ALMERIA - LE GRENIER DE L'EUROPE - POUR SOCIETY MAGAZINE
Aux confins de l'Andalousie orientale, dans ce décor choisit par les productions de western hollywoodien des années 60, la région d'Almeria abrite la plus imposante production agricole intensive d'Europe. Ici, les étendues de serres agricoles inondent le paysage d'une lueur blanche que l'on appelle "la mer de plastique". Ce boum productiviste n'est pas sans conséquences sociales et politiques: Exploitation de la main d'oeuvre, immigration, précarité et montée de la nouvelle extrême droite Espagnole caractérisent les enjeux de cette région du sud de l'Espagne.
Almeria et sa région produisent 80% des cultures maraichères consommées dans l'Union Européenne. Tomates, poivrons, aubergines poussent toute l'année sous des kilomètres de serres de plastiques à destination des hypermarchés du Nord de l'Europe. Depuis plus de 30 ans, l'immigration a permis de fournir l'essentiel de la main d'oeuvre agricole. Ils seraient prés de 100.000 étrangers venus travailler dans le champs et serres agricole d'Almeria. Les premiers arrivés étaient les marocains du riff, suivis de travailleurs d'Europe de l'Est. Aujourd'hui, ce sont de jeunes hommes venus d'Afrique sub-saharienne qui constituent la majorité des travailleurs.
Chaque matin, ils attendent dans le petit village de San Isidro, qu'un employeur vienne leur proposer une journée de travail dans l'une des nombreuses exploitations agricoles avoisinantes, qu'ils regagneront en vélo. La plupart d'entre eux ne sont pas salariés et les quelques contrats proposés restent saisonniers et sous-payés (en moyenne entre 5 et 6 euros de l'heure). Retard de paiement, cadences discutables, non respect du salaire/horaire, nombreux sont les patrons suspectés d'exploiter ce réservoir de main d'oeuvre bon marché.
Même si avec le temps, ils ont appris à se défendre, ces travailleurs apprécient l'aide et le soutien de Jose, syndicaliste au SOC (Syndicato Obreros del Campo). Chaque jour, ce militant parcours avec sa camionnette les différentes exploitations de la zone de San Isidro à la rencontre des travailleurs pour les informer sur leurs droits et le salaire minimum légal qu'ils devraient percevoir. Malgré les menaces et provocations des patrons d'exploitation, Jose continue ce travail militant de conseil et d'information dans cette Andalousie agricole où il y aura toujours de nouveaux arrivants prés à supporter les cadences et les conditions de travail exigées par des employeurs peu scrupuleux de leurs droits.
A cela, vient s'ajouter le mal logement de plus de 10.000 travailleurs agricoles regroupés dans des bidonvilles construits de taule, de bois de récupération et de plastique totalement abandonnés des infrastructures publiques comme l'accès à l'eau potable. Ici de nombreuses familles se sont sédentarisées et s'accommodent de conditions de vie lamentables au XXIe siècle dans un pays européen.
Le quartier populaire de El Puche en banlieue d'Almeria, connu pour être l'un des plus pauvres et moins sûrs d'Andalousie est aussi l'un des exemples de l'absence des ressources de l'Etat. Les nouveaux arrivants africains y cohabitent avec la diaspora Marocaine et la communauté gitane dans de petits immeubles vétustes et délabrés, couverts de graffitis où le ramassage des ordures n'est même plus assuré par les pouvoirs publiques.
Dans ce contexte singulier, le paysage politique Andalou a vu naître l'émergence de la nouvelle extrême droite espagnole dirigée par Santiago Abascal: le parti Vox qui réalisa lors des dernières élections régionales un score supérieur à 10 % lui ouvrant les portes du parlement. Mais plus localement, c'est dans la province d'Almeria, emmené par son dirigeant local Juan Francisco Rojas, que Vox réalisa son meilleur score avec 29% des votes à El Ejido. Cette réussite flagrante s'explique par un vote massif des classes populaires, qui ont été les premières à souffrir après la crise économique et les baisses de budgets dans la santé et l'éducation, et voient dans la présence des étrangers une menace et une concurrence dans l'accès aux ressources restantes. De ce fait, le discours anti immigration de Vox trouve un écho tout particulier au sein de cette majorité silencieuse.
Sans fatalisme, le paradoxe de cette situation est que c'est précisément cette main d'oeuvre étrangère qui fait vivre en grande partie l'économie de la région et qui remonte indirectement le niveau de vie des habitants de cette province dont l'activité économique est monopolisée par les cultures maraichères.
ALMERIA - THE ATTIC OF EUROPE
On the borders of eastern Andalusia, in this setting chosen by Hollywood western productions of the 1960s, the Almeria region is home to the most impressive intensive agricultural production in Europe. Here, the expanses of agricultural greenhouses flood the landscape with a white glow called "the plastic sea".
This productivist boom has social and political consequences: Exploitation of the labour force, immigration, precariousness and the rise of the new Spanish extreme right, characterize the new challenges of this region in southern Spain.
Almeria and its region produce 80% of the vegetable crops consumed in the European Union. Tomatoes, peppers, eggplants grow all year long under kilometers of plastic greenhouses for the hypermarkets of Northern Europe. For more than 30 years, immigration has provided the bulk of the agricultural labor force. There are about 100,000 foreigners who come to work in the fields and greenhouses of Almeria. The first to arrive were Moroccans from the riff, followed by workers from Eastern Europe. Today, young men from sub-Saharan Africa make up the majority of the workers.
Every morning, they wait in the small village of San Isidro for an employer to come and offer them a day's work in one of the many nearby farms, which they will return to by bicycle. Most of them are not salaried and the few contracts offered are seasonal and underpaid (on average between 5 and 6 euros per hour). Delayed payment, questionable cadences, non respect of the wage/hour, many are the bosses suspected of exploiting this pool of cheap labor.
Even if with time they have learned to defend themselves, these workers appreciate the help and support of Jose, a trade unionist from the SOC (Syndicato Obreros del Campo). Every day, this activist travels with his van to the different farms in the San Isidro area to meet the workers and inform them of their rights and the minimum legal wage they should receive. In spite of the threats and provocations of the farm owners, Jose continues this militant work of advice and information in this agricultural Andalusia where there will always be newcomers ready to endure the pace and working conditions demanded by employers who are not scrupulous of their rights.
In addition to this, there is the poor housing of more than 10,000 agricultural workers grouped together in shanty towns built of sheet metal, wood and plastic, totally abandoned by public infrastructures such as access to drinking water. Here many families have settled down and live in conditions that are lamentable in the 21st century in a European country.
The working-class neighborhood of El Puche on the outskirts of Almeria, known as one of the poorest and least safe in Andalusia, is also an example of the lack of state resources. The African newcomers cohabit with the Moroccan diaspora and the gypsy community in small, dilapidated, graffiti-covered buildings where garbage collection is no longer provided by the public authorities.
In this singular context, the political landscape of Andalusia has seen the emergence of the new Spanish extreme right led by Santiago Abascal: the Vox party, which achieved a score of over 10% in the last regional elections, opening the doors to parliament. But more locally, it was in the province of Almeria, led by its local leader Juan Francisco Rojas, that Vox achieved its best score with 29% of the votes in El Ejido. This clear success is explained by the massive vote of the working classes, which were the first to suffer after the economic crisis and the cuts in health and education budgets, and see the presence of foreigners as a threat and a competition for the remaining resources. As a result, Vox's anti-immigration rhetoric resonates particularly well with this silent majority.
Without fatalism, the paradox of this situation is that it is precisely this foreign labor force that sustains the economy of the region and indirectly raises the standard of living of the inhabitants of this province whose economic activity is monopolized by market gardening.