Expropriation de masse, intimidations, la face cachée des temples d’Angkor
Il est 5h30 du matin, comme tous les jours de la saison sèche, la période la plus touristique au Cambodge, des centaines de visiteurs s'attroupent devant la façade du temple d’Angkor Wat pour immortaliser le lever du soleil. Ils viennent des 4 coins du globe pour admirer ce monument décrit par certains comme la 8ème merveille du monde.
Des dizaines de groupes accompagnés de guides, venus en bus ou tuk-tuk, le moyen de locomotion local, s’apprêtent à entrer dans la demeure du roi Suryavarman II pour arpenter les vestiges d’un héritage khmer classé patrimoine mondial de l’UNESCO avec sa population.
Pendant ce temps, comme des milliers de famille autour, Bun, Chantha, Sokha ont peur qu’ils reviennent. Depuis 3 ans, les autorités nationales Apsara demandent à la population locale de quitter leur domicile. Un rapport Amnesty de 2022 estime que près de 10 000 familles seraient touchées par la volonté du gouvernement du Cambodge de développer le tourisme de masse sous couvert de protection de l’environnement d’Angkor. Promesses de terrain dans les zones de relogement et de salaire pour des familles démunies ont raison de quelques volontaires avant que la réalité d’Apsara les rattrape.
En bordure de la zone 2 d’Angkor, Run Ta Ek est devenu l’enfer de nombreuses familles. Pas de travail, pas de salaire promis, des terrains d'habitation beaucoup plus petits, le discours enchanteur d’Apsara n’a rien à voir avec la réalité de cette zone de relogement aride et très éloignée de Siem Reap et d’Angkor.
A plusieurs dizaines de kilomètres de là, des bulldozers et des camions s’activent à Peak Sneng. Il n’y a pas d’habitants mais déjà un futur hôpital, des câbles électriques pour chaque parcelle et un espace vide à perte de vue.
Qui va habiter ici ?
Mass expropriation, intimidation, the hidden face of the Angkor temples
It is 5:30 in the morning, and like every day during the dry season, Cambodia's peak tourist season, hundreds of visitors gather in front of Angkor Wat temple to capture the sunrise. They come from all corners of the globe to admire this monument, described by some as the eighth wonder of the world.
Dozens of groups accompanied by guides, arriving by bus or tuk-tuk, the local means of transportation, are preparing to enter the residence of King Suryavarman II to explore the remains of a Khmer heritage site classified as a UNESCO World Heritage Site along with its population.
Meanwhile, like thousands of families around them, Bun, Chantha, and Sokha are afraid they will return. For three years, the Apsara national authorities have been asking the local population to leave their homes. A 2022 Amnesty report estimates that nearly 10,000 families will be affected by the Cambodian government's desire to develop mass tourism under the guise of protecting the Angkor environment. Promises of land in relocation areas and wages for poor families have convinced a few volunteers before the reality of Apsara catches up with them.
On the edge of Angkor Zone 2, Run Ta Ek has become hell for many families. No work, no promised wages, much smaller plots of land—Apsara's enchanting rhetoric has nothing to do with the reality of this arid resettlement area, far from Siem Reap and Angkor.
Several dozen kilometers away, bulldozers and trucks are busy at work in Peak Sneng. There are no residents, but there is already a future hospital, electrical cables for each plot, and empty space as far as the eye can see.
Who will live here?