was then violated by both parties in conflict, due to their respective presences in this demilitarized zone.
Since 2017, roadblocks by Sahrawi civilians in this zone have been very frequent, lasting from one day to several weeks. At times, this remind the Zad (Zones à Défendre) we can find in France.
The blockades have caused severe tensions between Sahrawis and Mauritanian traders, sub-Saharan travelers, truckers - and Moroccan police. The police regularly intervene in civilian clothes in the area to carry out surveillance, acts of violence or arrests. MINURSO's forces have few militaries, and a small presence in the area. Given they are housed in a hotel 80 kilometers North from the border, Moroccan authorities are quite free to operate illegally.
The buffer zone is considered a no-go dangerous area for civilians, and is referred to as Kandahar, in reference to Afghanistan.
Tired of the international political status quo, socioeconomic discrimination, Moroccan violations, and lack of freedom of expression, Sahrawi youth regularly leave Laâyoune to live and work here, specially since 2017.
For a Sahrawi living under Moroccan occupation, this is in a way the only space of freedom on his own land where he can express his identity and his convictions, in an atmosphere where self-management will however be limited by the anarchism stemming from various illegal traffics.
This place is also seen as one of the few means of pressure for Sahrawi civilians. By setting up barriers to block the illegal road exportations, it generates heavy financial losses for businesses, national shortages of fruit and vegetables in Mauritania, and high political tensions.
As MINURSO (the UN mission for the organization of the self-determination referendum) is the only interlocutor authorized to intervene in this buffer zone to negotiate the lifting of the blockades, this is one of the few opportunities for Sahrawis to be taken into account by MINURSO. In the occupied part of Western Sahara, MINURSO has no interaction with the Sahrawis and no mandate to monitor human rights.