La Disparition
Sur la carte délivrée par l'office du tourisme israélien, la Cisjordanie n'existe pas. Seules subsistent les zones A et B, délimitées par des couleurs évoquant davantage des différences d'altitude. Le reste est Israël. Seule Gaza a une bordure. La zone C n'est pas mentionnée. Si on emprunte les routes israéliennes il est facile de venir en Palestine sans voir le mur ni même savoir que l'on a mis le pied en Cisjordanie.
« C'est en 1948 que la Palestine disparaît. Les Palestiniens, à l'exception d'une petite minorité demeurée chez elle, ne passent pas sous une nouvelle occupation, israélienne cette fois, mais basculent dans l'absence. (?) Tout peuple chassé de son territoire franchit à un moment donnée une ligne invisible qui, à la différence des frontières physiques, est une frontière du temps. Ligne de partage ténue qui fera que les réfugiés palestiniens associeront toujours leur désir de réintégrer leurs lieux et celui de réintégrer leurs temps, comme si la quête palestinienne du retour dans la terre se confondait avec un retour dans la pesanteur de la terre.?Cette enjeu vital marquera l'image palestinienne. Ceux-là même dont on disait qu'ils « n'existent pas » ? terrible usage que celui du verbe au présent ? tendront de toutes leurs forces à redevenir visibles aux autres. Aux autres seulement puisqu'ils n'ont jamais cessé d'être visibles à eux-mêmes. »?
Elias Sanbar, Les palestiniens, la photographie d'une terre et de son peuple de 1839 à nos jours, aux éditions Hazan?
La propagande politique réécrit l'histoire, détruit les archives palestiniennes, notamment photographiques. Un mur de 6 à 9 mètres de haut aide un peuple à nier l'existence d'un autre, au moins à tenter de l'oublier. La zone C, soit 62% de la Cisjordanie est sous contrôle de l'armée israélienne où les mouvements des palestiniens sont contrôlés, ralentis, empêchés. Un tour de passe passe militaire pour tenter de faire disparaître un peuple. L'occupation meurtrie jusqu'au paysage. Mais les palestiniens sont bien là.
The disappearance
On the map published by the Israeli Tourist Authority, the West Bank does not exist. Only zones A and B remain, marked by colours that more closely resemble differences in altitude. The rest is Israel. Only Gaza has a border. Zone C is not mentioned. If you take Israeli roads, it's easy to get into Palestine without seeing the wall or even knowing you've entered the West Bank.
« Palestine disappeared in 1948. The Palestinians, with the exception of a small minority who remained at home, did not come under a new occupation, this time by Israel, but became absent. (...) Any people expelled from its territory crosses an invisible line which, unlike physical borders, is a border of time. This thin line means that Palestinian refugees will always combine their desire to return to their place with their desire to return to their time, as if the Palestinian quest to return to the land were a return to the weight of the earth.?This vital issue will leave its mark on the Palestinian image. The very people who are said not to "exist" - a terrible use of the verb in the present tense - will do everything in their power to become visible again to others. Only to others, for they have never ceased to be visible to themselves. »
Elias Sanbar, Les palestiniens, la photographie d'une terre et de son peuple de 1839 à nos jours, aux éditions Hazan?
Political propaganda is rewriting history and destroying Palestinian archives. A wall 6 to 9 metres high helps one people to deny the existence of another, or at least to try to forget it. Zone C, or 62% of the West Bank, is under the control of the Israeli army, where Palestinian movements are controlled, slowed down and prevented. A military trick to wipe out a people. The occupation has scarred the landscape. But the Palestinians are still there.