"Je suis déjà à moitié veuve"
En France, près de 4 millions de femmes sont veuves en 2024. Après 70 ans, une sur deux vit seule. Cette situation très douloureuse peut toutefois s’accompagner d’une reconstruction liée à forme une liberté retrouvée.
Mais qu’en est-il des couples dont l’un est devenu trop dépendant pour rester au domicile, tandis que l’autre est suffisamment autonome pour continuer ?
Hélène a 84 ans. Son mari Jean-Claude 93.
Mariés depuis 62 ans, ils ne se sont jamais quittés, et surtout “jamais endormis fâchés, c’était le contrat !”.
Il y a un an, après une chute et une fracture du col du fémur, Jean-Claude a été hospitalisé puis dirigé en maison de retraite pour récupérer. Mais les forces se sont amenuisées des deux côtés, Hélène ne sentant plus capable de gérer et de le relever lors des chutes devenues fréquentes. Provisoire au départ, La situation est devenue définitive.
La maison de retraite est à 25 mn à pied. Hélène s’y rend presque chaque jour, en prenant soin de toujours bien se coiffer, s’habiller, bref de “se faire belle pour ne pas le lasser”.
Entre les visites, elle vit dans l’appartement où rien n’a bougé depuis le départ de son mari. Elle n’a pas d’autre choix que d’apprivoiser cette solitude. “La nuit, je cherche sa main dans le lit”.
Elle vit beaucoup pour lui. Aimerait parfois trouver du temps pour elle. Se sent écartelée.
Dans cette vie “ensemble mais séparés”, elle peine à trouver sa place sans culpabiliser de vouloir parfois respirer.
“Au fond, c’est une phrase terrible à dire, mais je suis déjà à moitié veuve”.
"I'm already half a widow"
In France, almost 4 million women were widows in 2024. After the age of 70, one in two lives alone. This very painful situation can, however, be accompanied by a rebuilding process linked to a new-found freedom.
But what about couples where one has become too dependent to stay at home, while the other is sufficiently independent to continue?
Hélène is 84. Her husband Jean-Claude is 93.
Married for 62 years, they have never left each other, and above all ‘never gone to bed angry, that was the contract!
A year ago, after a fall and a fractured neck of the femur, Jean-Claude was hospitalised and then sent to a retirement home to recuperate. But both sides began to lose strength, and Hélène no longer felt able to manage and lift him up when he fell frequently. Initially temporary, the situation has now become permanent.
The retirement home is a 25-minute walk away. Hélène goes there almost every day, taking care to look after her hair and clothes, in short ‘to make herself beautiful so as not to tire him’.
Between visits, she lives in the flat where nothing has changed since her husband left. She has no choice but to tame this solitude. ‘At night, I look for his hand in the bed’.
She lives a lot for him. Sometimes she'd like to find time for herself. She feels torn apart.
In this life ‘together but apart’, she struggles to find her place without feeling guilty about wanting to breathe sometimes.
‘Deep down, it's a terrible thing to say, but I'm already half a widow’.