Expropriation de masse, intimidations, la face cachée des temples d’Angkor
Il est 5h30 du matin, comme tous les jours de la saison sèche, la période la plus touristique au Cambodge, des centaines de visiteurs s'attroupent devant la façade du temple d’Angkor Wat pour immortaliser le lever du soleil. Ils viennent des 4 coins du globe pour admirer ce monument décrit par certains comme la 8ème merveille du monde.
Des dizaines de groupes accompagnés de guides, venus en bus ou tuk-tuk, le moyen de locomotion local, s’apprêtent à entrer dans la demeure du roi Suryavarman II pour arpenter les vestiges d’un héritage khmer classé patrimoine mondial de l’UNESCO avec sa population.
Pendant ce temps, comme des milliers de famille autour, Prah Ang Senchey, 54 ans, a peur qu’ils reviennent. Depuis 2 ans, les autorités nationales Apsara lui demandent de quitter son domicile. Un rapport Amnesty de 2022 estime que près de 10 000 familles seraient touchées par la volonté du gouvernement du Cambodge de développer le tourisme de masse sous couvert de protection de l’environnement d’Angkor. Promesses de terrain dans les zones de relogement et de salaire pour des familles démunies ont raison de quelques volontaires avant que la réalité d’Apsara les rattrape.
« Si vous n’êtes pas volontaire à partir, vous n’aurez rien ».
En bordure de la zone 2 d’Angkor, Run Ta Ek est devenu l’enfer de la famille de Brak Savin. Pas de travail, pas de salaire promis, pas de nourriture, le discours enchanteur d’Apsara n’a rien à voir avec la réalité de cette zone de relogement aride et très éloignée de Siem Reap et d’Angkor.
A plusieurs dizaines de kilomètres de là, des bulldozers et des camions s’activent à Peak Sneng. Il n’y a pas d’habitants mais déjà un futur hôpital, des câbles électriques pour chaque parcelle et un espace vide à perte de vue.
Qui va habiter ici ?
Mass expropriation, intimidation, the hidden face of the Angkor temples
It's 5:30 a.m., and every day during the dry season, Cambodia's busiest tourist season, hundreds of visitors flock to the front of Angkor Wat temple to immortalize the sunrise. They come from all 4 corners of the globe to admire this monument, described by some as the 8th wonder of the world.
Dozens of groups accompanied by guides, arriving by bus or tuk-tuk, the local means of locomotion, prepare to enter the home of King Suryavarman II to survey the vestiges of a Khmer heritage listed as a UNESCO World Heritage site, along with its people.
Meanwhile, like thousands of other families, Prah Ang Senchey, 54, is afraid they'll come back. For the past 2 years, the national Apsara authorities have been asking her to leave her home. A 2022 Amnesty report estimates that some 10,000 families would be affected by the Cambodian government's desire to develop mass tourism under the guise of protecting Angkor's environment. Promises of land in relocation zones and wages for destitute families win over a few volunteers before the reality of Apsara catches up with them.
“If you don't volunteer to leave, you get nothing”.
On the edge of Angkor Zone 2, Run Ta Ek has become hell for Brak Savin's family. No work, no promised salary, no food - Apsara's enchanting speech has nothing to do with the reality of this arid relocation zone far from Siem Reap and Angkor.
Dozens of kilometers away, bulldozers and trucks are busy at Peak Sneng. There are no inhabitants, but already a future hospital, electric cables for every plot and empty space as far as the eye can see.
Who's going to live here?