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Prelude au Tage
J'ai vécu deux ans à Lisbonne, la ville du Tage, une ville sur un estuaire, une ville qui est au seuil l'Océan Atlantique.
C'est la ville des départs, celle qu'on ne voudrait pourtant jamais quitter. C'est un voyage personnel introspectif dans une ville insaisissable. L'appel du Tage provoque chez moi cet incessant retour au fleuve. Une fadeur suave m'absorde et me protège du flux trop coloré de l'invasion touristique. Le seul fait de vivre à Lisbonne suffit à démarrer quelque chose. J'adresse à la ville l'expression de mon désir tandis qu'elle est tout à autre chose et se dérobe. L'absence de réponse s'impose comme pour mieux revenir à la photographie : ici la ville m'aspire dans sa vérité nue de cité à la mine fatiguée, humble, délavée. Et la ville aussi poétique qu'indifférente me laisse souvent pantelante, abandonnée sur des trottoirs, dans des petits cafés, dans la pénombre, aux fenêtre des trains. J'observe la pudeur des gens, leur lassitude parfois.
Une attente étrange et longue envahit l'espace, une attente pleine de son motif, suspendue et impassible.
Prelude to Rio Tejo
I lived for two years in Lisbon, the city of the Tagus, a city on an estuary, a city on the threshold of the Atlantic Ocean.
It is the city of departures, the one you would never want to leave. It is a personal introspective journey in an elusive city. The call of the Tagus provokes in me this incessant return to the river. A sweet blandness absorbs me and protects me from the overly colorful flow of the tourist invasion. Just living in Lisbon is enough to start something. I address the city as an expression of my desire while it is completely different and slips away. The absence of response imposes itself as if to better return to photography: here the city sucks me into its naked truth of a city with a tired, humble, washed-out look. And the city, as poetic as it is indifferent, often leaves me breathless, abandoned on sidewalks, in small cafés, in the dark, at the train windows. I observe the modesty of the people, their weariness sometimes.
A strange and long wait invades the space, a wait full of its motive, suspended and impassive.