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Le fou, l'amant, le poète : Icosae SS18
Pendant cinq jours, la mode homme se donne à voir à Paris. J'ai eu l'occasion de passer photographier les coulisses du défilé Icosae, jeune griffe française créée par deux jeunes prodiges et frères, âgés de 21 et 22 ans, Valentin et Florentin Glemarec. Sous le Pont Alexandre III par 37° de chaleur, il est bon de se glisser dans ce lieu inconnu, le Faust Club. Dans la pénombre, je découvre les jeunes hommes qui s'apprêtent à défiler pour Icosae. Ils sont très sveltes, presque fragiles, tous les traits fins. Des regards de mannequins maîtrisés, où peu d'émotions passent. Pour autant, ils sont vêtus et accessoirisés de manière si précise que l'univers de la griffe se compose à mesure que mon regard enregistre les détails. Tout s'articule : des blousons bouffants et satinés, des cheveux clairs et fins, des chemises de soie très féminines, quelque chose de warholien, des t-shirts portant comme un manifeste les mots "Le fou, l'amant, le poète". Il faut continuer la phrase de Shakespeare - Le fou, l'amant et le poète n'ont d'yeux que ceux de l'imagination" du
Songe d'une nuit d'été pour tirer le fil d'Ariane des deux créateurs, qui revendiquent la filiation du grand-père britannique tailleur de son état. Taylor.
Pourtant la pièce n'est pas immense et ils ne sont pas si nombreux à se préparer au défilé. Alors je m'accroche à chacun d'eux et tente de rapporter les éléments de l'univers troublant d'Icosae : un furieux mélange des genres, féminin-masculin, des visages de lune affublés de lunettes, des cheveux lissés, des bijoux de dame, des numéros mystérieux qui se promènent sur les visages et les étoffes, des motifs à carreaux très anglais, des bottines à paillettes festives et des regards de mannequins perdus, métalliques et calmes. C'est l'été. Je me sens coupée de la réalité.
The madman, the lover, the poet: Icosae SS18
For five days, men's fashion is on show in Paris. I had the opportunity to go backstage to photograph the Icosae fashion show, a young French label created by two young prodigies and brothers, aged 21 and 22, Valentin and Florentin Glemarec. Under the Alexander III Bridge in 37° of heat, it is good to slip into this unknown place, the Faust Club. In the half-light, I discover the young men getting ready to parade for Icosae. They are very slender, almost fragile, all fine features. Mannequins' looks are mastered, where few emotions pass. However, they are dressed and accessorized in such a precise way that the universe of the label is composed as my eyes record the details. Everything is articulated: puffy and satin jackets, light and fine hair, very feminine silk shirts, something Warholian, t-shirts bearing as a manifesto the words "The madman, the lover, the poet". It is necessary to continue Shakespeare's phrase - "The fool, the lover and the poet have eyes only of the imagination" from A Midsummer Night's Dream to draw the thread of Ariadne of the two creators, who claim the filiation of the British tailor grandfather of his state.
Yet the piece is not huge and there are not so many of them preparing for the parade. So I cling to each of them and try to bring back the elements of Icosae's disturbing universe: a furious mix of genders, female-male, moon faces wearing glasses, straightened hair, lady jewels, mysterious numbers walking around on faces and fabrics, very English check patterns, festive sequined boots and the looks of lost, metallic and calm models. It is summer. I feel cut off from reality.