Ils sont partis marins
5h du matin, Jean-Marc me donne rendez-vous à sa cabane de pêcheur en plein coeur de l'Herbe, petit village de pêcheur niché dans un creux de plage du Cap Ferret. Il part tous les jours en mer à cette heure-ci et traverse la passe Sud du bassin d'Arcachon, en face de la dune du Pyla pour se rendre sur l'océan.
Avec son bateau en aluminium, il pêche merlu, truite, roussette, lotte, sole et vive. Chaque jour est une surprise pour lui puisque le vent, la houle, la météo de la nuit influencent l'activité de la mer.
Parti de rien, de parents professeurs, la passion de la pêche ne le quitte pas. D'abord bénévole sur le navire de sauvetage de la SNSM (Société National de Sauvetage en Mer), ces années au service de la mer lui ont valu la prestigieuse décoration de chevalier du mérite maritime.
Ensuite matelot sur vedette, il devient au fil des années, propriétaire de son propre fileyeur et emploie trois matelots à temps plein. Deux travaillent sur le bateau et un reste à terre.
Avec 20 ans de pêche à son actif, Jean-Marc fait parti des anciens. Tout le monde le connait pour être un pêcheur vigilant et surtout travailleur. Il se refuse le chalut et préfère la pêche manuelle et traditionnelle. Trainer un grand filet et suivre une trajectoire GPS, ce n'est pas son truc. La présence si polémique des chalutiers est très réglementée et à sa connaissance, un seul chalutier à l'autorisation de pêcher à 3 miles des côtes sud du bassin.
Je rencontre ensuite Alex et Thibault, les deux matelots de Jean-Marc.
Alex a 35 ans. Après un CAP en ostréiculture et un CAP restauration, il embarque à 18 ans sur son premier bateau de pêche. D'abord à St Jean de Luz puis sur le bassin d'Arcachon, il rejoint Jean-Marc en 2011 et devient matelot.
Thibaut a 10 ans de pêche derrière lui. D'abord pêcheur aux coquillages avec son cousin, il monte à bord d'un chalut et découvre l'océan. Il est matelot sur le bateau de Jean-Marc depuis deux ans.
Pas de week-end pour eux, pas de jour férié non plus. Comme il le disent eux même, « pas de poisson, pas de salaire. »
A peine monté à bord qu'Alex décroche la bouée de corps-mort où est amarré le bateau. Thibault range les bacs rouges qui serviront à stocker le poisson et Jean-Marc prépare son plan de route.
Nous sommes encore dans les eaux calmes du bassin. Le grondement de l'eau filant à pleine vitesse sous le bateau nous berce dans la nuit fraiche d'été. Dans l'obscurité de la nuit, les lampadaires des routes côtières nous servent d'horizon.
Le soleil commence déjà à teinter le ciel d'un bleu clair et dessine la côte d'un orange puissant.
Impossible cependant de distinguer les chenaux et les bancs de sables à moins de 10 mètres. Jean-Marc, les yeux rivés sur son compas GPS, dirige le bateau à la molette. Il fait confiance à la flèche qui indique sa position et sa direction.
C'est avec les yeux perdus dans la noir que nous approchons des passes.
Les rouleaux soulèvent le navire qui retombe aussitôt, venant claquer de son poids, les creux des vagues de l'océan. La houle vient se casser sur la coque en aluminium qui résonne à chaque fracas. Les ancres fixées au bateau, frappent leurs chaines sur le bastingage, les Opinels cliquettent inlassablement et les bouées balancent dans tous les sens.
Je m'accroche tant bien que mal à l'encadrement de la porte qui mène à la cabine de pilotage pour rejoindre l'équipage, serein, qui se sert un café noir. L'odeur innonde la cabine et les discussions vont bon train. On y parle du programme de la journée : où poser les filets, combien de temps, explorer de nouveaux endroits, et les anecdotes, échangées avec les collègues marins.
Une fois l'agitation passée, l'océan parait plus calme. Le soleil apparait derrière la dune du Pyla et la mer se révèle à nous. Dans un calme méditatif, l'équipage se prépare à lever le premier filet posé non loin des côtes. Jean-Marc se renseigne sur la météo marine, Alex aiguise son couteau qui servira à ouvrir les poissons et Thibault attrape la première bouée de la journée...
They left as sailors
5h du matin, Jean-Marc me donne rendez-vous à sa cabane de pêcheur en plein coeur de l'Herbe, petit village de pêcheur niché dans un creux de plage du Cap Ferret. Il part tous les jours en mer à cette heure-ci et traverse la passe Sud du bassin d'Arcachon, en face de la dune du Pyla pour se rendre sur l'océan.
Avec son bateau en aluminium, il pêche merlu, truite, roussette, lotte, sole et vive. Chaque jour est une surprise pour lui puisque le vent, la houle, la météo de la nuit influencent l'activité de la mer.
Parti de rien, de parents professeurs, la passion de la pêche ne le quitte pas. D'abord bénévole sur le navire de sauvetage de la SNSM (Société National de Sauvetage en Mer), ces années au service de la mer lui ont valu la prestigieuse décoration de chevalier du mérite maritime.
Ensuite matelot sur vedette, il devient au fil des années, propriétaire de son propre fileyeur et emploie trois matelots à temps plein. Deux travaillent sur le bateau et un reste à terre.
Avec 20 ans de pêche à son actif, Jean-Marc fait parti des anciens. Tout le monde le connait pour être un pêcheur vigilant et surtout travailleur. Il se refuse le chalut et préfère la pêche manuelle et traditionnelle. Trainer un grand filet et suivre une trajectoire GPS, ce n'est pas son truc. La présence si polémique des chalutiers est très réglementée et à sa connaissance, un seul chalutier à l'autorisation de pêcher à 3 miles des côtes sud du bassin.
Je rencontre ensuite Alex et Thibault, les deux matelots de Jean-Marc.
Alex a 35 ans. Après un CAP en ostréiculture et un CAP restauration, il embarque à 18 ans sur son premier bateau de pêche. D'abord à St Jean de Luz puis sur le bassin d'Arcachon, il rejoint Jean-Marc en 2011 et devient matelot.
Thibaut a 10 ans de pêche derrière lui. D'abord pêcheur aux coquillages avec son cousin, il monte à bord d'un chalut et découvre l'océan. Il est matelot sur le bateau de Jean-Marc depuis deux ans.
Pas de week-end pour eux, pas de jour férié non plus. Comme il le disent eux même, « pas de poisson, pas de salaire. »
A peine monté à bord qu'Alex décroche la bouée de corps-mort où est amarré le bateau. Thibault range les bacs rouges qui serviront à stocker le poisson et Jean-Marc prépare son plan de route.
Nous sommes encore dans les eaux calmes du bassin. Le grondement de l'eau filant à pleine vitesse sous le bateau nous berce dans la nuit fraiche d'été. Dans l'obscurité de la nuit, les lampadaires des routes côtières nous servent d'horizon.
Le soleil commence déjà à teinter le ciel d'un bleu clair et dessine la côte d'un orange puissant.
Impossible cependant de distinguer les chenaux et les bancs de sables à moins de 10 mètres. Jean-Marc, les yeux rivés sur son compas GPS, dirige le bateau à la molette. Il fait confiance à la flèche qui indique sa position et sa direction.
C'est avec les yeux perdus dans la noir que nous approchons des passes.
Les rouleaux soulèvent le navire qui retombe aussitôt, venant claquer de son poids, les creux des vagues de l'océan. La houle vient se casser sur la coque en aluminium qui résonne à chaque fracas. Les ancres fixées au bateau, frappent leurs chaines sur le bastingage, les Opinels cliquettent inlassablement et les bouées balancent dans tous les sens.
Je m'accroche tant bien que mal à l'encadrement de la porte qui mène à la cabine de pilotage pour rejoindre l'équipage, serein, qui se sert un café noir. L'odeur innonde la cabine et les discussions vont bon train. On y parle du programme de la journée : où poser les filets, combien de temps, explorer de nouveaux endroits, et les anecdotes, échangées avec les collègues marins.
Une fois l'agitation passée, l'océan parait plus calme. Le soleil apparait derrière la dune du Pyla et la mer se révèle à nous. Dans un calme méditatif, l'équipage se prépare à lever le premier filet posé non loin des côtes. Jean-Marc se renseigne sur la météo marine, Alex aiguise son couteau qui servira à ouvrir les poissons et Thibault attrape la première bouée de la journée...