Jean, portrait d'une réinsertion
Un visage marqué. Un regard aussi, où l'extrême douceur avoisine une dureté sous jacente. Brute. Derrière cette silhouette à la démarche bancale : un homme au passé trouble, de voyou. Les centres pénitenciers ; le système carcéral, l'enfermement, l'isolement parfois. Près de vingt ans.
Juillet 2002, la liberté enfin. Et Jean s'apprête à retrouver une existence mise en suspends. Réapprendre à vivre comme tout le monde, trouver un travail, aimer peut-être, créer un nouveau cercle de proches, retrouver des gestes autrefois familiers, apprécier cette liberté de mouvement et de rencontres. Se réinsérer tout simplement.
Mais le passé et les souvenirs d'une famille perdue, puis la vie en prison et les habitudes qui en ont découlé, ne sont pas faciles à oublier. Très vite, Jean reproduit inconsciemment des gestes que vingt ans d'enfermement ont pu forger : s'isoler, rester cloîtré dans sa chambre, s'éloigner à de rares occasions de son hôtel, dormir peu, parler peu. Ne pas faire de vagues. Il y a des sursauts évidemment : quitter cette chambre exiguë. Mais pour aller où ? Au bar. Toujours.
Pourtant, il y a un rêve - celui de vivre de la peinture. A côté de ça, certaines obsessions ont la peau dure, ces dernières valeurs auxquelles se raccroche Jean avec entêtement : être « vrai » - vérité et loyauté. Un leit - motiv qui le pousse hélas à commettre des actes de violence et de détresse, non sans conséquences.
Portrait d'un accouchement, celui d'une vie nouvelle qui se fait dans la solitude, la douleur et les larmes.
PS : En 2006, Jean rencontre sa compagne... Nouvelle étape.
Jean, portrait of a rehabilitation
A marked face. A look, too, where extreme softness borders on an underlying hardness. Rough. Behind this wobbly figure: a man with a troubled past, a thug. Penitentiaries; the prison system, confinement, isolation sometimes. Almost twenty years.
July 2002, freedom at last. And Jean is about to resume a suspended existence. He had to relearn how to live like everyone else, find a job, perhaps love, create a new circle of friends and family, rediscover gestures that were once familiar, and enjoy this freedom of movement and encounters. To simply reintegrate.
But the past and the memories of a lost family, then life in prison and the habits that resulted from it, are not easy to forget. Very quickly, Jean unconsciously reproduces the gestures that twenty years of confinement may have forged: isolating himself, staying cloistered in his room, moving away from his hotel on rare occasions, sleeping little, speaking little. Not making waves. There are, of course, sudden spurts: leaving this cramped room. But to go where? To the bar. To the bar, always.
Yet there is a dream - to make a living from painting. Besides that, certain obsessions are still very much alive, the last values that Jean stubbornly clings to: being "real" - truth and loyalty. A leitmotif that unfortunately leads him to commit acts of violence and distress, not without consequences.
Portrait of a birth, that of a new life which takes place in solitude, pain and tears.
PS: In 2006, Jean meets his partner... A new stage.