Pollution éternelle // A La Baie, une nappe phréatique contaminée
Au Québec, l’eau potable de plus de 376 municipalités a été analysée par l’équipe de Sébastien Sauvé, professeur en chimie environnementale à l’Université de Montréal, afin d’y rechercher l’éventuelle présence de PFAS. Plusieurs sites sont contaminés par ces molécules chimiques ultrarésistantes alliant atomes de carbone et fluor. A La Baie, l’annonce de la pollution de la nappe phréatique, en juillet 2023, est ressentie comme un séisme pour les quatre mille foyers qui boivent l’eau puisée sous la ville. L’inquiétude est majeure et la municipalité doit gérer une crise inattendue.
C’est l’utilisation de mousses ignifuges sur la base militaire voisine de Bagotville, en pénétrant les sols, qui en serait l’origine. Tandis que les habitants s’approvisionnent en « eau propre » à la borne fontaine installée après les révélations, les autorités sanitaires se veulent rassurantes. « Il apparaît hautement improbable que des effets néfastes à la santé découlent de cette surexposition », alors même que les données concernant ces profils de PFAS sont peu nombreuses et qu’aucune étude scientifique n’a été diligentée.
Pourtant, l’installation temporaire de filtres aux stations de pompage coûte des millions de dollars canadiens aux contribuables. Et les futurs investissements financiers nécessaires pour une source d’eau saine pourraient se chiffrer en centaines de millions. Les PFAS à La Baie, néfastes ou anodins ? Le cas québécois reflète la difficulté à gérer la contamination à ces polluants, entre l'application du principe de précaution, les coûts engendrés pour y faire face et le défi immense d'améliorer les connaissances scientifiques en la matière.
Eternal pollution // A La Baie, une nappe phréatique contaminée
In Quebec, the drinking water of more than 376 municipalities has been analysed by the team led by Sébastien Sauvé, professor of environmental chemistry at the Université de Montréal, for the possible presence of PFAS. Several sites are contaminated by these ultra-resistant chemical molecules combining carbon atoms and fluorine. In La Baie, the announcement that the water table would be polluted in July 2023 was felt as an earthquake by the four thousand households that drink the water drawn from beneath the town. There were major concerns, and the town council had to manage an unexpected crisis.
It was the use of fire-retardant foams on the nearby Bagotville military base, which penetrated the ground, that was the cause. While local residents stocked up on ‘clean water’ from the standpipe installed after the revelations, the health authorities were reassuring. ‘It seems highly unlikely that any adverse health effects will result from this overexposure’, even though there is little data on these PFAS profiles and no scientific study has been carried out.
Yet the temporary installation of filters at pumping stations is costing taxpayers millions of Canadian dollars. And the future financial investments needed for a healthy water source could run into hundreds of millions. PFAS in La Baie: harmful or harmless? The Quebec case reflects the difficulty of managing contamination by these pollutants, between the application of the precautionary principle, the costs involved in dealing with it and the immense challenge of improving scientific knowledge on the subject.