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LA KASBAH DE BOULAOUANE
Le blues de Boulaouane
La kasbah de Boulaouane ... lovée dans les méandres du fleuve Oum Errabii, perdue dans les replis de ma mémoire. J'en entendais souvent parler chez les aventuriers de fins de semaine et autres amateurs de bonnes tables. Un matin je me décide d'aller vers ce lieu où ne mène aucune de nos routes habituelles. Aux confins des plateaux de la Chaouia et de la Doukkala les panneaux n'indiquent pas cette destination et le GPS vous abandonne lors du dernier tronçon. Les innombrables trous de la chaussée finissent même par vous faire sérieusement douter de votre sens de l'orientation. Mais voilà enfin le ksar de Boulaouane qui se dresse devant vous sur son promontoire, fier et beau comme une étiquette (!)
Construit au début du XVIIIème siècle par Moulay Ismaïl, roi bâtisseur à qui Meknès doit la majesté de son mechouar, le ksar (château) de Boulaouane est un monument historique majeur. Placé à un carrefour de routes reliant la capitale aux villes troublionnes de Salé et Marrakech, c'est une des nombreuses forteresses édifiées à travers le pays pour pacifier un Maroc tout juste réunifié. Et l'impression de puissance dégagée par l'édifice impressionne toujours aujourd'hui ! Les murailles de l'enceinte sont quasi intactes et témoignent encore de leur invincibilité - à l'intérieur par contre tout n'est qu'amoncèlement de ruines, à l'exception de la prison sous terraine et de la mosquée.
Le calme absolu du lieu résonne de piété sous les arches et dans la cour de la mosquée. C'est aujourd'hui une coquille vide, comme l'est devenu le mausolée Siid El Mansar qui la flanque et qui ne reçoit plus de visiteurs depuis plus longtemps que ne se souviennent les gardiens du site. C'est une toute autre raison qui fait encore aujourd'hui la réputation du ksar : il a donné son nom et son profil aux célèbres bouteilles de gris et de rouge issues des « caves de Bou-Laouane » de 1945 à 1997. Production et exportation continuent depuis les vignobles restructurés de l'AOG Doukkala.
Au début du printemps les orangers en fleur embaument l'air au pied des murailles. Arbres fruitiers et cultures maraîchères tapissent les abords du fleuve de l'Oum Errabii. Bergers et troupeaux de chèvres et moutons sillonnent les collines environnantes marquées par leurs traces de topographes. Le site est enchanteur et mérite que la restauration et mise en valeur mentionnées dans la presse il y a bientôt dix ans voient finalement le jour. En espérant qu'elles permettent à tous les amateurs de patrimoine de découvrir la majesté du site sans le dénaturer ... A moins qu'il ne soit plus sage de ne rien changer ? Je ne sais pas pourquoi mais cela me rendrait un peu triste, aurais-je contracté le blues de Boulaouane ?
THE KASBAH OF BOULAOUANE
The Boulaouane blues
The kasbah of Boulaouane... coiled in the meanders of the Oum Errabii river, lost in the folds of my memory. I often heard about it from weekend adventurers and other lovers of good food and wine. One morning I decided to go to this place where none of our usual roads lead. At the borders of the Chaouia and Doukkala plateaus, the signs do not indicate this destination and the GPS leaves you with no information during the last kilometers. The countless holes in the road even make you seriously doubt your sense of direction. But here is finally the ksar of Boulaouane which stands before you on its promontory, proud and beautiful like a label (!)
Built at the beginning of the 18th century by Moulay Ismaïl, king builder to whom Meknes owes the majesty of his mechouar, the Boulaouane ksar (castle) is a major historical monument. Located at a crossroads of routes linking the capital to the troubled cities of Salé and Marrakech, it is one of the many fortresses built throughout the country to pacify a newly reunited Morocco. And the impression of the power released by the building still impresses today! The walls of the enclosure are almost intact and still bear witness to their invincibility - on the other hand, everything inside is a pile of ruins, with the exception of the underground prison and the mosque.
The absolute calm of the place resonates with piety under the arches and in the courtyard of the mosque. Today it is an empty shell, as has become the Siid El Mansar mausoleum that flanks it and has not received visitors for longer than the guards of the site remember. This is another reason that still gives the ksar its reputation today: it gave its name and profile to the famous bottles of grey and red wine from the "caves de Bou-Laouane" from 1945 to 1997. Production and export continue from the restructured vineyards of the AOG Doukkala.
In early spring the flowering orange trees scent the air at the foot of the walls. Fruit trees and gardening cover the banks of the Oum Errabii river. Shepherds and herds of goats and sheep roam the surrounding hills marked by their traces of topographers. The site is enchanting and deserves that the restoration and enhancement mentioned in the press almost ten years ago finally comes into being. Hoping that this would enable all heritage lovers to discover the majesty of the site without distorting it ... Would it be wiser not to change anything? I don't know why, but it would make me a little sad, would I have contracted the Boulaouane blues?